KATAKLYSM (FRA) - Jean-François Dagenais (Avril-2008)
On ne présente plus KATAKLYSM, une des figures majeures de la scène Brutal Death. Les Nord-Américains ont su tirer leur épingle du lot grâce à des blasts ultra-rapides tels que peu de batteurs en sont capables, mais aussi des riffs de guitare plutôt mélodiques, portant une voix bien particulière.
C'est à l'occasion de la sortie de Prevail que J-F (guitare) se prête au jeu des questions-réponses avec nous.
Line-up : Jean-François Dagenais (guitare), (claviers), Maurizio Iacono (chant), Max Duhamel (batterie), Stéphane Barbe (basse)
Discographie : The Death Of Gate Cycle OF Reincarnation (1992), The Mystical Gate Of Reincarnation (1993), Vision The Chaos (1994), Sorcery (1995), Temple Of Knowledge (1996), Northern Hyperblast Live (1998), Victims Of The Fallen World (1998), The Prophecy (Stigmata Of The Immaculate) (2000), Epic (The Poetry Of War) (2001), Shadows & Dust (2002), Serenity In Fire (2004), In the Arms of Devastation (2006), Live In Deutschland - The Devastation Begins (2007), Prevail (2008)
M-I Interviews du groupe : Maurizio Iacono (Déc-2002), Jean-François Dagenais (Avril-2008)
Metal-Impact. La principale actualité de KATAKLYSM est la sortie d'un nouvel album en mai nommé Prevail. Peux-tu nous donner l'historique de la création de ce nouvel album ?
Jean-François Dagenais. On a fait beaucoup de tournées cette année pour notre dernier album, In The Arms Of Devastation, mais au final on a eu plusieurs mois de repos. On a donc commencé à réfléchir à un nouvel album. On a écrit à temps perdu entre deux tournées, du coup les nouvelles compositions ont été jouées dans un esprit de Live, on voulait écrire des chansons pour le show. Le plus gros effort ensuite à été de puiser l'énergie nécessaire à l'enregistrement pour les sortir sur un CD. Tout s'est bien passé, la création, les répétitions et l'enregistrement.
MI. Vous êtes donc partis avec l'idée de faire un album calibré pour la scène ?
J-F. Je pense que l'album correspond à cela justement, je suis très fier du travail qui a été accompli. A mon avis, les chansons vont vraiment prendre tout leur ampleur lors des shows.
MI. Peux-tu nous faire la visite de l'album chanson par chanson ?
J-F. La première chanson, « Prevail » représente la pierre angulaire, la base de ce nouvel album et de ce qu'on voulait en faire. Elle représente bien le thème principal de l'album, à savoir faire face et combattre ses propres démons. La chanson parle aussi des problèmes qu'on a pu rencontrer au cours des 17 années de carrière de KATAKLYSM. On a finalement réussi à sortir du lot, je crois qu'on est la pour rester et c'est un peu cela que ce titre symbolise.
Ensuite on a « Taking The World By Storm », chanson que Nuclear Blast a choisi comme single. Elle est donc en premier, assortie d'un vidéo-clip. J'aime pas dire « single » parce qu'on joue quand même du Death Metal, ce n'est pas vraiment approprié pour le style, mais c'est celle que notre label va mettre en avant pour la promotion de Prevail. C'est la chanson la plus accrocheuse, la plus mélodique de l'album.
La troisième chanson est « Breathe To Dominate » qui est en écoute sur MySpace. C'est notre influence Thrash des années 80 qui ressort, le titre ressemble plus au style du KATAKLYSM Old School. Mais c'est le genre de chanson qu'on aime bien, on va prendre plaisir à la jouer en concert!
Ensuite vient (... ah, J-F ne se souvient plus par coeur du track-listing!) [Rires] « As Death Lingers », une chanson qui retourne plus à nos racines, époque Shadows and Dust, mais aussi avec beaucoup d'éléments qui me font penser à la période Temple Of Knowledge et Sorcery. C'est une des premières que l'on a écrite pour ce nouvel album.
Après vient « Blood In Heaven », c'est ma chanson préférée, elle est plus lente et Doom que les autres, elle contient beaucoup de mélodies et de mélancolie. C'est un titre que j'aime bien, ça me fait penser à des albums que j'écoutais dans les années 80.
« To The Throne Of Sorrow » a été composé au début de l'écriture de l'album. Quand on a commencé Prevail, on était dans un style plus pesant, plus extrême, et cette chanson en fait partie. J'aime bien le « fade out » des guitares sur « Blood In Heaven » et l'enchaînement tout de suite après sur la batterie de Max.
« The Chains Of Power » a été composée en quelques heures en répétition. Max et moi ont a commencé tous les deux, les autres sont arrivés et le titre a été bouclé en 2 ou 3 heures. Les refrains, les paroles, tout est venu très vite.
Retournant plus à notre côté mélodique, « The Vultures Are Watching » contient aussi un solo de Jason (ndr : le producteur de Prevail) que j'aime beaucoup. On venait d'enregistrer le solo de la dernière chanson, il a pris la guitare et a dit que lui aussi pouvait jouer des solo [Rires]. On a tous bien aimé ce qu'il a fait sur « The Vultures Are Watching », on a donc décidé de garder ce passage.
« Tears Down The Kingdom » n'était pas destinée à être un instrumental. Il y avait des paroles à l'origine, mais Maurizio n'était pas convaincu par ce qu'il chantait dessus. Et plus on l'écoutait, plus cela nous faisait penser à une musique épique. C'est différent de ce que l'on fait habituellement, on n'a pas beaucoup de chansons dans ce genre, on l'a gardé donc sans voix pour clôturer l'album.
MI. Au sein de KATAKLYSM, qui fait quoi lors de la composition d'un nouvel album ?
J-F. Tout le monde apporte ses idées. Maurizio joue de la guitare aussi, on compose vraiment en groupe. Selon les chansons, c'est plus l'un que l'autre qui vient avec les idées à la base. Mais la plupart du temps, on compose un titre vraiment à 4, en osmose.
MI. Sur l'artwork de Prevail, on retrouve la même créature que sur votre précédent album. Est-ce le début d'une série ? A-t-elle une signification particulière pour vous, comment est-elle née ?
J-F. Oui, quand on reçu la pochette de In The Arms Of Devastation, la première chose qu'on a vu c'est le dessin de la créature. Cela nous a fait tout de suite penser à Eddie d'IRON MAIDEN, et on s'est dit qu'on aimerait bien la revoir sur les futurs albums. On a changé d'artiste pour l'artwork entre temps; pour cette nouvelle pochette, on voulait revenir à des moyens plus traditionnels, une vraie peinture alors que pour In The Arms... la couverture avait été réalisée avec des moyens plus actuels. C'est un artiste québécois, une connaissance, qui n'avait jamais fait de pochette d'albums de Metal qu'on a choisi cette fois. Il s'est lancé et on a bien aimé le résultat de ces premières ébauches, ça s'est donc fait comme ça.
La créature représente bien KATAKLYSM à mon sens. Elle représente à la fois le bien et le mal. Au sein du groupe on croit que l'un ne va pas sans l'autre, que toute personne a les deux penchants présents dans sa personnalité. La créature montre bien ça, et pour cela c'est un bon emblème pour nous.
MI. Depuis les débuts de KATAKLYSM, tu as toujours réalisé la production des albums. Pourquoi ce choix ? N'est ce pas difficile d'être musicien et producteur en même temps, de porter deux regards différents sur vos créations ?
J-F. Ce n'est pas tellement difficile du côté artistique, par contre cela représente beaucoup d'heures de travail, le labeur de deux personnes! La réalisation peut facilement prendre 2-3 mois intenses de mon temps, en plus de mon rôle de musicien au sein de KATAKLYSM. Je ne fais rien d'autre pendant ce temps, c'est un rythme éprouvant mais j'adore les défis de ce genre. Cela permet en plus de garder le contrôle de la production, le résultat final nous ressemble vraiment, c'est du KATAKLYSM pleinement, sans qu'une autre personne n'ait laissé son empreinte sur la réalisation musicale. Par contre, comme pour In The Arms..., on a laissé le soin de la balance finale à une autre personne. Après les mois de rush d'enregistrement et de réalisation, j'aime bien qu'un intervenant extérieur vienne finaliser le son. Cette année on ne voulait pas copier la même formule, avec la même personne, on a donc envoyé les pistes à un gars aux USA pour terminer la production.
MI. Préfères-tu travailler en studio ou faire de la scène ? En tant aussi que producteur, la question mérite d'être posée!
J-F. Je me considère avant tout comme un guitariste, donc j'adore la scène. Mais le travail d'enregistrement et de production est ma seconde passion. Ça me permet aussi de faire de la musique chez moi, tout en étant posé en famille. Parce qu'être tout le temps en tournée, sur la route, c'est très vite fatiguant, on est pas souvent chez soi. Je suis arrivé à vivre de ma passion, est c'est l'essentiel, que cela puisse fonctionner ainsi.
MI. As-tu des souvenirs particuliers de personnes rencontrées en tournée, de moments de studio atypiques...
J-F. Les meilleurs moments de scène pour moi ont été les grands festivals en Europe. Au Canada le milieu du Metal est beaucoup plus underground. Une salle de 1500 personnes c'est le top du top de ce que tu peux avoir. Et là, arrivés en Europe, on a fait des festivals de 40000, 50000 spectateurs, c'est quelque chose d'incroyable pour moi. Jouer de la musique Underground devant tant de personnes c'est vraiment exceptionnel. C'est l'occasion également de jouer avec d'autres groupes. Je suis un grand fan d'IRON MAIDEN, c'est une des raisons qui m'a fait commencer la guitare, quand je les voyais en concert alors que j'étais petit. On a eu l'occasion de faire un festival avec eux, on était deux groupes avant eux si je me souviens bien. On a pu les rencontrer, et c'était comme un rêve pour moi.
J'ai des bons souvenirs de studio également. Avoir pu travailler avec MALEVOLENT CREATION, ou encore mes potes de DESPISE ICON (ndr : des compatriotes...). J'écoutais les albums de MALEVOLENT CREATION dans les années 90, ça a été une grande inspiration pour moi. Et là de pouvoir jouer et travailler avec, c'était vraiment une expérience enrichissante.
Je n'ai pas eu de galères particulières, en dehors des histoires d'argent et de soirées trop arrosées! [Rires]
MI. Revenons-en à ton rôle de guitariste. Vous êtes un des rares groupes de Metal extrême à n'avoir qu'un seul guitariste. Pour toi, quels sont les avantages et les inconvénients de cette formation ? (comment ça se passe en concert ?)
J-F. Au départ, on préférait rester 4 sur scène. Parce qu'une formation underground n'a pas l'occasion de jouer sur des grandes scènes au départ, cela permettait d'avoir suffisamment de place pour nous tous, d'être moins encombré quand on faisait des premières parties. Et puis le temps passant, on n'a pas senti la nécessité de changer, l'alchimie est bonne entre nous. Sur scène on assure quand même. On aurait pu plus développer la musique avec deux guitaristes, mais finalement on s'en tire bien, et cela rend KATAKLYSM un peu plus unique, atypique. Sur quelques albums néanmoins, j'ai senti le besoin d'avoir plus de guitares. Du coup j'enregistrais des parties supplémentaires en studio et sur scène Stéphane m'appuie à la basse pour donner plus de corps à l'ensemble de la musique. Pour certaines parties de mélodies, on utilise aussi des samples quand on en a besoin. J'essaye de ne pas trop y penser. Pour moi, la musique de KATAKLYSM a toujours été très simple, rentre-dedans, et je n'ai pas senti le besoin de rajouter trop de choses dans les compositions. Et être 4 sur scène, cela permet aussi de faire des prestations plus propres dans le sens où il y a moins de sons différents au même moment. Chaque instrument est bien isolé, c'est plus simple pour les balances et la musique est plus directe, plus accessible comme cela. Ça fait aussi un billet d'avion en moins à acheter, un ampli en moins à trimballer! [Rires]
MI. Au cours de tes tournées, quels pays as-tu particulièrement apprécié, que ce soit au niveau de la culture ou bien du public ?
J-F. Faire de la musique est une vraie chance, parce que cela me permet entre autres de beaucoup voyager, de voir d'autres pays. Il y a deux semaines on était en Australie, de l'autre côté de la planète. C'était vraiment spécial de voir qu'il y a des gens là-bas aussi qui écoutent notre musique, c'est vraiment très plaisant. On peut apprécier de cette manière une autre culture, voir comment les gens vivent, c'est toujours très intéressant. On a vu des kangourous aussi, c'est très dépaysant!
MI. Que penses-tu de la scène Metal québécoise en général ?
J-F. On a pas mal de bons groupes au Québec! Pas seulement dans le Metal, mais je pense que dans notre pays la musique est très axée sur les guitares, c'est quelque chose d'important pour moi. La scène québécoise est très prolifique, elle se développe avec des artistes talentueux, notamment dans le Metal. Les groupes québécois commencent vraiment à intéresser les maisons de disques et les labels. Il y a beaucoup de groupes jeunes avec du talent qui émergent, c'est une scène différente des USA ou de l'Europe. Les salles de concert ne se remplissent pas au delà de 500 ou 1000 personnes pour les bons soirs, mais surtout ce qu'il manque ce sont les gros festivals comme on peut en trouver en Europe. Même en Amérique, il n'y a pas grand chose pour le Metal underground à part à Boston. Même là, on ne dépasse pas les 5000 personnes, à peine plus qu'un petit festival en Europe! Ce n'est pas comparable au Hellfest par exemple!
MI. Est-ce qu'il y a une question à laquelle tu n'as plus envie de répondre, et à contrario une que tu aimerais que l'on te pose ? (avec les réponses s'il te plaît!)
J-F. Il n'y a pas de question particulière qui me dérange... A part quand un intervieweur me demande : « Alors KATAKLYSM, raconte nous un peu ton histoire » [rires]. Cela fait pas mal de temps qu'on existe, il y a tellement de choses qui se sont passées! Le journaliste qui pose cette question n'a pas vraiment fait de recherches!
Pour la question que j'aimerais qu'on me pose.... Là j'ai pas d'idée!!!
MI. Y a-t-il des dates prévues prochainement en France ?
J-F. MORBID ANGEL, un peu comme l'idée du No Mercy Festival mais avec des groupes un peu différents. Mais ce ne sera certainement pas dans toute la France, certainement Paris, Strasbourg et le nord. On reviendra certainement en Europe en printemps 2009 pour faire une tournée.
MI. Je te laisse le mot de la fin...
J-F. Merci à tous les fans qu'on a en France, je sais qu'on a beaucoup de popularité, on a fait de très bonnes tournées dans l'hexagone par le passé, par exemple avec ABORTED l'année dernière. On viendra bientôt en France jouer pour vous!
Ajouté : Lundi 25 Août 2008 Intervieweur : Metalrom Lien en relation: Kataklysm Website Hits: 21718
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