Leurs visages sont taillés dans le roc. Leurs pectoraux sont saillants et enduits d’une crème oléagineuse. Leurs bustes sont mis en avant par des peaux de bêtes et des marcels en polychlorure de vinyle. Et surtout, ils vous emmerdent. Ils vous emmerdent parce que ce sont les meilleurs. Parce que ce sont des Dieux et que Dieu ne le sait pas lui-même, mais ses fils font du Heavy Metal. Et le Heavy Metal, c’est True. Tout le reste, c’est de la merde. C’est bon ? Vous voyez de qui j’exagère (à peine) les traits ? Qu’est ce qu’ils ont pu être énervants, les mecs de MANOWAR ! Et comme s’ils ne nous avaient pas assez gueulé dans les oreilles depuis 80 que le Heavy c’est un truc de warrior, voilà qu’un de ses ex-membre arrive derechef d’on-ne-sait-où avec son side-project humblement auto-nommé ROSS THE BOSS (du nom de son créateur) et un premier album, New Metal Leader (c’te blague !) livré sous la houlette des petits gigolos d’AFM Records (qui décidément, aiment bien produire les artistes ante-mortem ; WHITESNAKE, DORO, JORN... j’en passe, et des meilleurs).
Pour ce projet, l’ami Ross n’a pas eu la main lourde. Son statut de guitariste mythique aurait pu lui donner maintes facilités à se composer une petite dream-team pour l’enregistrement du disque. Nous en sommes à mille lieues. Patrick Fuchs (chant et guitare ; IVORY NIGHT), Carsten Kettering (basse ; IVORY NIGHT) et « Matze » Mayer (batterie ; DIVINUS), voilà les trois gus’ que le grand maître à choisi pour compléter le line-up. Mais ne nous trompons pas d’objectif. A l’instar de MARILYN MANSON, s’il est effectivement tentant de juger ce CD comme étant une unique création de Monsieur Friedman et par conséquent, de lui attribuer tous les maux qu’il pourrait contenir, c’est bien dans un esprit de groupe à part entière qu’il faut évaluer cette prestation. Dans ce concept là, on saluera déjà une introduction (« I.L.H ») fédératrice et attendue. Puisque c’est un vieux marteau rouillé (mauvaise langue ?) tenu par un aigle qui désintègre une armée, pourquoi ne pas faire dans le grandiloquent de A à Z ? Allons-y de bon cœur ! A ce titre, vous ne serez jamais pris à défaut ni même surpris par une des pistes proposées. Il en va de leur égo surdimensionné, sans doute, de ne pas faire un truc de tapette. Ma foi, la formule est magique. Dans un authentique esprit Heavy Metal (qui a quand même bu trois lampées dans la fontaine de jouvence), le quartet déplie sa panoplie de guerriers et part au front sous l’impulsion, non pas de Ross mais de Patrick qui se démène pour galvaniser ses troupes. Le rapprochement avec un Battle Hymns ou un Hail To England d’époque n’est pas entièrement infondé ; juste inadéquat plus de vingt ans après. Evidement, que le Boss a conservé sa griffe mais évidement aussi, qu’il s’est mangé deux décennies entre temps. Ça se ressent surtout au niveau de l’impulsion et de la tonicité qu’il accorde à sa partition. On dirait que notre ami n’en est pas à son premier, mais à son énième opus avec ROSS THE BOSS. Difficile, qui plus est, de ranger cet argument du côté des qualités ou des défauts. Puisque tout ce qu’on demande à un guitariste, c’est de maîtriser son instrument et accessoirement, de nous faire rêver. On est encore loin du rêve, mais la maîtrise et rythmique et l’osmose avec la rythmique est idéale. Que demande le peuple ?
Au travers de ce premier jet, ROSS THE BOSS délivre un message bien plus malin qu’il n’en à l’air ; « Ouais, le Heavy Metal, c’est la musique des Dieux ! Ouais, le Heavy Metal c’est un art façonné dans mes forges ! Ouais, tout le reste c’est de la merde ! Et ouais, je suis encore là pour te le rappeler ! » Ne vous en déplaise.

Note pour AFM Records : entre nous coller des voices-over toutes les trente secondes et diviser un full-lenght en 94 pistes, vous ne saurez bientôt plus quoi inventer pour nous faciliter la tâche. Mais nous résisteront car nous sommes des WARRIORS !