KREATOR (de) - Bataclan à Paris (06/11/12)
Groupes Présents au concert : FUELED BY FIRE, NILE, MORBID ANGEL, KREATOR
Date du Concert : mardi 6 novembre 2012
Lieu du Concert : salle (ville, France)
A fréquenter un peu les scènes en -Core, j'en avais presque fini par croire que les metalleux avaient tous abandonné leurs cuirs et leurs poils. Rassurons-nous, il n'en est rien ! Une affiche telle que celle qui nous intéresse ici attire tout ce qu'il reste de chevelus, de vestes à patch et de treillis. En digne représentant de la scène Thrash Revival FUELED BY FIRE embaume la salle d'un doux parfum de nostalgie. C'est très bien fait, une batterie binaire et galopante, des riffs répétitifs et entêtant, un chant hurlé plutôt écorché accompagné de quelques backings rebondis juste quand il faut. C'est confortable, on reconnaît chaque morceau sans avoir jamais entendu le groupe auparavant, on fredonne la fin d'un riff tout en l'entendant pour la première fois. Mais tout de même un poil inquiétant, comme toute sensation de paramnésie – de déjà-vu, comme disent les anglo-saxons. Sans doute très revigorant pour ceux qui ont connu l’Amérique de Reagan. Pour moi qui tétais encore les seins de ma daronne quand KREATOR tétait ceux de ses premières groupies, le Thrash Old School de ces quatre charmants chicanos à l'embonpoint très californien, m'est tout à fait sympathique, mais ne manque pas de m'évoquer un épisode de Denver le dernier des dinosaures, les skateboards-poisson et les Reebok pump. J'ai beaucoup de mal à le prendre au sérieux. Le groupe qui à fait le plus de bien à cette scène, à savoir MUNICIPAL WASTE, l'a peut être un peu trop entachée de second degré et de bonne humeur pour qu'on l'imagine autrement. Sans l'humour, reste un groupe honnête, efficace, parfait pour une première partie ou une soirée à thème, mais qu'on imagine mal aller plus loin. (6/10)
"Sacrifice unto Sebek" de l'album Annihilation of the Wicked ouvrait le set de NILE. Quelques accords qui font monter la pression, créent cette ambiance si particulière, avant la déferlante, le maelström, qui fait de NILE un des plus grands de la scène extrême depuis une quinzaine d'année. Très rarement décevants, autant sur album que sur scène. Ils savent mêler une violence extrême, une rapidité à couper le souffle et un groove à vous briser la nuque, une technique ahurissante constamment au service d'une musicalité exigeante et originale, et des ambiances qui font voyager dans le temps et dans l'espace. Les grandes civilisations du passé sont souvent source d'inspiration pour les groupes de Metal : Moyen Age européen, Rome Antique, Mésopotamie, L’Égypte Antique a été explorée ponctuellement par IRON MAIDEN, SLAYER ou VADER, mais, aussi talentueux que soient ces figures tutélaires, aucune n'a su lui donner autant de corps que la bande de Karl Sanders. La référence historique n'est pas prétexte, la musique semble s'extraire du limon fétide, du cours destructeur du plus long fleuve du monde, et cela sans artifice scénique. Même si je suis très friand du grand-guignolesque metalleux quand il est réalisé avec science, comme les récents concerts de DIMMU BORGIR ou de BEHEMOTH, la simplicité de NILE ne porte en rien préjudice à leur show : ils sont là, bien là. Et nous avoinent la gueule avec professionnalisme. "Defiling the Gates of Ishtar", "Kafir", "Hittite Dung Incantation", "Permitting the Noble Dead to Descend to the Underworld". Ils vont piocher dans toute leur discographie depuis Black Seeds of Vengeance en faisant la part belle à leur avant dernier méfait, Those Whom The God Detest, en omettant tout de même l'album Ithyphallic. Le très lourd et lent "Sarcophagus" est suivi de près par le très rapide "The Inevitable Degradation of Flesh", puis vient le très épique "Lashed to the Slave Stick", véritable tube de Anihilation of the Wicked, et sans doute un de mes morceaux préférés, avant un final à l'ancienne avec "Black Seeds of Vengeance". Rien à redire, si ce n'est la courte durée du concert.
Vient ensuite ceux qui furent sans doute une influence majeure pour le groupe précédent. Ceux qui ont offert au Death Metal ses premières cartouches, et plus tard avec Domination et Gateways to Annihilation, deux albums majeurs, qui ont permis au genre de gravir une marche, d'affiner son écriture, ses ambiances, sa musicalité, sans perdre de sa force de frappe. MORBID ANGEL avait ralenti le tempo ressenti, sans pour autant freiner sur la double pédale pour donner une âme à un genre qui en était jusque là un peu dépourvu. Manque de pot pour les fans de la deuxième heure comme moi, le groupe, dont les albums sont rares et qui n'a pas vraiment su convaincre sa base depuis 12 ans, a préféré jouer sur la corde de la nostalgie en proposant une traversée de sa discographie insistant davantage sur les premiers opus : "Immortal Rites" ouvre le bal puis viennent, "Fall from Grace", "Rapture", "Maze of Torment", "Sworn to the Black" des trois premiers albums. Suivis de "Existo Vulgor'e" et "Nevermore" les morceaux les plus classiques du dernier album, qui n'auraient pas dépareillé sur les galettes précédentes, et qui se tiennent très bien sur scène. Puissants, accrocheurs. Retour aux sources avec "Lord of all Fevers" et "Chapel of Ghouls" tirés d'Altars of Madness. Rageurs, rapides, mais très désuets à mon oreille qui goûte bien davantage "Where the Slime", et son tempo dansant issu de Domination. "Blood on my Hands", "Bil ur Sag" et ses textes en sumérien, langue d'une civilisation qui nourrit pas mal de fantasmes New-Age, qui serait à l'origine de nombreuses inventions, mais à qui MORBID donne une dimension évidemment très guerrière et destructrice. Le show se termine avec "God of Emptiness" et "Monde de Caca" – ou "World of Shit", pour les anglophones - qui malgré la chaleur et la mollesse qu'évoque son titre se révèle particulièrement rapide et incisif. On doit reconnaître à David Vincent, leur chanteur des origines de retour depuis quelques années, une bonne présence scénique, un poil caricaturale avec sa dégaine de Elvis de la mort, mais, comme le remplaçant de Pete Sandoval – en convalescence pour des problèmes de dos – est bien perdu derrière son énorme batterie, il semble bien seul sur scène. Trey Azagthoth, n'a pas grand chose pour entretenir sa légende. Fluet et invisible derrière sa tignasse, il brille par un mauvais goût terrible mêlant un tshirt trop grand, un affreux futal de metalleux à sangles et une paire de tennis blanches passablement frelatées. Si il y a quelques années l'idée de voir MORBID me faisait vibrer, j'avoue que leur pauvre production discographique récente, leur retour au Old School et leur manque de charisme global me laisse désormais un peu froid. Les quadras, eux ont semble-t-il apprécié. (7/10)
2012 marque le 30e anniversaire du plus grand groupe de Thrash Européen : KREATOR. Pour un groupe, 30 berges cela peut être le moment de tournées confortables autour des tubes de la jeunesse ou le spectacle pitoyable de quinquagénaires fatigués tentant d'assurer tant bien que mal leur retraite. 30 ans c'est dans le monde impitoyable du travail l'âge ou les courbes de l’expérience et de la vigueur se croisent et offrent le meilleur de la productivité. Si j'osais poursuivre cette métaphore douteuse je finirais par traiter ces quatre sympathiques teutons de cadres dynamiques, de forces vives du redressement productif. Ce serait oublier le peu de bien que je pense du monde des affaires et du productivisme. Néanmoins, ce foutu modèle allemand nous fout encore la pâté. A les voir sur scène régulièrement depuis 2005, la bande à Mille semble avoir d'avantage l'âge de son groupe que celui de sa carte d'identité. Ça galope furieusement du début à la fin, dans une violente bonne humeur ou se conjuguent générosité et professionnalisme jusqu'à nous briser les jambes. Je demande rarement pardon pendant un concert, mais KREATOR a toujours réussi à me foutre à plat.
Le concert commence par une projection sur un rideau occultant toute la scène : défilent dans une animation enflammée les pochettes de la discographie du groupe entrecoupées d'images de clips, de lives, de backstage et de sessions d'enregistrements. Chaque album est salué par ses fans. Force est de reconnaître que chaque époque à ses défenseurs et que les derniers albums, depuis Violent Revolution jusqu'à Phantom Antichrist semblent avoir conquis les foules. C'est d'ailleurs avec le titre éponyme de la dernière galette et dans un décor sculpté à l'image de sa pochette qu'on découvre enfin les musiciens après la chute du rideau. Batterie surélevée et encadrée de bustes de chevaux passablement décomposés surgissant d'un tas de cranes humains. Fonds de scène et façade bien macabre. Ça crache. Suit une set list qui emprunte d'abord aux albums récents : refrains accrocheurs, mélodies entêtantes et efficacité parfaitement maitrisée : « Phantom Antichrist », « From Flood into Fire », « Enemy of God », « Phobia », « Hordes of Chaos », « Civilisation Collapse », « Voices of the Dead », avant de se replonger dans les classiques : la fureur, la rage, la vitesse qui propagent la folie dans la fosse : « Extreme Agression », « Peopl of the Lie », « Death to The World », « Coma of Souls », « Endless Pain », « Pleasure to Kill », « The Patriarch », « Violent Revolution ». Braveheart, Circle-Pits, ca rigole, ça sue, et ça souffle. Bon dieu que ça souffle. J'ai plus vingt ans bordel ! Cassés en deux, les membres endoloris, ont aimerait que ca ne s'arrête jamais, et en même temps on rêve d'un repos bien mérité. On attend et on redoute la levée du drapeau de la haine. Les lights sont parfaits, créant des ambiances différentes au grès des morceaux, ce qui est suffisamment rare pour être noté. Sami Yli-Sirniö saisi une guitare sèche pour l'intro de « United in Hate » qui offre un peu de respiration bienvenue avant de replonger en apnée dans « Betrayer », « Flag of Hate » et son introduction inchangée depuis des années où Mille extrait de nous notre dernier souffle et tente de briser nos dernières cordes vocales enchaîné sur « Tormentor ». (9/10)
Si j'étais grincheux je dirais un mot sur le tarif prohibitif des places (en même temps on l'a peut être un peu cherché en détruisant l'industrie du disque à coup de peer to peer et de torrents) de la consigne, des bières, sur cette habitude déplorable des ingés son de balancer de la musique en permanence entre les shows, de manière à nous tuer définitivement l'ouïe, et enfin sur la philanthropie d'une salle qui, après t'avoir vidé les poche, t’empêche de pisser à la fin du show. Mais je suis un bon petit gars, et comme j'ai pris un bon coup de pied au cul comme je les aime, je garde ça pour moi. Karl, Mille, vous revenez quand vous voulez. On sera là.
Ajouté : Mardi 13 Novembre 2012 Live Reporteur : Moloch Score : Lien en relation: Kreator website Hits: 13710
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