SATAN JOKERS (FRA) - SJ 2009 (2009)
Label : XIII BIS Records / Sony BMG
Sortie du Scud : 23 février 2009
Pays : France
Genre : Renaissance d’un Mythe
Type : Album
Playtime : 14 Titres - 51 Mins
Il est quand même relativement amusant de constater que le hasard des coïncidences n’en est peut être pas forcément un. Au moment même ou votre serviteur se décide à consacrer une partie de son temps et de sa prose à recenser les plus grands albums du Hard-Rock français, voilà qu’on lui confie la lourde tâche de chroniquer le nouvel album d’un des groupes du passé qu’il allait justement citer, pour mémoire d’histoire…
Mais quel est donc ce groupe mystérieux qui décide en 2009 de nous offrir son grand retour, après plus de 20 ans d’absence ? Quel est ce groupe remanié, qui ne comprend plus en son sein qu’un seul membre originel, qui ose braver l’épreuve du temps pour nous narrer ses vues sur notre musique préférée ?
Je te le donne en mille Emile, les bouffons de Satan, les pourfendeurs d’une musique trop timorée, les orfèvres du riff trapu mais pas diffus, j’ai nommé SATAN JOKERS !
Alors OK, je dois d’abord préciser que de la cuvée Satan Jokers III, ne reste plus que son poumon, que dis-je, son cœur, sa raison d’exister, je veux bien sur parler du grand, de l’énorme Renaud Hantson, celui qui aurait pu devenir la voix d’une nation, si le public français était moins con. Exit Pierre Guiraud, Laurent Bernat et Stéphane Bonneau (qui vient quand même jouer les guest de luxe, pour l’amour du clin d’œil), le Renaud a choisi de s’entourer de pointures, du genre qui perdure, et pour la bonne mesure affiche un line-up de béton, avec l’ami Marc Varez (VULCAIN) au kit d’invité (c’est toujours le maître qui tient les fûts), Pascal Mulot (Rondat) à la quatre cordes qui pulse, et Olivier Spitzer (STATORS) à la gratte démoniaque, trio complété par Michaël Zurita (TAÏ PHONG du Goldman national, et GOGOL 1er) à l’autre six cordes vacante.
Certes, un casting de premier choix, mais est un comeback plein d’émois, avec une rondelle de bon aloi, ou juste un coucou fugace qui plonge dans le désarroi ?
Faites lui confiance, le Hantson n’est pas homme à plastronner en pleine errance, et si SJ 2009 est dans les bacs, c’est qu’il est sur de nous mettre en transe, avec quelques mélopées pleines d’audace et pas de réchauffé qui faisande.
Ca commence puissant de chez puissant, avec un tempo qui rappellera à l’ami Varez en tournée son passé de cogneur chez les frères Puzio (Il sera le 5ème membre du groupe en live), et un « Silicone Baby » pas mou du bulbe, et qui donne au palpitant l’occasion de calquer son rythme sur du speedant.
« USA Union Sacrée des Assassins », le quasi hit de l’album, offre un feeling qui arrache sur fond de riffs limite Thrash, et le chant roublard de l’ex mèche blanche sent la revanche, et s’époumone sur des lyrics qui tranchent jusqu’au refrain frondeur précédant un solo rageur qui remet les pendules à l’heure. On n’est pas là pour faire de la figuration, et ce qui était valable à l’époque l’est encore aujourd’hui, foi de Rockeur investi.
« Voodoo » se la joue lourd et les arrangements constellés de sextolets endiablés nous mènent jusqu’au chorus envenimé, renforcé par des chœurs bien boostés. Un feeling KILLING JOKE période Pandemonium, des petites touches indus ça et là, et la machine tourne à plein régime gagnant peu à peu notre estime.
Heavy moderne ? Certes, et ça n’est pas là que la bât blesse, lorsque « Combat » nous stresse avec ses guitares et son chant qui serre les fesses, avec toujours en appui un refrain impeccable et un solo incroyable. La voix du sieur Renaud n’a rien perdu de sa hargne, et son gosier prouve qu’il ne ressent aucunement l’épreuve des années.
Plaisir mineur, « 200 Chrono » et son ambiance syncopée au service d’un hymne aux joies de la vie sur la route qui mine, embraie directement avec l’indispensable « Mouroir », et sa cadence écrasante, décadente, plus forte qu’une tonne de nicotine. Les baguettes frappent les toms avec volonté, la basse se fait économe, mais une fois de plus, le refrain mitonné avec soin fait son bonhomme de chemin, et l’on se prend à fredonner, comme aux temps bénis des albums du passé, Trop Fou Pour Toi en tête de file.
Virée dans la capitale, « Paris Nuit », hommage à la ville des vices et de la culture glisse sur une ligne de basse pure, et les vocaux omniprésents savent appâter le chaland pour une entrée gratuite dans le Peep-Show le plus puissant. Mon Dieu que cette cuvée est bonne, et si l’ivresse se fait Heavy, elle ne fait pas oublier que les JOKERS ont toujours fait preuve d’une grande subtilité !
Le pedigree des musiciens saura bien sur nous le rappeler, et lorsqu’ils entonnent un air familier d’une décennie aujourd’hui enterrée mais pas oublié, c’est pour raviver un fantôme bien particulier, celui du SABBATH qui aura déclenché bien des vocations amplifiées. Ainsi, « Electrique », lourdaud mais pas pataud, se paie le luxe d’un texte inspiré, genre flash back organisé au travers des travers d’une jeunesse débridée. Un aveu clairement signé, sur fond de riffs possédés, affiliation jamais niée à un style gravé à tout jamais.
« Indien De Demain », aère un peu les débats, et sa pulsation ethnique ne doit pas occulter que nous évoluons en terrain miné, celui du Hard-Rock racé. Renaud s’égosille à en crever, et ses cordes vocales embrasées s’unissent à un autre organe fort prisé, celui de Christian « Zouille » Augustin, qui lui non plus n’a rien perdu de son teint ! Deux légendes pour le prix d’une, ça n’est pas demander la lune, mais ça risque fort sur scène de faire la une, en cas de duel en direct !
« Addiction-Souffrir Avec Toi » offre une facette plus commerciale à l’entreprise, mais pas de méprise, la mélodie magique ne dissimule pas de désir de séduire une audience large comme un empire, mais de rappeler que SATAN JOKERS, c’est aussi un aspect parfois plus doux, comme tous les amoureux de la musique un peu fous. Une offrande qui tranche avec le reste de l’album, tout comme « Professionnelle » et ses arpèges de guitare classique sur fond de texte un peu malheureux rempli d’anglicismes prétextes. Un souvenir sans doute de la carrière solo plus pop du seigneur des lieux…
Entre temps, nous aurons dégusté « Ma Guitare » et son Rock ad hoc, complainte pas toc contre les vicissitudes d’une routine Métro-Boulot-Dodo, heureusement rompue avec amour par l’utilisation d’un instrument dément, qui anime justement les pistes de SJ 2009 frénétiquement.
En guise de final, le magic band remet à la sauce 2008 un vieux hit que personne n’avait oublié qui figurait sur leur ultime EP, III, « Sorcier », qui vire un peu dance, avec un groove en free lance.
Ouf, nous y voilà, à la peur de glisser cette mini rondelle dans le lecteur, se substitue l’euphorie d’avoir retrouvé un groupe plein d’ardeur, et qui n’est pas tombé dans le panneau du passéisme à outrance, ni de la modernisation bien rance.
Juste une actualisation d’un style qu’on affectionne ou pas, d’une ouverture d’esprit toujours là, et d’un leader qui prouve encore une fois que lorsqu’on se donne les moyens de franchir le pas, on aboutit toujours à un résultat.
Renaud HANTSON et ses compères prouvent qu’il y a encore une place en 2009 pour les héros d’antan, à condition comme eux de faire preuve d’allant, et de remiser la nostalgie dans le placard de grand-maman.
Alors oui, vous pouvez vous aussi le clamer sur les toits, SATAN JOKERS are back for more, et s’il est un album que j’adore, c’est bien ce SJ 2009 qui mord !
Ajouté : Samedi 21 Février 2009 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Satan Jokers Website Hits: 20765
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