Je vous avais convié il y’a quelques jours à vous attabler en compagnie de GERNOTSHAGEN pour déguster, après l’apéritif qu’étais Wintermythen, le plat de résistance, Märe Aus Wäldernen Hallen. Ce sextet vieux de neuf ans nous avait ouvert l’appétit il y’a peu en rééditant leur premier disque sorti en 2003 via Trollzorn Records. Ils étaient donc de passage dans les bacs voilà un an avec une livraison encore fumante qui hume bon les pins et la rosée.
Une fois n’est pas coutume, c’est la forêt qui est l’heureuse élue pour poser sur l’artwork. Si ça leur procure du bonheur, tant mieux. Si ça leur donne l’impression de sortir du lot, tant mieux. On n’est pas à un détail près. Nous sommes accueillis par nos hôtes dans le « halle de la forêt » avec une sublime piste aux notes médiévales et planantes doublées par un chant germanique folklorique. L’effet est d’un grand style. A l’arrivée de « Der Alte Wald » (« la vieille forêt », que de créativité !), GERNOTSHAGEN reprend toute son âme. Un avant-propos symphonique (étrangement assimilable à celui de la chanson « Innate God » de COMPOS MENTIS !), la voix teutonique jurant en allemand et évidemment, ces somptueuses orchestrations créées de toutes pièces par Sebastian JUNG qui contribue à lui seule à ¼ de la notation. Je pense que sans lui, j’ouvrirais bien grand la fenêtre, je prendrais un bon élan et propulserais la rondelle tel un frisbee dans les méandres du Rhin pour un aller simple dans son pays natal. Car il faut bien avouer qu’au niveau des musiciens, la stagnation est de mise. On tourne en rond dans un concept de déjà vu. Il semblerait que pour brouiller la piste qui mène à un simple calque de Wintermythen, Askan, le chanteur s’est vu confié un rôle de brailleur/choriste chargé de jouer les ténors en adoptant une voix la plus mélodieuse possible. Il a du mérite le p’tit gars car en plus d’endosser un rôle ingrat, il ne s’en sort même pas mal en procurant aux dites complaintes (« Der Alte Wald », « Widars Klagesturm », « Schlachten Sang Der Einherjer »…) un petite facette Folk/Pagan novatrice. Une belle amélioration également au niveau de la finalisation. Les quelques nappes de brouillards se sont dissipées et GERNOTSHAGEN livre un full-lenght à la production claire à défaut d’être parfaite.
En ces périodes de vaches maigres, il aurait été fort appréciable d’en avoir pour son estomac et de ne pas être contraint à chercher entre ses petites quenottes avec un cure-dent une ration de protéines supplémentaires. Nos germanistes ont semble-t-il fait preuve d’un peu de suffisance. Il leur faudra batailler ferme pour s’imposer durablement dans la scène et faire preuve de davantage d’imagination. Chef, la recette !