Sacré Herr Morbid ! Il est ce que l’on pourrait appeler un homme impliqué. Acteur de sept projets différents (dont notamment BETHLEHEM), en plus d’être l’indétrônable frontman des italiens de FORGOTTEN TOMB qu’il fonda en mars 1999, le sieur multiplie les expériences au sein de combos tous aussi malsains les uns que les autres. Mais son ultime création restera à jamais la « tombe oubliée ». A grands renforts de Metal extrême et misanthropique, le chanteur/guitariste fonde de toute pièce le mythe en compagnie de d’abord de Torment (basse) puis de Razor SK (guitare et voix secondaire), Algol (basse) et Asher (batterie) qui rejoignent la horde. C’est ainsi qu’après quelques essais fort appréciés, la triste troupe engagée chez le label français Adipocere Records livre son troisième album, trois ans jour pour jour après les attentats du 11 septembre 2001.
Le véritable attentat sur ce Love’s Burial Ground, c’est d’avoir censuré la pochette d’origine (que l’on découvre fort heureusement -ou pas, c’est selon- au verso du booklet) où l’on voit une fillette de cinq ans se pointer un gun dans la bouche. A ce que je sache, Herr Morbid n’a jamais dissimulé le côté suicidaire de sa musique. Outrés de voir un enfant faire l’objet d’une orchestration aussi macabre ? Alors que penser de la cover du dernier VISCERA TRAIL ? Deux poids, deux mesures et c’est dommage bien que je ne trouve pas la nouvelle illustration dépourvue de charme. Passons cette incompréhension et attaquons le contenu voulez-vous ? Les transalpins nous accueillent dans leur univers froid avec une trilogie musicale répartie au début, au milieu et à la fin dont la longueur nous indique qu’elle sera sans doute composée d’instrumentales oxygénantes. Juste thèse. « Malus Vivendi Pt.1 » (dont le nom latin n’est sûrement pas issu de la Vulgate, traduction latine de la Bible, saint écrit porteur d’espoirs s’il en est) introduit de manière angoissante « Kill Life ». Après quelques notes inquiétantes, FORGOTTEN TOMB se découvre. Les guitares se saturent, la batterie fait rage derrière les hurlements et plaintes éraillées de Môsieur Morbid. Ce titre me rappelle un peu le dernier NACHTMYSTIUM que j’ai récemment eu la chance de chroniquer. Malgré une lourdeur sans faille, il cache une certaine musicalité hypnotique. Je ne suis pas forcement adepte des pistes épiques et interminables, mais je dois bien avouer qu’avec des orchestrations et des ambiances comme celles-là, on ne voit pas le temps passer. Parmi les exemples les plus marquants, sans aucun doute l’intro de « House Of Nostalgia ». Ces notes de piano (qui n’étaient pas sans me remémorer le final du Death – Pierce Me de SILENCER) résonnent encore dans un coin de mon cerveau pour leur pureté éblouissante. C’est clairement ce qui fait la différence entre un Black sans âme assimilable à du bruit et une œuvre à la richesse inexplorée. Pour conclure, FORGOTTEN TOMB à profité des compétences de l’Elfo Studio situé à Piacenza (Italie) pour y réenregistrer une composition plus Raw, « Forgotten Tomb MMIII » dont la version originale était déjà trouvable sur le MCD Obscure Arcana Mortis sorti en janvier 1999. Avant de nous replonger dans les atmosphères maladives de l’outro, « Malus Vivendi » troisième du nom.
Là où d’autres se brisent les chevilles à vouloir trop en faire, les italiens profitent ouvertement de leur expérience pour frapper un grand coup dans le milieu. Les amateurs s’accorderont à dire que Love’s Burial Ground propulse FORGOTTEN TOMB au rang des toutes meilleures formations du genre. Sacré Herr Morbid !