Quand on débute l’écoute d’un album d’un nouveau groupe de Metal Progressif, on se demande toujours sur quel ersatz, quel rejeton, on va tomber. DREAM THEATER ? SYMPHONY X ? Cette question devient tellement évidente à chaque nouvelle écoute que cela en devient parfois ennuyeux. Malgré le talent de bon nombre de formations, on regrette souvent d’écouter à peu près toujours la même chose. Aussi, aux premières notes de « Man In The Mirror », je me suis dit que j’allais encore partir pour une écoute bien stéréotypée. Et puis, vlan !, en plein milieu, un changement de gamme qui fait se dresser l’oreille. Non, ça ne sonne pas faux, mais ça attire l’attention. C’est tellement osé dans ce style si calibré que ça force l’écoute. Et puis on arrive à « The Gambler » et son changement de rythme brutal et sans concession et cette voix plus granuleuse. Du coup, là on est plus qu’attentif, on attend les cassures et les petites subtilités qui nous font dire qu’on ne perd pas notre temps. Et APPEARANCE OF NOTHING arrive à nous surprendre un peu à chaque morceau. Ce n’est pas forcément grand-chose, une petite syncope par ci (« Drifting Away »), une note inhabituelle par là. Mais ce sont ces petites touches légères qui font toute la différence. On notera aussi des sonorités plus technoïdes sur les introductions de « The Gambler » et « The Science Of Light ». C’est sûr, on ne va pas mentir, on est dans du Metal Progressif, avec ses changements et sa technicité. Mais ici, on n’a pas affaire à de la démonstration gratuite sans réel but et une personne non habituée à ce style de Metal pourra quand même s’y retrouver. Elle sera surprise, c’est sûr, mais pas perdue et pas avec ce sentiment de ne rien comprendre à ce qu’elle entend. Une autre force de ce groupe est les voix. Patrick Gerber et Omar Cuna, respectivement guitariste et bassiste, se partagent le micro. L’un (je ne saurai dire lequel) a une voix assez classique dans le milieu, l’autre un organe plus granuleux. Le mélange est vraiment très bon et j’avoue avoir une petite préférence pour la granularité qui enlève le côté lisse que l’on peut retrouver dans d’autres formations de Progressif.
APPEARANCE OF NOTHING est pour moi une excellente surprise venant des alpages à mettre entre toutes les oreilles attentives. Comme quoi, même quand on n’attend rien de particulier, on peut récolter encore après toutes ces années l’effet Impulse.