SHARGATH (be) - Jer (Juil-2007)
Un deuxième album autoproduit sous forme de baffe, ou plutôt de poing, dans la tronche : à Metal Impact, nous ne pouvions laisser passer ça, d'autant que les réponses à l'interview confirment tout le bien que l'on pensait déjà d'eux.
Line-up : Geo (basse), AnteK (guitares), Lobox (batterie), Jer (chant)
Discographie : s/t (Demo - 2001), Memento Finis (Album - 2005), Bowel Sounds Of A Deaf Man (Album - 2007)
Metal-Impact. Tout d'abord, pourrais-tu nous présenter le groupe ? Quel est votre parcours à tous ?
Jer. SHARGATH existe depuis 2000 mais pas sous sa formation actuelle. Des membres fondateurs de SHARGATH ne reste plus que Lobo(x), le batteur qui actuellement passe son temps à rouler en vespa, soi-disant pour son job.
Antek, à la guitare, suit plutôt un parcours chaotique, qui passe par les chambres d’autopsies et se termine quelque part entre « Six Feet Under » et « Urgences ».
Geo, après avoir écumé les bars mal famés avec quelques groupes comme THE CHASE IS ON, marque un tournant dans sa carrière vendant tout d’abord de la dope aux centres médicaux, pour finir tailleur dans un shop de costards afin de pouvoir acheter ses cordes de basse.
Quant à moi, après de nombreuses années en Helvétie à faire thrasher la montagne, j’ai fait un passage dans PNEUMATIC HEAD COMPRESSOR pendant quelques années, histoire d’aiguiser mes cordes vocales pour être enfin prêt à péter les plombs au service de SHARGATH.
Le groupe est sous sa formation actuelle maintenant depuis 3 ans, sans compter le départ il y a 26 mois, 12 jours et 14 minutes du deuxième guitariste, Gil devenu fakir-géographe pour une société de démonte-pneus à Bombay.
MI. Comment définiriez-vous le style de Metal que vous pratiquez ?
Jer. Dur de donner des étiquettes à la musique en général. On n’est pas pour les sections et sous-sections de genre. On va dire qu’on fait du rock, énergique et distortionné, quelque part entre BLACK SABBATH et quelque chose de plus death et moderne. On est ouvert à tous styles de musique, prêt à passer du Funk au Grind quand on jamme, selon l’humeur. Il n’y a pas de règles établies.
MI. Quel est le sens de ce titre énigmatique, Bowel Sounds Of A Deaf Man ? Quelles sont les thématiques développées sur cet album ?
Jer. Les Borborygmes d’un homme sourd…
Quelqu’un de sourd ne peut entendre que ce qui vient de son intérieur, comme les battements de son cœur, des gargouillis ou les voix qui émanent de son esprit. Des gargouillis… c’est un peu l’effet que doit faire les vibrations qu’un sourd capte en écoutant notre musique (rires). Plus sérieusement je pense qu’on devrait plus souvent écouter ces « gargouillis » intérieurs, ces voix qui peuvent plus sûrement nous faire grandir que toutes les conneries qu’on nous bassine à longueur de journée à la TV, sur le net ou ailleurs … Ecouter sa voix intérieur en quelque sorte. Et pour ça, faut pas être sourd…
Pour ce qui est des thématiques, elles sont de l’ordre de pensées personnelles. Les sujets sont aussi divers et variés que la soumission à l’ordre établi et le réveil du lion qui sommeille au tréfonds des moutons que nous sommes souvent (« Cheese Us »), ou encore l’inutilité de l’espèce humaine, grain de sable au milieu de l’univers (« Skull Of The Fetish Slave »). D’autres thèmes, plus légers, abordent la sale manie de coiffeurs psychopathes qui adorent les brushings écarlates, (« Hairdressing Room ») ou encore le fait d’être observé en permanence et la parano qui en découle (« Sky Spies Are Watching Us From Space »). Mais avant tout, à mon sens, la voix (en musique) est un instrument et non un outil de propagande pour faire passer des idées et endoctriner les foules. N’ayant pas l’âme d’un poète, je me dirige de plus en plus dans une voie bruitiste afin d’utiliser le « son » d’un mot plutôt que son sens.
MI. D'où vous est venue l'idée de permettre à tout un chacun de télécharger gratuitement votre album ? Est-ce quelque chose que vous reproduirez dans le futur ou était-ce pour vous le meilleur moyen de vous faire connaître ?
Jer. A l’heure actuelle, il est très difficile de trouver une maison de disque, un label prêt à mettre l’argent nécessaire pour la bonne distribution d’un album quant on est inconnu, ce qui est notre cas. Nous avons opté pour ce procédé de gratuité afin de diffuser le plus largement possible notre musique et pour court-circuiter à notre échelle, bien entendu, une mafia qui maintient les rennes de la distribution musicale actuelle. Tout un chacun peut, où qu’il soit à travers le monde, télécharger nos morceaux, sans débourser un sou. Aujourd’hui les maisons de disques se fichent de la gueule du monde : le CD est un produit de luxe, bien trop cher pour ce qu’il représente. Et c’est toujours les mêmes qui s’en foutent plein les poches. Ecoute-les pleurer à la télévision parce qu’après nous avoir tous arnaqués pendant des années ils ont enfin un juste retour de manivelle dans leur face par le biais du download illégal… On rigole et on se marre encore plus quand on entend certains artistes pourris de tunes qui viennent pleurer parce qu’on pirate leur album…. Et on pirate qui ? les artistes connus surtout, de loin pas ceux qui sont dans le besoin. Quant aux inconnus comme nous, plus il y a de downloads, plus on a une grande diffusion et plus il y aura de monde à nos concerts. CQFD.
Sachez aussi que nous protégeons nous-mêmes nos morceaux, sans passer par l’équivalent belge de la SACEM, la SABAM, qui ne vaut pas mieux d’ailleurs, et que nos morceaux sont en download légal… (pour les flippés du système [rires]).
Pour terminer, SHARGATH va naturellement continuer dans cette voie-là. Toute donation de mécènes est naturellement bienvenue pour couvrir les frais de mastering et les bières nécessaires à la bonne réalisation de notre entreprise…
MI. Avez-vous opté pour l'autoproduction par manque de sous ou était-ce un véritable choix ?
Jer. L’argent n’est pas la seule motivation qui nous a poussés à gérer de A à Z la prod de l’album. Le groupe a déjà une expérience passée qui nous a ouvert les yeux et qui donne raison à l’adage « On est jamais si bien servi que par soi-même ». Tu paies pour que des gens s’occupent de ta promo et de la distribution en croyant naïvement que « cette fois c’est parti les mecs, on va ovuler la planète avec notre jolie musique ! » et en fait tu récoltes des cacahuètes au goût de chiotte, si tu as de la chance, ou rien si tu n’as pas de chance… L’argent, SHARGATH veut le mettre ailleurs que dans la poche des autres.
Mais il est vrai qu’au début de l’aventure, nous n’avions effectivement pas le fric nécessaire pour l’enregistrement et la production de nos morceaux. On ne voulait pas attendre une année, mettre la thune de côté et enregistrer le tout en deux semaines, dans des conditions qui, bien que professionnelles dans un vrai studio, ne sont pas toujours idéales. On peut en effet ne pas être très en forme au moment de l’enregistrement. Et à ce moment-là, trop tard, chaque minute passée coûte cher… Après analyse de la situation, la manière la plus intelligente et efficace restait l’autoproduction, à nos risques et périls, bien entendu… On aurait pu se planter complètement et retour à la case départ… Mais un investissement raisonnable et pas mal de temps consacrés à l’apprentissage des outils de travail, tout ça nous a permis de nous émanciper de studios trop coûteux.
MI. Comment avez-vous travaillé sur la composition de cet album ?
Jer. Généralement Antek et Lobo(x) jamment ensemble et trouvent les riffs de base du morceau. Geo arrive, complète et rajoute sa touche perso. Je suis là pour les arrangements, les longueurs des différents riffs, je place mes chants et plus récemment les samples ; parfois je deviens le vilain méchant lutin qui démonte la compo. Ne pratiquant pas la langue de bois, ça arrive ! Mais avant tout, c’est l’osmose des quatre qui fait un morceau. On en discute et on retravaille ou élimine la composition si l’un d’entre nous ne sent pas la chose. Pas de dictature sous SHARGATH, juste un consensus mutuel suivi de moultes offrandes...
MI. D'où sont extraits la plupart des samples, notamment les voix, qui parsèment Bowel Sounds Of A Deaf Man ?
Jer. Ça fait un moment que pour un projet plus personnel je cherche sur le net des voix, des bruits, des dialogues de films, etc… Ayant trouvé pas mal d’extraits en tous genres qui nous intéressaient, au moment de l’enregistrement on a assemblé le matériel qui collait avec l’ambiance ou les thèmes abordés de certains morceaux. Ces sons font maintenant partie intégrante des compos de SHARGATH sans pour autant prédominer dans l’élaboration des morceaux. C’est une touche supplémentaire, un petit plus par-ci par-là.
MI. Vos compos sont compactes, vous ne vous perdez pas dans le "branlage" de manche. L'expérience de la scène vous a-t-elle influencés dans la composition de cet album ?
Jer. Notre premier album, moins personnel et plus basique, nous a appris beaucoup de choses, dont l’une est d’éviter de faire long et chiant si on peut faire court et efficace. Comme tu le dis, le « branlage » de manche, c’est pas notre truc. SHARGATH n’est pas prêt à rentrer dans le délire de morceaux de 10 minutes et dans la démonstration purement technique. Il est relativement complexe de faire évoluer longtemps un thème musical sans lasser autant celui qui joue que celui qui écoute.
Bowel Sounds Of A Deaf Man est composé de morceaux compacts ce qui rend l’ensemble sans doute plus efficace. Notre expérience de la scène nous a aussi influencés dans cette approche immédiate d’une compo. En « live », quand tu fais ce genre de musique, il ne faut pas tourner autour du pot pendant des lustres sinon le public va préférer achever le bar plutôt que de t’écouter… De la concision pour aller à l’essentiel en fait…
MI. Des dates en France sont-elles prévues pour la promotion de cet album ?
Jer. On aimerait bien faire un tour dans l’Hexagone. Actuellement, on rentre dans la phase promo de l’album. On est ouvert à toute proposition. Que les gens intéressés n’hésitent pas à nous contacter. SHARGATH est à l’aise sur une scène et généralement le public passe un bon moment en notre compagnie si sympathique et joviale. Le côté studio a son intérêt mais rien de tel que le « live », surtout pour donner toute l’ampleur à ce genre de musique assez énergique…
Le message est lancé : on veut jouer en France !
MI. Si tu devais choisir un groupe avec lequel tu pourrais partager l'affiche, lequel choisirais-tu ?
Jer. Ben… Il y a des groupes de potes avec qui on a déjà joué en Belgique et c’est toujours un réel plaisir de partager la scène avec eux, mais pour ce qui est de groupes connus… Si CORONER existait toujours… ou si JOHNNY CASH était encore de ce monde… ça nous botterait également de partager l’affiche avec des groupes comme MESHUGGAH, NAPALM DEATH ou vos compatriotes de GOJIRA avec qui on a déjà joué. On dirait pas non, bien entendu, si SHARGATH pouvait faire la première partie d’un gros truc ricain : l’opportunité de toucher ainsi un large public…
MI. Une conclusion ?
Jer. Yep. Salut à tous les lecteurs de Metal Impact ainsi qu’à l’équipe qui fait vivre le zine. Longue vie à vous tous et surtout n’oubliez pas, les amies et les amis : DOWNLOADEZ CE FOUTU ALBUM GRATUIT DE SHARGATH et laissez nous un gentil message sur notre site. Amen.
Ajouté : Jeudi 09 Août 2007 Intervieweur : Le Comte de la Crypte Lien en relation: Shargath Website Hits: 20344
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