Album éponyme de la formation suisse, Cataract n’en est pas moins le cinquième opus du groupe. Pour ceux qui ne les connaîtraient pas, le doute aurait été vite levé, tant CATARACT maîtrise son sujet, que ce soit au niveau de la structure des compos que des guitares, particulièrement inspirées. Greg Mäder et Tom Kuzmic, francs-maçons de la six cordes, charpentent les dix titres avec talent et précision, tandis que Ricky Dürst, à la batterie, s’assure de la solidité de la fondation. CATARACT manie et allie le rythme syncopé et le groove du Hardcore, renforcé par le chant, à des mélodies et des riffs nettement teintés de Thrash. Cataract se bâtit comme un édifice à la gloire du Metalcore et c’est progressivement que l’auditeur prend toute la mesure du talent de l’architecte. Tantôt lourd, tantôt rapide, CATARACT ne manque pas d’inspiration : le résultat n’a pour autant rien de baroque mais reste dense et homogène. Et pour ceux qui, plutôt que d’apprécier l’architecture du lieu dans son ensemble, préféreraient se diriger directement vers les pièces les plus réussies, je les inviterais à visiter « Burn At The Stake », « Breeze Of The Kings » où le travail des artisans rappelle par moments les œuvres d’un certain Michael Amott (ARCH ENEMY, ex-CARCASS) et de la paire Jeff Hanneman/Kerry King, ou encore à s’attarder sur l’instrumentale « Tonight We Dine In Hell », fresque murale et violente, dédiée aux glorieux Spartiates ?
CATARACT redonne ici ses lettres de noblesse à un style bien trop souvent entre les mains d’éjaculateurs précoces, qui peinent à maîtriser leurs émotions et leur taux de testostérone : ça soulage, mais ça salope tout…