Il est bon de voir que certains musiciens se laissent encore dicter leur conduite par leur cœur et leur âme et non par un label ou de basses considérations financières. On aboutit alors à des œuvres personnelles, attachantes et non formatées pour le marché. D’écoule donc une affection d’une frange du public, indéfectible et profonde.
Yann ARMELLINO est de ceux là. Une carrière riche en œuvres authentiques, de la ferveur, l’honnêteté en somme !
Mais une fois n’est pas coutume, Yann a délaissé (pas entièrement, certes !) ses velléités solo pour s’acoquiner avec Chris CARON, pote de toujours et chanteur à la voix de velours…
Quid de l’association ? Du bel ouvrage ma foi, et les titres exemplaires de manquent pas sur ce très enthousiasmant Gimme The Sound, qui justement, dispose d’un son quasi parfait, ni trop gros, ni trop fluet, d’une clarté presque cristalline, et où tous les instruments ont leur place.
Le chant et la guitare sont bien sur au premier plan, mais leur présence n’écrase pas tout le reste, et si on ne connaissait pas le passé du bonhomme, on croirait écouter le premier album d’un jeune groupe !
A propos de gratte justement, M.ARMELLINO s’en donne une fois de plus à cœur joie, et nous distille des interventions aussi mélodiques que brillantes, ce qui chez lui n’a rien de surprenant.
Pour les non initiés, sachez que l’homme n’est pas fana des descentes de manche épileptiques, mais plutôt d’envolées harmonieuses, de notes judicieuses et de feeling AOC. Choix résultant non pas d’un niveau trop faible, mais d’un amour réel pour une musique simple, mais loin d’être simpliste.
Alors on déroule le tapis pour les invités, on met une bûche dans la cheminée, et on s’apprête à passer une bonne soirée.
Et elle l’est ! Chris CARON et sa voix chaude nous emporte dès « High Above The Unknown Places » par ses intonations medium veloutées et charmeuses, et Yann se la joue légèrement Heavy pour que l’on oublie pas d’où l’on vient. Mais attention, point de lourdeur ici, non, parlons plutôt de Rock costaud, un peu bluesy, un peu Country même parfois, mais qui sait en permanence maintenir les sens en éveil…
En témoignent les indispensables « I Remember Yesterday » et ses soli parfois volontairement drôles, « I Wish I Could Be Home » et ses chœurs judicieux et séduisants, l’extraordinaire « Armorik’n Roll », avec en appui Gildas ARZEL (Auteur-compositeur, et ex membre du groupe CANADA), autre amoureux notoire de la guitare, et le très EXTREME « SOS », qui a gardé le parfum du premier album éponyme des Bostoniens. « After The Tour », et c’est l’occasion de retrouver un autre pote, Patrick RONDAT, instrumental dans lequel les deux hommes s’affrontent en toute amitié, au service d’une musique sans fioritures inutiles.
Au final, si le produit n’est pas du genre tape à l’œil, il laisse une impression durable de chaleur, de partage, comme lorsque l’on retrouve ses vieux potes pour une fête improvisée, ou les rires le disputent à l’émotion.
Bravo Yann et Chris pour cette franche réussite, et on se retrouve bientôt sur les routes pour le test de la scène n’est ce pas ?