Ça fait un petit bout de temps que j’attends ceux qui me réconcilieront avec le Hard Rock français. Déjà que je ne suis pas franchement féru de ce style en général et que ma dernière tentative dans le genre s’est avérée être un échec total (merci Bernie, t’es pas vraiment un bon voisin)… il ne m’aurait suffi que d’une déception supplémentaire pour définitivement raccrocher les crampons. Mais l’heure du pardon ne serait-elle pas venue ? Difficile à dire. Néanmoins je suis tenté de revoir mes dires, puisqu’à cet instant précis, je viens juste d’achever l’écoute d’Oceans Of Time, le troisième album des grenoblois de REST IN PEACE. Et ce fût une vraie baffe ! A ce propos, heureusement que je l’ai écouté avec le fondement vissé sur une chaise, sinon j’aurais pu me retrouver sur le cul à mordre la poussière.
Une inconnue qui s’est transformé en vrai surprise dès le premier contact visuel. Jamais je n’aurais pensé tomber sur quelque chose d’aussi burné en présence d’une pochette en vérité fine, pétillante et élancée ainsi que d’un artwork synthétique aux lignes courbées et élégantes. Les quatre playboys qui composent le combo ne sont définitivement pas des rosières mais plutôt de sérieux adeptes d’un Hard Rock tirant sur le Heavy et le Progressif, toujours dans une logique de puissance millimétrique. Puissance instaurée principalement par un son de guitare irréprochable qui se cale sur une structure à base de riffs secs, carrés, vieille école. L’ouverture, « The Curtains Of My Life » s’inscrit dans une dynamique très Heavy qui évoquerait presque les vieux démons qui ont fait le « Metal lourd » de l’autre côté du Rhin et non loin de la mer Baltique. La suite, « Nameless War », « At My Side », « Just A Last One » et consorts font dans un registre clairement Hard Rock perturbant puisque toujours marqués d’une emprunte REST IN PEACE distincte. Incomparable, donc. Un coup de griffe très certainement donné par le chant de Wince Loisy. Même si personnellement, j’ai du mal avec certaines de ses montées dans les aigus, il faut reconnaître que le sieur endosse parfaitement par sa présence et son dynamisme, le dossard qui lui à été confié et rend les compositions attrayantes. Ces onze morceaux ont le mérite de passer assez vite et de manière naturelle. Un effet nul doute optimisé par la présence de « Memory », une courte mais relaxante introduction à la petite bombe qu’est « Oceans Of Time » où encore l’intelligente acoustique « Violent Word » qui paradoxalement, est la moins violente des plages. Si le style pratiqué est finalement très traditionnel et ne déboussolera que les plus fragiles, REST IN PEACE rend son disque accessible grâce à une production soignée, un son habile ainsi qu’un professionnalisme et une maturité évidente.
Ce n’est pas tant l’ingéniosité d’Oceans Of Time qui récompense le quartet français mais plutôt un savoir-faire exemplaire. Les isérois ne jouent peut-être pas dans la cour des grands mais ont des sérieux arguments pour. Après ce défi réussi, c’est tout le mal qu’on leur souhaite.