Le plus passionné des passionnés a toujours besoin de faire un break, une petite pause. Je me faisais la réflexion l’autre jour en réécoutant le Host de PARADISE LOST. Le plus "Depeche Mode" des albums du groupe d'Halifax s'était présenté à moi comme une parenthèse, un besoin d'oxygène vital. Comme pour reprendre mon souffle avant de me replonger dans le monde du Metal pur et dur. Bon je vous cite Host, mais ça aurait pu être une petite B.O. de film ou un DVD de PINK FLOYD.
Alors pourquoi Host ? Parce que naïvement, j'ai lu sur le CD promo "Industrial Melodic Darkwave" et ça m'a fait penser à ça. Je me trompais. Là où cette escapade de Holmes et Mackintosh a tout d'un rêve aéré et planant, le Buried Silence d'ICE AGES offre un visage beaucoup plus hostile. Le climat ressenti tout au long de cet opus devient vite étouffant, insupportable, oppressant. Je me suis souvent imaginé en train de mourir, agonisant tel un animal blessé, sous une pluie battante, par terre, sur le sol, dans la boue, sali, frigorifié, le corps meurtri et rongé par les distomes. Il n'y a pas musique plus adéquate que celle de ICE AGES pour décrire une scène aussi pathétique et digne des plus grandes psychanalyses.
Ce sentiment de malaise, je le dois à Richard Lederer. Cet Autrichien s'est fait une petite réputation avec DIE VERBANNTEN KINDER EVAS et surtout SUMMONING. Dans ICE AGES, le gusse n'utilise que des sons synthétiques, et abuse de voix distordues (les voix claires sont très rares). Vous vous souvenez le refrain de "Millenium" de KILLING JOKE, sur Pandemonium (1994) ? Là où ce damné de Jaz Coleman s'époumone à en faire saturer vos haut-parleurs ? Ben voilà, vous y êtes presque ... Rajoutez à cela une rythmique mécanique, répétitive, abrutissante. Et pourtant la mélodie est bien présente, comme dissimulée sous un décor apocalyptique glacial. C'est là l'univers de ICE AGES.
Un album comme Buried Silence dénote dans le paysage musical actuel, et marginalise volontairement ICE AGES. Même si j'ai éprouvé les pires difficultés à écouter ce disque en entier, ce type d'OVNI mérite qu'on y accorde un minimum d'attention. C'est un peu comme flirter avec le danger : on a conscience de la douleur, mais on se laisse tenter quand même ....