« Hey, on va en boîte pour Halloween ! Ça te botte ? »
Un dilemme sans nom s’est offert à moi pour l’Halloween 2013 : soit payer 25 balles pour me trémousser avec 3500 personnes en sueur qui te dégueulent dessus dans une discothèque pas aérée sur de la musique en papier mâché, soit peaufiner mon entraînement en mosh-pit avec 150 personnes en sueur (aussi) dans un bar pour deux poignées de main. Le choix s’est fait de lui-même, surtout que c’était une là une chouette occasion de revoir nos chouchous zombies de THE WALKING DEAD ORCHESTRA (histoire de rester dans le thème de la soirée), et de découvrir les excellents DEAD KIWIS.

DEAD KIWIS
« Bonsoir ! C’est Halloween, alors du coup, on s’est déguisés en hipsters ! » Oh nom de Dieu… Ces p’tits gars, en plus d’avoir un patronyme à coucher dehors, savent soigner leurs entrées sur scène. D’après ce que me disent les maboules sympathiques que j’ai trimballés à ce concert, non sans quelques plaintes et gémissements, ces Kiwis Décédés étaient dans le même lycée que les maboules en question. Donc bon, rien que pour le principe de voir un groupe de Metal dont les membres ont usé les bancs de l’école dans un lycée privé, il semble nécessaire de rester. Histoire de pouvoir rigoler et ricaner un peu, s’est-on dit au début. On a vite déchanté. Parce que sous leurs allures de gentils hipsters (relisez le début du report… c’est Halloween !), ces cinq excités du bocal totalement à côté de leurs pompes envoient le boulet avec franchise, bonne humeur et humour. La réponse des quelques 40 personnes alors présentes ne se fait ni attendre, ni désirer, et le bordel devient rapidement général, aussi bien sur scène (ce truc surélevé de 8 centimètres et 4 millimètres par rapport au parterre) que dans le pit, qui se transforme alors en tas grouillant informe et relativement nerveux, dans lequel deux jeunes gens n’ayant pas la taille recommandée du mètre 70 se retrouvent empêtrés. A la vue de cet ébat physique et bourrin, signe évident de plaisir pris par le public, PY, chanteur du groupe, tout en se roulant par terre déclarera: « C’est la première fois qu’on voit des gens bouger et se faire mal à un de nos concerts. Mais continuez hein, moi j’aime bien ! ». C’est sur, ce n’est pas le grand amateur de technique qui va prendre son pied en écoutant un Punk / Hardcore si primaire et percutant, mais faut avouer qu’en concert, ça déboite ! Une reprise du catchy et toujours aussi fédérateur « I’m Broken » de PANTERA met tout le monde d’accord de manière claire et définitive juste avant que les DEAD KIWIS ne nous servent un « morceau qui ne finit jamais », nommé « The Path », et qui effectivement, se voit être légèrement ennuyant et lassant au bout de dix minutes, faut le reconnaitre. Mais il faut également dire que les DEAD KIWIS en concert, c’est cool, décalé, tout en restant violent (et je me vois alors obligé de plagier leur biographie internet) « mais sans te faire mal parce qu’on est gentils ! » (9/10)

THE WALKING DEAD ORCHESTRA
Et c’est là qu’arrivent les maestros, alors en tournée française pour défendre leur premier album, l’excellent Architects Of Destruction. L’installation sur scène se fait rapidement, le temps de deux blagues vaseuses échangées avec Florian (chant) qui me confie juste avant le concert qu’il est malade et qu’il a la gorge prise, le sound check est effectué. Et c’est là que les choses se corsent : dès que THE WALKING DEAD ORCHESTRA entame son set sous les applaudissements d’un public bien plus conséquent que tout à l’heure (manifestement, les grenoblois étaient très attendus. Chose peu étonnante par ailleurs, au vu de leur hausse de popularité depuis quelques mois). Les nombreuses personnes que l’on avait pu croiser dans le pit à l’occasion de leur concert au Sylak en août et qui étaient présentes ce soir là ont toutes dû se rappeler qu’elles avaient commis l’erreur d’oublier leurs protèges-dents et leurs casques de chantier. « Swamp Fever », premier titre de l’unique opus du groupe, ouvre les hostilités, malheureusement servi par un son un peu approximatif par moments, où la basse de Charles (dont les positions et façons de tenir son instrument ne sont pas sans rappeler Steve Harris) est quasiment inexistante. Plus clairement, on passe d’un son écraseur en studio, à un rendu moins puissant que ne le mériteraient les compos soignées et méchamment techniques du combo. Dommage.
Mais ce n’est pas pour autant que nous cacherons notre plaisir de voir à nouveau en Terre Lyonnaise cette valeur (montante et) sûre du live réussi qu’est indiscutablement THE WALKING DEAD ORCHESTRA. Les tueries extraites d’Architects Of Destruction en passe pour devenir un classique du genre, s’enchainent à la vitesse d’un cabri lâché dans un magasin de porcelaine, et à chaque fois, c’est un aplatissement de cerveaux de toute grâce, une démangeaison des plus violentes du headbanging et du mosh pit. « Entombment Of A Monarch », popularisé par le clip promotionnel du morceau, verra nombres de courageux karatékas du pit se vautrer magnifiquement sur scène, renversant les retours disposés devant les musiciens, le tout sous l’œil complètement ébahi des cinq Morts Vivants. Et chaque brûlot joué ce soir là verra un déchainement le plus total de tout ce petit monde entassé dans la modeste mais accueillante salle du Blogg. Juste avant d’entamer « Slaughtering The Weakests », Florian demandera comme le veut la tradition, un wall-of-death général. Bon, il faut alors imaginer une soixantaine de gars au taquet se rentrer dedans au signal donné par le décompte de ce frontman enragé. Bien mieux réussi qu’au Sylak, le wall-of-death. Y a du progrès ! Et ce concert de 40 minutes se déroulera, sans réelle surprise, dans un déluge de haute technique de la part de la paire des gratteux Marco et Jean-Baptiste, le tout appuyé par le blast furieux et millimétré de Cédric. Malheureusement, il nous faudra partir avant que le dernier morceau ne soit joué (désolé, il n’y aura donc pas de report des sets de RISE OF DOOM et FOR THE LIONS), car la passion ne nous donne toujours pas le pouvoir de créer des horaires de métro sur mesure.

Mais comme d’habitude, merci à vous THE WALKING DEAD ORCHESTRA. Tout simplement pour cette excellente soirée et ce concert des plus réussis, et de façon plus générale, pour nous rappeler que la scène Metal française peut être fière de vous compter dans ses rangs. (10/10)