MOONSPELL (pt) - Le Metronum à Toulouse (30/03/15)
Groupes Présents au concert : SEPTICFLESH (gr), MOONSPELL (pt)
Date du Concert : lundi 30 mars 2015
Lieu du Concert : Le Metronum (Toulouse, France)
Il y a des lundis, comme ça, qui donnent plus la pêche que d'autres...
Un peu de noir dans la Ville Rose, et voici que les habitués ont tombé le Bikini pour prendre (d'assaut) le Metronum, l'autre salle qui, depuis un an déjà, abrite quelques-unes de nos bouillantes soirées headbang. Intimiste sans être minimaliste, ce nouvel espace offre une acoustique plutôt intéressante et un design soigné, ce qui en fait une belle petite antichambre dans laquelle on se laisse entraîner avec délice. Après un passage obligé par le patio, on emprunte quelques marches dans une atmosphère feutrée, pour descendre en direction du centre névralgique de la station Metronum... la fosse bien sûr, déjà toute auréolée de la présence latente de SEPTICFLESH.
I am the first and the last... lit-on de part et d'autre de la scène. Nimbé de ce souvenir exquis des prophéties d'Isaïe et de l'Apocalypse, Baphomet n'attend plus que son public, qu'il toise du haut de son estrade, gravé sur des affiches, campé au fond de la scène. Et puis là, sur la droite... Et encore ici.
I am the first and the last...
Que la lumière cesse.
Noir salle.
La foule s'échauffe dans l'obscurité qui la gagne, mais il faut avouer que l'on ne se fait pas prier pour se rapprocher au plus près de la scène, avant même que ne résonnent les premières notes, avant même que le dieu Pan n'ordonne le début de la cérémonie.
SSEEEEPPPTTIICCCFFLLLEESSSSHHHHHH.
Ça, c'est notre gueulard préféré, notre baromètre, le chef d'orchestre satellite de la fosse toulousaine, le reflet bruyant et imprévisible de nos transes communes.
Quand sa voix porte, c'est que tout va bien. Et en effet, sous une lumière tamisée où alternent rouge sanguin et bleu de nuit, l'énergie ne demande qu'à circuler...
Une fois l'arrivée des grecs saluée comme il se doit, le rituel peut enfin commencer, sous l'égide du très réussi Titan dont la mythique amplitude gagne sans mal le public rassemblé dans la fosse ou en surplomb. Au son de "The War of Heaven", l'unisson transcende la foule, qui ne manque pas de réactivité pour honorer la présence du groupe hellène. Il faut dire que l'énergie des musiciens porte la foule, aussi bien grâce à la voix gutturale de Seth qu'aux orchestrations diablement symphoniques des autres membres de SEPTICFLESH. L'équilibre entre un son Death aussi robuste que pénétrant et des mélodies éthérées permet que, dans la fosse, jamais ne s'épuise la puissance qui émane de la scène. C'est pourtant le risque lorsque le Metal se mêle à quelques accents symphoniques... mais SEPTICFLESH sait jouer de tous les possibles d'une telle musicalité et tient son public d'une main de maître. Du coup, on bouge plutôt pas mal sur les riffs accrocheurs du dernier opus des athéniens, l'occasion de mesurer en direct toutes les qualités de cet album parfaitement ordonné. Les résonances impétueuses de titres incontournables, tels que l'excellent "Prometheus", marquées par un imaginaire onirique aux délicats accents ésotériques, envoûte nos âmes toutes ouïes... sans jamais endormir notre enthousiasme. Relayés par des jeux de lumière psychédéliques, les riffs accrocheurs de SEPTICFLESH nourrissent un public pénétré d'une "titanesque" vigueur. Les flashs découpent nos mouvements comme autant d'éclairs dans le ciel souterrain du Metronum ; et lorsque le groupe nous régale des classiques, "Anubis", en tête, l'énergie passe librement de la scène à la fosse qui s'agite au rythme d'une musique planante… mais pas trop !
Est-ce ce savant dosage entre dark puissance et douceur gothique qui a manqué à la prestation de MOONSPELL ce soir ? Après une petite pause qui nous a tout juste permis de reprendre nos esprits au terme de ce voyage dans l'Autre Monde des grecs, l'excitation est à son comble… Les instruments des portugais envahissent la scène de leur style si particulier, et l'on se délecte d'avance à l'idée d'entendre chanter ces claviers en forme d'orgue. Et voici que déjà, résonnent les premières notes de la "Baphomette", cette petite balade en français dont l'intro, toute en délicatesse, a été choisie pour nous plonger dans l'univers doucereux du combo portugais. Un à un, les membres de MOONSPELL font leur apparition, jusqu'à ce que Fernando ne vienne auréoler la scène de sa présence presque hiératique. Si les quelques fans portugais présents dans la salle ne tardent pas à se manifester, le leader du groupe fait l'effort de s'adresser à son public en français tout au long du concert ; et ce toujours avec la sympathie et la simplicité qui font le charme de ce personnage aux attitudes divinement fantasques.
Mais dès que "Breathe" fait entendre ses premiers échos, l'on se rappelle que la facture d'Extinct, le dernier-né du combo, n'est pas à la hauteur de ce dont les lusitaniens ont pu nous servir en vingt ans de bons et loyaux services. Le public écoute sagement, mais le vent de folie douce qui soufflait en première partie est retombé. La tornade SEPTICFLESH étant passée, ce n'est plus qu'avec une religiosité dubitative que nous subissons les soubresauts trop lisses d'Extinct. Las, oui ! On guette le retour des grands classiques. L'occasion, en tout cas, de mesurer définitivement le manque d'efficacité de cette galette étrangement usinée, dont seuls "Domina" et "The Last of Us" parviennent à réveiller la foule. Pourtant, le groupe ne manque pas de générosité et déploie toute son énergie pour nous faire partager son nouveau son. Mais celui-ci est décidément trop glabre pour nous faire basculer dans cette orgie maniaque après laquelle on court à chaque concert. Le titre éponyme "Extinct" n'ayant lui-même pas réussi à enflammer la salle, on se demande vraiment ce que fait "The Future is Dark" sur la setlist (ça c'est un peu comme quand MACHINE HEAD balance "Darkness Within" comme une mauvaise flèche décochée en plein cœur de l'exaltation…). Mais… pourquoi ?
Aires Pereira, avec son éternel sourire, rayonne pourtant de part et d'autre de la scène, qu'il traverse allègrement pour que chacun goûte aux délices de sa basse. Mais il faudra attendre le retour à des titres comme "Mephisto" ou "Vampiria" pour rétablir le dialogue avec la fosse. Au son mythique d' "Alma Mater", le public reprend ses marques et chante en chœur, enfin, avant que Fernando et Ricardo (guitare) ne nous régalent d'un petit numéro aux confins du sirtaki et de la danse irlandaise. Un peu de fumée pour nous embaumer, et voilà que la salle se retrouve, finalement, à hurler avec la meute lusitanienne pour sonner le glas d'une soirée décidément pleine de surprises.
Si les "sortilèges de la Lune" n'ont pas tous été efficaces, on ne se plaindra donc ni d'avoir oublié le Bikini ce soir, ni de s'être abandonnés aux douceurs méditerranéennes qui nous ont été servies dans une ambiance chaudement ténébreuse.
À défaut d'une pleine lune bien ronde sous laquelle hurler allègrement, le Metronum nous aura donc quand même fait voyager, une fois encore, sous un beau soleil noir.
Ajouté : Mardi 07 Avril 2015 Live Reporteur : Istaria Score : Lien en relation: Moonspell website Hits: 10673
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