La Genèse selon CANNIBAL CORPSE, chapitre un ; verset trois.
- Et CANNIBAL CORPSE vit l’euphorie autour de leur personnage retomber. Ils décidèrent alors de réagir dans les plus brefs délais, créant par la suite un élément rassurant dans leur univers lugubre. De la désolation poussa un tronc, sec et mort. Ses branches étaient comme des bras décharnés et au bout de chacun d’eux pendait un fruit. Ils étaient terne et en état de décomposition avancé. Chacun d’eux abritaient un vers. Ça leur plaisait ainsi. Il n’y eu ni matin, ni nuit… ce fut le troisième jour.
Après une seconde production plus poussive, les new-yorkais décidèrent de revoir leurs ambitions à la hausse. La naissance (dans la souffrance) de Tomb Of The Mutilated en 1992 marque le retour à un Brutal Death plus simpliste et moins prévisible. Car tel était le principal défaut de Butchered At Birth. Dès lors, CANNIBAL CORPSE tente d’innover. Son premier fait d’arme sera la pochette qui s’oriente vers du gore à déviance perverse et sexuelle, puisque rares sont les macchabés dépecés capables de faire quelques cabrioles linguales à leur partenaire de torture.
Tomb Of The Mutilated s’ouvre sous les meilleurs hospices. Mais la principale innovation se trouve bel et bien au cœur de la galette. La seule composition d’ouverture « Hammer Smashed Face » suffirait à offrir deux étoiles d’office au disque. Elle est de loin la meilleure jamais faite à l’époque par le groupe. Ils n’en sont pas encore informés mais elle le restera. Riffs malins, batterie ultra-énergique et solo démentiel d’Alex Webster (basse) font l’ouverture aux rugissements de papa Barnes, qui atteint des sommets dans la profondeur de sa voix (quel bel oxymore, n’est-ce pas ?). A vrai dire, c’est un carton et un sérieux renouveau. A l’instar du brûlot. Le mixage de la basse est tout bonnement divin ! Webster est omniprésent, lui et sa basse vrombissante d’une froideur métallique. Sa présence mais surtout, l’importance de son jeu est une réelle valeur ajoutée à l’ensemble. Les ricains s’offre même le luxe d’inclure quelques solos endiablés à leur partition (« I Cum Blood »). Au bout de quelques minutes à peine, il s’impose déjà comme étant la fusion absolue entre le culot et l’inspiration d’Eaten Back To Life et la propreté de Butchered At Birth. C’est également le premier compact-disc où Glen Benton ne vient pas pousser la chansonnette. En général, il apportait une note de spontanéité à des vocaux devenant lymphatiques. Ici, son absence n’est pas prépondérante, Chris Barnes effectuant un boulot monstrueux à son poste. Ce vieux Chris respire la santé ! Et quel bonheur d’entendre des variations rythmiques entre les pistes. La joie d’entendre un break sur « Post Mortal Ejaculation » après l’effrénée « Entrails Ripped From A Virgin's Cunt ». Vraiment, CANNIBAL CORPSE joue simple avec des structures basiques à l’extrême, mais avouez qu’une partition de guitare comme sur « Beyond The Cemetery », c’est pas ça l’extase ? Et ce diable de Webster qui use et abuse de son instrument. Je n’ai jamais entendu une telle présence chez un groupe de Brutal Death ! Idem pour Paul Mazurkiewicz qui s’amuse avec sa caisse claire et qui développe sa panoplie de blasts-beats. La notion de culte n’est désormais plus très loin.
Pas loin mais pas présente. Tomb Of The Mutilated était le minimum attendu après le pétard mouillé qu’avait été Butchered At Birth. Un minimum qui fait aujourd’hui office de point de non-retour. S’ils avaient su ça, à l’époque, que cet essai sera celui qui inscrira à jamais CANNIBAL CORPSE dans la légende… Et dire que nous ne sommes qu’au troisième jour…


Discographie Complète de CANNIBAL CORPSE : Eaten Back To Life (Album - 1990), Butchered At Birth (Album - 1991), Tomb Of The Mutilated (Album - 1992), The Bleeding (Album - 1994), Vile (Album - 1996), Gallery Of Suicide (Album - 1998), Bloodthirst (Album - 1999), Gore Obsessed (Album - 2002), The Wretched Spawn (Album - 2004), Kill (Album - 2006), Evisceration Plague (Album - 2009), Torture (Album - 2012)