Au début de l’année 1994 allait sortir un album qui, aujourd’hui encore reste une référence dans son domaine. Je veux parler du premier disque du groupe SENSER, Stackep Up. Le groupe proposait alors une musique hybride, faite de grosses guitares, d’une basse groovy, de samples et de scratchs et d’un couple de chanteurs, l’un rappant jusqu’à plus soif et l’une apportant sa voix sur des parties aériennes ou en tant que choriste. Mouais, des samples, des guitares et du rap, tout ça c’est bien beau, mais ce n’est pas nouveau. Aujourd’hui, peut-être, mais à l’époque, ça n’était pas encore si commun. Et surtout il n’y avait pas grand-chose de comparable au mélange que nous proposait le groupe anglais. « State Of Mind », qui a la lourde mission d’ouvrir l’album, commence avec du synthé soutenu par des scratchs et une batterie roulante. Puis arrive la guitare et le chant. Et là on comprend qu’on n’a pas affaire à quelque chose d’ordinaire. Le riff de guitare est simple mais terriblement efficace et souligne à la perfection le chant de Heitham. Un chant rappé, donc, mais avec un flow, une rapidité, une diction telle qu’on ne peut être qu’admiratif. Ce chant est aussi soutenu par la douce voix de Kersten. Même si son rôle est plutôt tourné vers les chœurs et les ambiances, elle se permet quand même de rapper aussi sur ce premier morceau. Et elle n’a pas vraiment à rougir à côté de Heitham. L’album comporte d’autres titres plus typés Metal (l’énorme « Age Of Panic », « What’s Going On », « Eject », « No Comply »), mais il ne faut pas oublier que SENSER fait dans le mélange des genres. Ainsi, on retrouvera « The Key », un titre beaucoup plus éthéré que son prédécesseur, avec de bonnes ambiances et qui ouvre la voix pour « Switch » qui lui lorgne plus vers un Hip Hop groovy et non conventionnel. « One Touch One Bounce » et « Worth », qui clôt l’album, sont deux instrumentales plutôt space mais avec beaucoup de bonnes idées dedans. On ne peut non plus passer à côté de « Door Game », un essai Techno avec de bons trips mais dont la boucle Techno principale aurait méritée un rien plus de travail. Et vous trouverez encore plein d’autres surprises sur cet album, soyez-en sûrs. Plus de quinze ans après sa sortie, ce disque n’a pas pris une ride. Il est toujours aussi novateur et attractif et est une belle leçon de ce qu’un groupe de talent est capable de faire quand il veut mélanger des influences que l’on pourrait croire antinomique.