Ils sont beaux, ils sont chauds mes marrons ! Presque aussi beaux et chauds que CORROSIVE ELEMENTS. Sans être un hommage poignant à des substances comme l’acide chlorhydrique ou la soude caustique, ce tout récent combo français est encore au stade de l’allaitement. Et c’est encore mieux si la mère s’appelle SEPULTURA, qu’elle a une guitare pour biberon et un Reign In Blood pour berceuse. Car oui, CORROSIVE ELEMENTS n’hésite pas à clairement revendiquer ses influences old-school et ses petits pygmalions que sont OBITUARY, ENTOMBED, NAPALM DEATH, MOTORHEAD ou encore SLAYER. C’est donc avec des références somme toute classiques et dans l’anonymat général que nos parisien ont passé récemment par la case de l’autoproduction avec un EP harmonieusement nommé Chaos Unleashed.
Comme souvent dans ce genre de situation, on pèse le pour, on pèse le contre, on peut se montrer drastique ou au contraire clément selon la nature des efforts consentis. Ici, les interventions ne sont pas de nature laudative et exacerbée. Succédant à la traditionnelle intro toujours censée "foutre une ambiance glauque" (en l’occurrence « The Beast Man »), « We All Bleed Red » brûle les bronches de par sa puissance et son engagement. C’est sans doute pas terriblement novateur ni caustique, il n’empêche qu’une très belle carte est jouée avec cette piste accrocheuse aux riffs ardemment Thrash. La composition éponyme possède pour sa part un tempo beaucoup plus saccadé, moins entraînant au final mais techniquement intriguant. « Losers » est musicalement la plus dépourvue en richesse, car c’est en celle-ci que se matérialise clairement les influences susnommées et surtout un énorme riff à la ARCH ENEMY résonnant de milles tonnerres. D’ailleurs, CORROSIVE ELEMENTS et nos chouchous suédois ont un autre point sur lequel ils semblent s’accorder ; l’utilisation d’une vocaliste de la gent féminine pour assurer les grognements de boucher ronchon. Mention très bien en passant à la belle Emilie qui remplit avec conviction ce rôle que certaines de nos contemporaines pourraient considérer comme ingrat. Autre « checkpoint » marquant, l’exploitation de la basse. Souvent indétectable ou fantôme chez les formations juvéniles, son emploi est sur cette galette tout ce qu’il y’a de plus judicieux. N’ayons pas peur des mots, il y’a un bassiste chez CORROSIVE ELEMENTS, et on l’entend ! Il (Lionel de son prénom) nous comble même d’une présence accrue (solo à la clé) sur « Force Fed Lies ». Bel esprit d’équipe, belle cohésion.
Alors au final, j’ai pesé le pour, j’ai pesé le contre. Il en est ressorti que ces français là sont à suivre à plus d’un titre. Cet EP est fort en influences carrées comme on aime. L’osmose y est présente et la dextérité aussi. On ne parlera pas encore d’aisance, le temps de gommer quelques imperfections comme une trop criante opacité, ou plutôt une cadence trop soutenue. Gageons aussi qu’il est facile de livrer quatre propositions suffisamment travaillées pour être indissociables, reste qu’une capacité à multiplier par deux (voire trois) ces efforts sera prochainement exigée. Puisque le groupe nous prévoit déjà un « Toxic Waste Blues » pour 2009. Et si cette fois, le risque de corrosion pouvait être mis en exergue avec un petit pictogramme, ça pourrait être d’autant plus appréciable.