Révélation de l’année 2006. C’est en trois mots (et un nombre) que l’on qualifiera Spirit. Le groupe suisse ELUVEITIE, désormais connu pour mêler à son Folk Metal des influences diverses et variées (Black, Death, Celtic, Pagan…) ne le sait pas encore, mais il va faire office de bombe atomique dans le milieu. Formé en 2002, les helvètes n’en sont pas à leur premier balbutiement. Auparavant, c’est l’EP Vên qui était venu entamer leur discographie. Avec pas moins de neuf membres à son bord maîtrisant tous des instruments dignes du folklore suisso-irlandais (vielle à roue, flûtes irlandaises, cornemuses, violons, bodhran, accordéon helvète…), ELUVEITIE utilise cette diversité pour enchanter sa musique.
Ayant acquis cet album très peu de temps après sa sortie, autant vous dire que je me suis laissé entraîner dans l’inconnu. Ce qui m’a poussé à choisir ce disque ? Sans doute cette jaquette mystérieuse où l’on voit l’entrée d’une sorte de bunker préhistorique taillée dans une colline et survolé par des corbeaux.
Musicalement, l’introduction en ancien gaulois et sans équivoque : nous voilà confronté à un combo qui va allier la finesse des instruments folkloriques à un Metal bien burné façon Black ou Death mélodique. Les premiers titres se boivent comme du petit lait et donnent une irrésistible envie de s’imaginer en plein cœur d’une forêt, festoyant autour d’un feu de bois, une chope d’hydromel à la main.
La production est nette, on est à des années-lumière du True Black enregistré dans un répondeur. Chant guerrier, rythmes martiaux déboîtant les cervicales, tout y passe. De plus, ELUVEITIE à la bonne idée de placer ici et là un titre relaxant histoire de calmer le jeu. Avant de repartir, jamais à court de bonnes intentions.
La différence vient aussi peut-être du fait qu’aucun instrument n’est éclipsé au profit d’un autre ce qui arrive trop souvent chez les soi-disant pionniers. Sur Spirit, une vraie osmose s’opère. Et non d’un troll, je n’ai pas vu le temps passer. C’est déjà la fin et comme ELUVEITIE n’en rate pas une pour que je les complimente, ils achèvent leur œuvre d’art avec une magnifique piste instrumentale qui en impose en point (d’orgue) final.
Il y’a bien longtemps qu’on avait plus entendu ça (peut-être pour la bonne raison qu’on ne l’a encore jamais entendu d’ailleurs). Car depuis l’agonie progressive de FINNTROLL, le Folk Metal est en mal de virtuosité et ELUVEITIE semble lui offrir une sacrée cure de jouvence. d