Si David Vendetta décidait d’ouvrir un club pour Electro-fethisho-cyber-gothopouf’s à Oslo, les GOTHMINISTER seraient les premiers à pousser le portillon pour obtenir les clefs de l’enseigne. Une occasion comme celle-là, ça ne se présente pas deux fois. D’autant que ce type d’établissement ciblerait presque de manière caricaturale et extrême le public susceptible de se ruer sur Happiness In Darkness, troisième album des grands penseurs qui composent cette troupe norvégienne. Après Gothic Electronic Anthem en 2003 et Empire Of Dark Salvation en 2005, les nordiques perpétuent la tradition en choisissant un nom hautement cérébral et ma foi trop stupide (appelons un chat un chat) pour devenir crédible. L’art et la manière de couillonner, GOTHMINISTER l’a acquise depuis déjà bien longtemps, avec ses enregistrements stéréotypés et programmés pour plaire à la masse de cerveaux qui font ce monde. Du moins, notre monde.
Et de cet univers si singulier, les scandinaves ne semblent pas vouloir en faire partie. Leur musique se compose d’une base musicale minime, dissimulée derrière des effets mi-Electro mi-Techno et un gothisme supposé sans doute à chercher davantage dans leurs looks grossiers que leurs compositions insipides. C’est peut-être leur concept, mais force est de constater que ça n’a rien de bien nourrissant. Aucuns messages, aucunes émotions, aucunes valeurs véhiculées. Juste des slogans formatés et épuisants, façonnés comme des hymnes pour un auditoire en extase devant les charlatans des temps modernes. Si « Dusk Till Dawn » et « Darkside » ne sont pas ces slogans foireux, je fais comme le paysan dans la publicité pour un célèbre camembert ; je mange mon chapeau. Les rythmes dégénérés et superficiels vaguement sensés rappeler l’ambiance de folie qui règne la nuit tombée sur les côtes ibériques sont d’une prévisibilité rare. J’ose à peine parler de la voix, qui évoque pour certains la classe et l’élégance d’un Till Lindemann (RAMMSTEIN). Où ? Quand ? Comment ? Et par quel maléfice ? Ce sont des vocaux gutturaux, indéniablement. Sans aucune pureté ni technique, indéniablement. Mais faudra m’expliquer où est le rapport avec notre teuton préféré. Autre gros cliché, l’usage de chants féminins sur une bonne partie des pistes (« Your Savior », « The Almighty », « Emperor »…). Seulement, pour GOTHMINISTER, ils sont en un mot : salvateurs ! Ils apportent une touche de fraîcheur et une sérieuse bouffée d’oxygène à un groupe pourtant bien parti pour se faire démolir de A à Z par mes soins, dans ma lutte effrénée contres les clowns du Metal. « The Almighty », malgré sa durée relativement courte et son ambiance très calme, fais l’effet d’une petite bombe. Un hybride d’une prière et d’un chant de Noël sur laquelle ce satané Gothminister (qui s’occupe du chant et qui à donné son nom à son projet) n’intervient pas. Elle arrive deux plages avant la bombe d’Happiness In Darkness (tout est relatif) ; « Emperor ». Une ballade atmosphérique Indus/Electro également très posée mais au refrain entêtant avec des vocaux que je trouve, pour une fois, harmonieux et contrastants avec la beauté du chant féminin. Deux propositions très décalées par rapport à la marque de fabrique GOTHMINISTER, mais qui sont les meilleures. Loin d’être une coïncidence.
Décevant. Les norvégiens devraient se consacrer plus amplement à leur vie sociale qu’a la musique. Ou plus judicieusement, choisir entre la Techno et le Metal. Les deux ne font pas bon ménage. D’ailleurs, y’a un autre Vendetta qui prévoit de faire de la merde prochainement. Les nordiques seraient peut-être intéressés par un duo ? Mickael de son prénom… En attendant, David peut avoir entière confiance en GOTHMINISTER pour la gérance et l’entretien de son nouveau club…