SAMAEL (ch) - Vorph (Mai-2007)
Comme à son habitude, le groupe suisse SAMAËL a pris son temps pour sortir son nouvel album, puisqu'il arrive 3 ans après "Reign of Light"... Après la tournée qui avait suivi "Reign of Light", le groupe a en effet pris une année entière pour écrire et enregistrer "Solar Soul", mais l'attente aura été récompensée, car le nouvel opus du groupe s'annonce excellent. A cette occasion, le groupe a d'ailleurs entièrement refait son site internet, sur lequel on peut écouter des extraits de chacun de leurs morceaux... Mais laissons la parole à Vorph !
Line-up : Vorph (chant), Makro (guitare), Xy (claviers, boîte à rythme), Mas (basse)
Dicographie : Medieval Prophecy (Démo - 1988), Worship Him (1990), Blood Ritual (1992), Ceremony of Opposites (1994), Rebellion (EP - 1995), Passage (1996), Exodus (EP - 1998), Eternal (1999), Telepath (EP - 2004), Reign of Light (2004), Solar Soul (2007)
M-I Interviews du groupe : Xytras (sept-2004), Vorph (Mai-2007)
Crédit Photo : LudoPix.com
Metal-Impact. Bonjour Vorph! J'aimerais tout d'abord te poser une question concernant le nom du groupe – j'ai en effet appris que SAMAËL est le nom d'une créature démoniaque dans la mythologie, cela signifie apparemment "le venin de Dieu"... Est-ce que le nom du groupe vient de là ou bien est-ce une coïncidence ?
Vorph. Non, ce n'est pas un hasard, mais depuis le temps, je pense qu'on est arrivés à s'approprier ce nom-là, et ça fait un moment que je vois cela comme le nom de l'entité qu'on forme en tant que groupe, c'est un peu le 5ème membre...
MI. La carrière du groupe a commencé en 1987, il s'est passé beaucoup de choses depuis ! Peux-tu me dire quels ont été les temps forts, les tournants de votre carrière ?
Vorph. C'est presque une suite de temps forts, les premières choses, le premier concert, le premier enregistrement, le premier album... C'est vrai qu'à l'époque c'était peut-être plus important de sortir un album que ça l'était aujourd'hui, il semble que c'est quand même plus simple aujourd'hui que ça ne l'était avant. La première tournée, évidemment, les premiers concerts aux Etats-Unis, au Mexique... Dernièrement, enfin ça fait 2 ans maintenant, on a joué en Israël, c'était un événement pour nous, c'est un temps fort, ça fait partie des choses qu’on n’avait pas franchement pensé que ça nous arriverait un jour, et ça c'est vraiment bien passé.
MI. Sur votre site internet officiel il n'est question que de Reign of Light (et maintenant "Solar Soul") - il faut aller sur votre ancien site pour avoir des informations sur vos précédents albums... quelle en est la raison?? Est-ce que vous reniez cette période antérieure à Reign of Light ?
Vorph. Non, en fait quand on a fait le nouveau site pour Reign of Light, on voulait vraiment mettre l'accent sur cet album, ça faisait un moment qu'on n'avait pas sorti de disque, en 99 c'était Eternal, donc ça faisait quand même 5 ans entre les 2, c'est beaucoup. Donc on voulait surtout mettre l'accent sur ce nouvel album. Mais là on est en train de bosser sur un nouveau website, pour le prochain album, qui sera beaucoup plus complet, on est en train de le terminer – soyons positifs!
MI. Quel regard portes-tu aujourd'hui sur votre parcours et sur votre évolution musicale ?
Vorph. Je ne regarde pas beaucoup en arrière pour dire la vérité, mais si je regarde depuis le début, pour moi il y a toujours eu un sens, je vois vraiment fil rouge. Entre Ceremony of Opposites et Passage, il y a eu un vrai changement, mais en même temps, on a quand même eu un album entre les 2 qui a fait la liaison, comme un trait d'union...
MI. Lors d'une précédente interview avec Metal Impact, Xy évoquait les soucis que vous aviez eu avec Century Media, mais il disait que les choses s'étaient arrangées... Aujourd'hui vous avez signé avec Nuclear Blast pour ce nouvel album – est-ce que les problèmes avec Century se sont aggravés, ou êtes-vous partis pour d'autres raisons ?
Vorph. On a fini notre contrat avec eux, et on n'a pas voulu le renouveler. On a formé un peu notre propre maison de production, on a appelé ça Galactica Records, on a produit notre album précédent d'ailleurs. Et puis on a eu des propositions de différents labels que nous avons étudié, et avec Nuclear Blast, l'Europe était intéressante; de plus, ça nous a facilité les choses car on avait plus qu'un seul label pour toute la planète - sauf la suisse qu'on a toujours à part - ça nous facilitait les choses.
MI. Il y a une gestion globale au niveau internationale, c'est ça ?
Vorph. Oui, à part la suisse.
MI. Pour quelle raison ?
Vorph. On avait fait un deal pour l'album précédent et on était super contents de la manière dont on travaillait l'album, donc on s'est dit qu'on allait rester avec eux. La Suisse c'est un territoire qui est vraiment facile à contrôler...
MI. "Eternal" est sorti 3 ans après "Passage", il s'est ensuite écoulé 5 ans avant la sortie de "Reign of Light" et c'est encore 3 ans plus tard que vous sortez ce nouvel album, "Solar Soul". Pourquoi y'a-t-il toujours d'aussi longues périodes entre vos différents albums ?
Vorph. Eh bien, il y a une raison, qui est tout simplement que nous ne sommes pas hyper rapides! On a commencé à travailler sur Soular Soul sérieusement à la rentrée de notre tournée, début Février 2006, et on a rien fait d'autre de toute l'année quasiment. On a fait quelques concerts, qui ont un peu entrecoupé nos sessions de studio, mais c'est vrai que ça nous a pris quasiment une année entière. En fin de compte, ça ne fait pas vraiment 3 ans, parce que l'album Reign of Light est sorti en 2004 mais c'était en fin d'année, mi-novembre il me semble.
MI. Et ensuite vous êtes partis en tournée...
Vorph. Oui et puis on a fait des festivals aussi...
MI. Et donc quand tu dis que vous avez passé une année entière à faire cet album, cela inclut la composition des morceaux mais aussi l'enregistrement en studio et le mixage ?
Vorph. Oui et en plus, on l'a mixé début Janvier de cette année, donc ça fait à peine une année en fin de compte.
MI. De quelle manière as-tu plus particulièrement contribué à l'écriture de cet album ? Comment avez-vous avez procédé pour l'écriture et la composition ?
Vorph. Depuis Ceremony Of Opposites, on a toujours travaillé de la même manière, c'est Xy qui s'occupe de toute la musique, et moi je m'occupe des textes. En fait sur cet album particulièrement, nous en avons beaucoup parlé entre nous, de ce qu'on voulait avoir dans cet album. Il y avait des désirs un peu différents d'un membre à l'autre, et c'est vrai que Xy, quand il commence à bosser sur ses morceaux, il y a des choses qui coulent de source, et ensuite on en discute un petit peu. On a essayé de faire en sorte que chacun des membres du groupe se retrouve à un moment ou l'autre dans l'album.
MI. Est-ce que vous êtes totalement libres de faire ce que vous voulez ou devez-vous soumettre les morceaux à votre label ?
Vorph. Nous n'avons jamais du faire cela, non. Même quand on a commencé, on a toujours été parfaitement libres de faire tout ce qu'on voulait. Là on vient de commencer à travailler avec Nuclear Blast, donc ce n'est pas le cas, mais parfois quand on bosse depuis un certain temps avec un label, ils n'imposent rien du tout, mais ils font savoir ce qu'ils aimeraient en quelque sorte. C'est-à-dire qu'ils pensent que c'est à eux à travailler l'album, c'est un terme qu'ils emploient souvent, donc s'ils ont certains éléments se sera plus facile pour eux. Mais ça après c'est toujours au groupe de décider s'il veut faire un compromis ou s'il veut rester intact.
MI. Peux-tu me dire quels sont les thèmes principaux abordés dans cet album ? Y'a-t-il un fil conducteur, un concept particulier ?
Vorph. Je ne pense pas qu'il y ait vraiment un concept pour l'album. Un fil conducteur, je ne sais pas, on a essayé de faire en sorte, en ce qui concerne l'ordre dans lequel on a placé les morceaux, qu'il y ait une sorte de flot. Mais au-delà de ça, je pense que tous les morceaux ont à peu près leur individualité, parfois il y a des morceaux qui se répondent...
MI. Comme quoi par exemple ?
Vorph. Par exemple, là ce qui me vient à l'esprit, c'est un morceau comme Quasar Waves, et un morceau comme Promised Land, au niveau des textes ça parle quand même du cheminement, de la recherche de soi-même... enfin voilà, moi je vois souvent des coupes comme ça qui sont dans les albums...
MI. Je suis notamment assez intriguée par le titre "Slavocracy", de quoi parle ce morceau ?
Vorph. C'est un peu de la façon dont la démocratie a évolué, une mauvaise mutation, cela vient d'une réflexion que je m'étais faite, c'est-à-dire qu'aujourd'hui j'ai l'impression qu'il y a toute une partie de la société qui se laisse un peu vivre, qui ne contrôle pas les informations qu'elle reçoit, qui prend les choses cash, qui se contentent de répéter ce qu'ils entendent ailleurs, et si cela devait se généraliser, on arriverait à un système de société où les gens iraient voter, prétendant avoir une voix, mais ce ne serait pas leur voix mais celle qu'on leur donne. Donc une sorte d'inversion, pour moi la démocratie c'est quand même le peuple qui choisit quelque chose, et la Slavocracy, ce serait le pouvoir qui passe à travers le peuple, pour imposer son choix.
MI. Peux-tu aussi me parler un peu plus de la chanson qui donne son titre à l'album ?
Vorph. Le titre m'est venu en écoutant le morceau. C'est vrai que je trouve que c'est un morceau qui est... enjoué, je ne sais pas si c'est le bon mot, mais qui est frais en tous cas, qui donne envie de se lever, qui donne envie de bouger, c'est très positif. Et cela me faisait penser à quelque chose de solaire, de vivant, d'actif. Et pourquoi "Solar Soul", c'est parce qu'on a pas de représentation de l'âme, mais moi ce que je vois dans l'âme, c'est un peu ce que les gens dégagent, une sorte d'aura, et il y a des gens qui dégagent quelque chose de solaire, quelque chose de lumineux, de vif, quelque chose d'énergie... et je trouvais que le morceau donnait cet effet là. Et pourquoi cela a donné son titre à l'album, en fait, là nous n'étions pas tout à fait d'accord, moi je suis arrivé avec différentes propositions qui n'ont pas été retenues, et à un moment c'est Xy qui a proposé de prendre ça comme titre de l'album. Je l'ai su assez vite, car c'est vrai que c'est une idée forte, et même si tous les morceaux ne peuvent pas rentrer dans cette idée là, je trouve que c'était un bon moyen - comment dire cela? Comme le soleil est au milieu du système solaire et qu'il brille pour toutes les planètes, là c'est un morceau qui brille pour tous les autres morceaux. Une sorte de point central, d'une certaine manière.
MI. D'où vient l'idée de cette illustration pour la pochette de l'album ? S'agit-il de la représentation du yin et du yang ?
Vorph. C'est libre à chacun de voir ce qu'il veut, mais c'est probable qu'il y ait cet élément là. On a paradoxalement beaucoup travaillé sur cette pochette, on avait différentes idées, et puis à la fin on avait une dizaine de déclinaisons de la même idée, plus une vingtaine de choses complément différentes... On a bossé avec des gens différents d'ailleurs, c'est la première fois que cela nous arrive, normalement on va assez vite pour faire les pochettes. On a toujours bossé avec un artiste qu'on avait décidé avant, et c'était à peu près réglé, alors que là on a fait un vrai casting... On n'arrivait pas à trouver la pochette qu'il fallait. La 1ère idée c'était un oeil dans un soleil, c'était un peu bateau. Evidemment ce que j'aimais bien avec celle-là, c'est qu'on peut y voir ça aussi, on peut voir l'oeil, mais ce n'est pas ça, c'est libre à chacun d'interpréter... Il y a cette idée aussi de séparation, en deux parties, donc il y a peut-être ce côté Yin/Yang, on peut voir cela aussi. C'était plus flagrant sur l'autre version justement, mais on ne voulait pas trop mettre l'accent sur quelque chose en particulier. Souvent quand on écoute, tout ce qu'on a dans les mains c'est la pochette, donc s'il y a moins d'amener une réflexion dessus, c'est génial.
MI. Musicalement, comment situerais-tu cet album par rapport aux autres ?
Vorph. D'une certaine manière il est dans la continuité du précédent album, dans le sens où on a travaillé exactement de la même façon, on a enregistré ici, on est retourné mixer en Suède, de nouveau avec Stefan Glaumann, on ne l'a pas masterisé au même endroit, mais en gros c'était la même formule. En revanche, ce n'était pas la même approche, on s'est rendus compte que dans nos albums précédents, il y avait des expérimentations à chaque fois. Sur Ceremony, c'était la 1ère fois qu'on travaillait avec un synthé permanent, sur tous les morceaux; sur Passage, c'est la 1ère fois qu'on avait une boite à rythme, on a essayé de l'orchestrer de façon un peu plus massive; sur Reign of Light, il y avait l'apparition un peu plus marquée d'influences orientales. On a essayé de regrouper tout cela dans cet album, de prendre tous les éléments qu'on jugeait importants dans ce qu'on avait fait avant, donc ce serait l'album qui pourrait le mieux nous représenter. Non pas que les autres ne nous représentent pas, mais ils ne montrent qu'une seule facette du groupe, alors que là tout y est.
MI. Et il n'y a pas de nouvelle expérimentation sur cet album ?
Vorph. Pas vraiment non. On a un morceau, qui n'est pas sur l'album, qui est un bonus, et qui est un peu différent - c'est le dernier qu'on a fait, c'est pour ça. Moi je l'aimais beaucoup mais nous n'étions pas sûrs qu'il ait sa place sur cet album, donc on ne savait pas si on le garderait pour autre chose... Et quand on nous a dit qu'il serait bien d'avoir un bonus track pour la 1ère édition, on s'est dit que peut-être c'était une bonne idée.
MI. On l'aura en France ou ça ne sera réservé qu'au Japon comme c'est souvent le cas pour les bonus track ?
Vorph. Non, normalement il sera sur la version digipack et sur la 1ère édition de l'album. J'aurais trouvé dommage que ce ne soit que pour un pays, ça manque d'intérêt je trouve.
MI. Quel serait le morceau le plus abouti de l'album ?
Vorph. Ca c'est une question difficile ! Pour te dire la vérité, je crois que je les aime tous. Pour preuve, quand on a discuté avec le label de quel morceau on voulait sortir en premier, je leur ai laissé le choix, je m'en foutais royalement ! On s'est mis d'accord sur Slavocracy parce qu'on l'avait déjà présenté en avance, donc pourquoi pas l'avoir en single...
MI. Avez-vous une tournée de prévue prochainement ?
Vorph. On va essayer de tourner à la rentrée, mais on n'a encore rien d'arrêté de précis, ce sont des discussions qu'on a en ce moment. On va d'abord faire les festivals de l'été, et on essayera de tourner à la rentrée.
MI. Comme tu l'évoquais tout à l'heure, en 2005 vous alliez pour la 1ère fois faire un concert à Tel Aviv... Est-ce qu'il y a des pays où vous n'avez jamais joué et où tu rêves de te produire ?
Vorph. Il y en a plein! On n'a jamais été en Australie, on n'a jamais été au Japon, on n'a jamais joué en Amérique du Sud - le Mexique pour moi ça fait partie de l'Amérique du Nord - on n'a jamais joué en Afrique...
MI. En Afrique, il y a des concerts Metal ?
Vorph. En Afrique du Sud il y a des possibilités, je sais qu'il y a des concerts qui s'organisent...
MI. Et parmi tout ces pays il y en a un en particulier où tu rêves de te produire ? Tous ?? (rires)
Vorph. Oui – c'est une des raisons pour lesquels on fait ça aussi, pour avoir la chance de présenter notre musique ailleurs...
MI. De ce dernier album, quel morceau as-tu le plus hâte de jouer sur scène et pourquoi ?
Vorph. On the Rise mais on l'a déjà joué en fait. Parce que je trouvais que c'est un morceau live, je ne sais pas comment il passe sur l'album, mais il y a certains morceaux comme ça, on sait que c'est des morceaux live.
MI. Vous aimez bien modifier vos morceaux sur scène, avez-vous déjà des choses en tête en ce qui concerne les chansons de cet album ?
Vorph. Pas trop, parce que vu que l'album est tout frais, en général, quand on présente les titres qu'on vient de faire on les présente comme ils sont, c'est souvent des titres qu'on a trainé des années derrière nous, qu'on a envie de retoucher...
MI. Savez-vous déjà quels morceaux vous allez jouer pour la prochaine tournée ? Ca ne doit pas être évident de constituer une playlist quand on a autant d'album à son actif ?
Vorph. Généralement, on focalise toujours sur le nouvel album, je pense que ce sera de nouveau le cas cette fois, et puis on essaie de faire un compromis entre justement les nouveaux titres et les titres que les gens attendent.
MI. Y'a-t-il un groupe ou un artiste avec lequel tu rêverais de partir en tournée ?
Vorph. Ecoute, oui... Il n'y a aucun nom en particulier qui me vient à l'esprit là maintenant, mais c'est toujours intéressant pour nous de tourner avec des groupes qui ont vraiment leur public, je pense à un groupe comme SLAYER par exemple, qui a un public assez acquis à sa cause, et donc jouer dans ces conditions là c'est parfois difficile, mais je trouve cela intéressant.
MI. Ai-je oublié de te poser une question importante ?
Vorph. Je pense qu'on a bien fait le tour non ?
MI. As-tu une petite conclusion pour tes fans français ?
Vorph. Eh bien j'espère qu'ils vont écouter l'album, qu'ils vont l'aimer, et je leur donne rendez-vous pour la prochaine tournée !
Ajouté : Mardi 07 Août 2007 Intervieweur : Eowyn Lien en relation: Samael Website Hits: 23053
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