Quand on se dirige vers Cherno, c’est un peu contraint et forcé. Le visuel de la pochette est froid au possible et on se demande dans quoi on va mettre les pieds. Et puis, on recherche un peu avant le voyage de non retour et on tombe sur le site du groupe et leur imagerie très provocatrice. Les gars sont souvent des armes à la main ou en train de viser l’objectif. Bref, cela ajoute un côté très martial, parfois même dérangeant par le manque d’expressions des membres du groupe. Ces mecs seraient-ils des psychopathes ? L’écoute de ce disque va-t-elle faire de moi un complice sans que je le sache ?
A vrai dire, après l’écoute de Cherno, tout ceci passe à des lieux au-dessus de nos têtes. Parce que le premier album de KYPCK est bon, très bon. Les finlandais nous ont pondu un album de Doom qui est à la fois classique de par les sons utilisés et innovant de par la manière dont les morceaux sont composés. « Rozhdestvo V Murmanske » est un morceau bien lent et pesant, comme il se doit, mais son riff principal joué très en étouffé aurait pu être utilisé avec un motif de batterie plus rapide et plus Hardcore. « Predatel » et son rythme de caisse claire militaire fait coller la musique avec l’imagerie du groupe. « Stalingrad » possède un refrain assez easy listening mais est très distant, ce qui crée une nouvelle fois un décalage que KYPCK cultive pour nous prendre à contre pieds. « Chernaya Dyra » avec ses presque huit minutes est le pilier de cet album. Ce morceau prend aux tripes et nous montre tout ce dont est capable le groupe. « Demon », qui clôture l’album, nous fait voir aussi un côté plus mélodique du groupe, même si le reste des morceaux n’en manque pas. Mais le refrain est vraiment sensible et beau.
Les morceaux alternent entre grosse saturation, avec une basse bien présente, et des arpèges simples au son clair très travaillé. Le tout donne des morceaux qui s’écoutent sans que l’on s’ennuie et des ambiances fluctuantes. Et c’est ça qui fait de KYPCK une bonne surprise à laquelle on ne s’attendait pas forcément pour un premier album.
Que les amateurs de Doom ne boudent pas leur plaisir. Que ceux qui aiment les ambiances lourdes se lâchent. KYPCK les attend de pied ferme pour une petite heure de musique entêtante et captivante.