« Messieurs, dames, veuillez attacher vos ceintures. Le vol n° 4 en direction du paradis est prêt à décoller. La compagnie AUTUMN vous souhaites un agréable voyage ». Je me permets de vous éviter la narration du passage où une hôtesse très sexy, de ses courbes les plus prononcées, nous explique avec des gestes gymniques incompréhensible comment s’échapper de l’avion en cas de crash imprévu. Car de toute façon, ce voyage là, même en cas d’imprévu, on n’a pas envie de le quitter. Les hollandais nous embarquent avec Altitude pour une longue et belle promenade aérienne. On frôle les nuages, on converse avec les anges, on percute un vol de perdreaux et on « arivière » sur l’Hudson River. Ah non, là je m’égare, la place à déjà été prise il y’a quelques semaines. De toute façon, nos pilotes sont tellement talentueux qu’ils nous éviteront tous ces petits désagréments qui nous auraient fait voir la faucheuse de près. Ce quatrième vol pour nos amis bataves se déroule sans embûches, dans une quiétude et une sérénité presque perturbante.
Tout est réalisé dès la première seconde pour nous mettre dans les meilleures dispositions. « Paradise Nox » insiste déjà très tôt et très lourdement sur les claviers. L’exploitation de ces derniers est totale et ingénieuse. Jan Munnik ne se contente pas de saucer le Gothic Metal de ses camarades d’une généreuse couche d’orchestrations, il varie au possible les effets et les sonorités pour livrer des arrangements façon orgue ou clavecin quand bon lui semble. La somme de ses expérimentations nous offre des ambiances dignes des plus grands. Citons patriotiquement WITHIN TEMPTATION pour l’effet de style. La majeure partie des tracks se cale sur des tempos lancinants, à la limite du redondant mais à vrai dire, complètement caractéristiques au style pratiqué. On trouvera sans difficultés l’une ou l’autre ballade, dont la majestueuse « Synchro-Minds » et l’apaisante « Answers Never Questioned » ou de temps à autre, un bref coup de champignon (« Horizon Line », « Sulphur Rodents »). Les thèmes abordés dans les chansons sont également très typés, avec une préférence pour tout ce qui touche aux rêves et ses dérivés. Car ils savent pertinemment que leur métier est justement, de vendre du rêve, donc autant joindre l’utile à l’agréable. Les guitares sont percutantes, bien que trop en retrait à mon avis sur les refrains. Les divers breaks et couplets leurs permettent toutefois de s’exprimer à travers de longs solos. Bien évidement, qui dit « Gothic Metal » dit « chanteuse de Gothic Metal ». AUTUMN n’ira pas jusqu'à déroger à la règle puisque les vocaux sont tenus par la belle Marjan Welman qui a déjà croisé le fer avec Arjen Anthony Lucassen pour AYREON. Bien que la donzelle n’a pas le timbre cristallin dont je raffole (citons là encore, patriotiquement, Sharon Den Adel et WITHIN TEMPTATION), elle effectue une partition somme toute soignée qui ne pèsera pas dans la balance finale puisque j’y suis resté totalement indifférent. Je ne remets néanmoins pas en cause ses qualités, puisque très humblement, j’avoue qu’elle chante mieux que moi.
Il est indéniable que les hollandais possèdent la fibre du Gothic Metal en eux. Altitude est un transport, une transition entre ciel et terre. Les compositions qui ne regorgent pas d’ingéniosité sont exécutées dans un contexte atmosphérique avec tant de pureté et de générosité qu’on en oublie que ce disque n’est pas à classer dans la rubrique des inédits. Soit vous avez les pieds enracinés dans le sol et vous direz avec une mauvaise foi impressionnante qu’on à « déjà entendu ça cent fois », soit comme moi, vous autoriserez votre subconscient à aller côtoyer les étoiles, l’espace d’une petite heure sur le vol 4.