VOÏVOD (ca) - Dimension Hatröss (1988)
Label : Noise International
Sortie du Scud : 1988
Pays : Canada
Genre : Cyber Space Opéra
Type : Album
Playtime : 8 Titres - 40 Mins
Encore une digression épineuse à propos d’un des groupes les plus respectés de la scène Metal canadienne. Tout comme METALLICA, SLAYER, EXODUS, MEGADETH et autres cadors du Thrash moderne, le fan avisé le disputera au néophyte convaincu quant au choix du meilleur album. Et là, la question à 1000 francs s’impose et se pose. Quid du culte pour VOÏVOD ? Mis à part la parenthèse Eric FOREST (qui reste au demeurant plus qu’honorable, avec des titres imparables comme « Insect »), le line-up historique du crew, à savoir Piggy, Blacky, Away et Snake à donné plus de matière qu’il ne nous en fallait pour des fouilles archéologiques à la recherche du crâne de cristal de la cult-attitude.
Le concept même du groupe est sujet à passion, avec ses histoires de créatures cybernétiques errant dans un monde déshumanisé à la recherche de la destruction. Away et son sens de l’artwork ayant fait le reste, il ne restait plus à Piggy qu’à composer une musique à l’image de son héros, chaque étape décrivant une maturation parfaitement contrôlée.
Au quatrième tome des aventures du VOÏVOD, la bête a grandi, et des pleurs et caprices de l’enfance (War And Pain), ont succédé la rage et les hurlements de l’adolescence (Rrroooaaarrr !), pour finalement laisser place à l’entrée dans le monde adulte et tout ce qu’il compte de frustrations et de satisfactions (Killing Technology).
Ayant grandi un peu plus, il se retrouve catapulté dans une dimension parallèle infestée de cyber-méchants prêts à tout pour conquérir la galaxie. Et la fureur laisse place à une sorte de plan bien dessiné pour contrecarrer les plans de l’ennemi.
Et quoi de plus normal d’aller aussi à l’encontre de ce que pouvait attendre le public…
Dès l’intro, et « Experiment » le la sonne étrangement distordu, et du Thrash franc et sans concession ne reste que l’esprit. Les riffs sont hybrides, les influences s’ouvrent, et le chant de Snake se fait étrangement plaintif. Exit les hurlements, la force des mots fait fi de la violence pure, et le chemin emprunté sera tortueux. On ne soulignera jamais assez le génie de Piggy d’avoir su adapter sa musique à son jeu, et d’avoir constamment cherché à dépasser ses propres limites. Les nébuleuses se font plus compactes, et « Tribal Convictions » dessine le plan de bataille. Passer par les recoins sans se faire repérer, louvoyer de part les lignes ennemies, celle du conformisme, diablement en vogue à l’époque. Les « Chaosmongers » veillent, et même la rythmique implacable de Blacky et Away prend le pas en se permettant des libertés jusqu’ici quasi inconcevables. L’élasticité de l’ensemble prend des airs de faille spatio-temporelle ingurgiteuse de matière et la dissonance règne en maîtresse femme. « Tribal Convictions » continue sur la lignée, et les recommandations de Snake ont des allures d’ironie d’élève ayant depuis longtemps compris la leçon, qu’il est le seul d’ailleurs à connaître sur le bout des doigts. « Macrosolutions To Megaproblems » ainsi que « Brain Scan » placent la seconde face sous une lumière tamisée, et l’ambiance délétère dégénère au point de briser tous nos repères chèrement acquis à grands coups d’écoutes poussées de la première partie de leur discographie. Exit le classicisme, bonjour l’abstraction, et c’est tant mieux. « Psychic Vacuum » aspire nos derniers désirs d’un monde beau et chatoyant pour nous envoyer valser dans la 4ème dimension, celle des breaks imprévisibles, parfois aux limites de l’indus impalpable. Les breaks non convenus se multiplient à l’infini, la piste est brouillée, et l’intro de « Cosmic Drama » n’a rien de rassurant. Le travail est achevé comme il a commencé, avec une envie teintée de crainte, celle de trop étonner et donc de décevoir.
Comment cela pourrait il être concevable ? Dimension Hatröss est le 2001, Odyssée de l’espace du Thrash Metal, l’étape où l’on trouve la pierre philosophale. Il n’a pas d’âge, car même si il était en avance sur son temps en 1988, il parait intemporel de nos jours, tant personne n’a osé relever le défi imposé par VOÏVOD.
Alors certes, certains esprits chagrins vous diront que Nothingface est le véritable coup de génie de nos canadiens, le ciselage de la pierre brute qu’est Dimension, mais c’est faux, parce que chez Away & Co, la transformation est permanente. Et ce jugement à l’emporte pièce n’est certainement du qu’au son clair opposé à ce son touffu qui a pu en gêner plus d’un en 1988.
Mais depuis cet extra-terrestre musical, le quatuor devenu trio, puis quatuor n’a cessé de défricher des terres encore vierges, quitte à parfois y laisser son âme (remember Voïvod avec Newsted ?), de part une volonté sans bornes d’aller de l’avant.
Mais il faut admettre qu’avec Dimension Hatröss une partie de l’épopée se terminait, pour commencer la deuxième partie du voyage.
Qu’on espère sans fin.
Ajouté : Lundi 07 Juillet 2008 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Voïvod Website Hits: 12931
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