Alors la, je dois bien admettre que la chronique de ce CD est un cadeau empoisonné…Mais à partir du moment où j’ai moi-même choisi de la faire, je ne peux que m’en blâmer personnellement !
Comment rester objectif devant une telle réalisation, qui s’illustre plus par son discours et son imagerie que par sa musique, lorsqu’on travaille pour un webzine populaire, et donc apolitique ?
Peut-on faire abstraction d’un élément qui compose l’essence même d’un ensemble ? Cela me parait difficile, et ignorer la démarche d’un homme sans doute sincère s’avérerait d’une condescendance extrême, aussi décalées ses idées soient-elle…
Vous ne comprenez pas mon dilemme ? C’est normal, car je pense que seule une poignée d’individus est familière à la musique de BABYLON MYSTERY ORCHESTRA, et de son unique membre, Sidney Allen JOHNSON. Auteur, compositeur, interprète, ça frise le BURZUM, et dans l’idéologie, ça s’en rapproche un peu trop…
En gros, le sieur Sidney part en croisade contre l’Islam, tenue de chevalier à l’appui (un premier élément à porter à sa décharge, à moins qu’il ne mise sur le second degré total !), religion source de tous les malheurs du monde. Citations abondantes contenues dans le livret, directement juxtaposées à des textes en rapport (en vrac, Churchill, Le Coran, TJ Jackson, le Général William T Sherman, Henry Kissinger, Benjamin Disraeli, Albert Pike, Karl Marx, Albert Einstein, Al Quaeda, j’en passe et des meilleures parce qu’il y en a beaucoup trop…), textes d’ailleurs d’une naïveté qui le confine au dérisoire.
Alors prenons position, et soyons très clair. Je ne cautionne pas ces idées nauséabondes qui assimilent un peuple et une religion à quelques extrémismes non représentatifs. De plus, après un bref coup d’œil au site « officiel » du sieur JOHNSON, le concept en lui-même fait preuve d’une intolérance rare et condamnable. Après avoir recensé les critiques négatives dont son album a été la victime, il se permet de contre argumenter à l’aide de photos d’actualité, dignes de feu Rotten.com, ce qui est extrêmement grave. Il se dit lui-même investi d’une mission, mais le simplisme crasse de son argumentation fait peine à voir. Et son combat contre l’Islam n’en devient que plus dangereux (heureusement, il parait assez isolé dans sa lutte), car il prétend répondre à la violence par la violence. Et du coup, de pamphlet dénonciateur rudimentaire, nous passons à un simple appel à la haine, ce qui n’est pas sans rappeler certaines périodes assez sombres de l’histoire mondiale (l’imagerie utilisée vient justement appuyer cette comparaison).
Alors, que reste il ? La musique ?
En se penchant de plus près sur cet aspect, qui est le but rappelons le de ce webzine, l’absolution n’est pas pour demain. Si comme moi, vous avez fut un temps écouté les albums de THOR (dont le fameux Recruits), vous trouvez nombre de similitudes avec ce que propose BABYLON MYSTERY ORCHESTRA. Même voix rauque et grave scandée et non chantée, style monolithique, riffs pauvrets, et surtout soli la plupart du temps hors de la tonalité.
En gros, un plantage total, avec en cadeau de Noël une boite a rythme insupportable programmée à la hâte et parfois même en décalage au niveau des breaks.
Alors, lorsque le discours atteint des sommets dans l’ostracisme de pacotille et le quasi révisionnisme de bas étage, l’intolérance écoeurante et l’ésotérisme bon marché, lorsque la musique ne vient même pas sauver par sa qualité ce qui peut apparaître comme un naufrage total, la sentence est inévitable.
Et je célébrerai donc grâce à Mr JOHNSON le premier 0 pointé [note du redac chef : désolé, il aura 1 car j’ai pas prévu le 0 dans la prog… oups !] de ma carrière de chroniqueur.