ISOLE (se) - Silent Ruins (2009)
Label : Napalm Records / Season of Mist
Sortie du Scud : 27 février 2009
Pays : Suède
Genre : Epic / Doom Metal
Type : Album
Playtime : 7 Titres - 54 Mins
La vie mérite-elle d’être vécue ? Ou plutôt, qui mérite de la vivre ? Telle est la question existentielle que nous pose les suédois d’ISOLE tout au long de leur quatrième enfantement, Silent Ruins, deuxième sous le joug de Napalm Records. Pour ceux qui ne connaissent pas encore le concept, ISOLE c’est tristesse, tristesse et re-tristesse sur un fond de Metal massif. Le quatuor scandinave se plait depuis bientôt cinq ans à nous faire réfléchir longuement sur notre existence et son fondement, abordant dans ses chansons les champs lexicaux de la souffrance, de l’angoisse et d’un tas d’autres trucs vilains pas beaux. Résister à cette torture intellectuelle n’est pas chose aisée. C’est toujours plus agréable en mélodie. Encore plus s’ils sont doués.
Ici, c’est le cas. La musique en elle-même est lourde, brute. Les atmosphères sont davantage guerrières, martiales que dépressives et mélancolique. Alors oui, avec des propositions qui vont jusqu'à par deux fois onze minutes, vous vous doutez bien que pour briser la routine, ISOLE nous offre des cassures dans le tempo et que vous aurez tout loisir de trouver de temps à autre l’une ou l’autre incartade morose. C’est du Doom l’ami ! Mais là où les vikings font preuve de génie, c’est dans l’usage d’un chant clair prédominant. Les growls, les grunts, les screams, les pig-squeals et tout le blabla sont quasi-inexistants, vous n’aurez à faire front qu’à une voix chantée, profonde et intense qui créera une alchimie indiscutable avec les rythmes et ambiances. Un timbre de voix qui résonne comme celui qui mélangera un jour la folie d’un Serj Tankian (SYSTEM OF A DOWN) et la profondeur de Vortex (DIMMU BORGIR) (comparaison pas si saugrenue sur une piste comme « Nightfall »). Les cordes vous occasionneront des douleurs lancinantes dans le crâne, la batterie, de par son martèlement régulier et robotique les accentueront. Le quartet impose sa vision des choses, sa version de la musicalité ! Tant pis si ce n’est pas la recette inscrite dans le livre contenant les règles de l’art. Silent Ruins inspire le respect. On s’incline sans mal devant le savoir-faire nordique. Eux seuls savent comment manier les instruments de cette façon. Un autochtone pourra vous certifier qu’ISOLE est un groupe qui vient de « là-haut ». Il n’y a qu’eux pour sonner de cette façon. De « Peccatum », promenade maladive dans un cimetière à « Nightfall », chute libre dans la bouche de l’enfer, les amateurs de joutes épiques en auront pour leur argent. Ces ruines là, silencieuses ou pas, ne sont pas une arnaque. Ils ont pris leur pied à le composer, à l’enregistrer et nous à l’écouter. J’avoue que mes oreilles sécrètent un répulsif naturel aux morceaux de grande envergure, mais les onze tours de trotteuse de « From The Dark » et « Dark Clouds » sont passées à une vitesse hallucinante. D’ailleurs, c’est Silent Ruins en entier qui est passé de manière fort rapide. Le principal sentiment qui se dégage de notre esprit après avoir rouvert les yeux est une sérénité malsaine. Votre cerveau à libéré les endorphines nécessaires à votre bien-être, mais quelque chose autour de vous ne tourne pas rond. Vous êtes sur la défensive, craintif d’être d’un instant à l’autre happé par le sol pour une longue descente vers l’inconnu.
C’est à cet instant précis que l’effet de l’album se révèle. Bien plus qu’une remise en question, le poids qui pèse sur vos bronches vous empêchera peut-être de voir la vie comme avant. Le paradoxe de ce moment est qu’il aura suffi de quatre musiciens inspirés pour tout remettre en cause, rendre votre existence belle ou sans intérêt. D’intérêt votre vie n’en a sans doute pas. Contrairement à Silent Ruins.
Ajouté : Jeudi 19 Mars 2009 Chroniqueur : Stef. Score : Lien en relation: Isole Website Hits: 9755
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