Après plusieurs démos et mini-cd, FOREST OF SHADOWS sort enfin son premier LP Departure à l'automne 2004. Pourquoi l'automne ? Parce que FOREST OF SHADOWS donne dans le Doom mélodique, et que ça ne s'invente pas, l'automne, saison mélancolique et déprimante, est parfait pour ça. D'ailleurs Niclas Frohagen a fondé son groupe à l'automne 1997. Quand je vous dis que ça ne s'invente pas...
Bien qu'étant seul maître à bord en ce qui concerne les instruments et l'enregistrement, Frohagen a néanmoins composé les titres de Departure avec Micce Anderson, qui fut brièvement membre du groupe. Difficile de savoir quel compositeur a amené quels éléments, mais une chose est sûre : pour ceux qui aiment les longs titres hypnotisants, Departure ne pourra que les combler. Je dis "hypnotisant", mais comprenez bien que la musique de FOREST OF SHADOWS n'est jamais soporifique. Chaque mélodie est développée et amenée en douceur, par le piano ou des arpèges acoustiques, et ne laisse pas de place à l'ennui, en se renouvelant au moment opportun. Quand elle ne finit pas en apothéose, comme sur "November Dream" et "Departure", les seuls moments où l'on peut noter un changement de tempo. Sur 5 titres, il y en a 4 qui durent entre 10 et 15 minutes, sans paraître lassant : ce talent là ne s'explique pas, mais il faut le souligner.
Et puis il y a quelques chose d'intimiste chez FOREST OF SHADOWS, un côté apaisant et aérien. Comme si Departure naissait dans les terres les plus profondes et s'envolait doucement comme une feuille morte vers un ciel nuageux. Cette voix susurrée, parfois discrètement doublée, ne doit pas y être étrangère. Elle est même absente, sur "Bleak Dormition", lorsque la musique se suffit à elle-même. La comparaison avec ANATHEMA (en plus lent, forcément) m'est parfois venue à l'esprit, et donc avec PINK FLOYD aussi (comme si les interludes de The Wall avaient été tirés au maximum). On note également un soupçon du PARADISE LOST des débuts (sur "Bleak Dormition"). A noter que FOREST OF SHADOWS a déjà repris le "Rainroom" de KATATONIA, ce qui explique bien des choses artistiquement parlant.
Un beau disque, pour les amateurs du genre.