Un concert en Charente Maritime ?
Loin de Paris, de ses bruits, de sa pollution, des ses taxis pressés et de ses transports en commun compressés ?
C’est possible.
Oui, et dans le cadre du Hell'Oween Festival, à Saintes, dans mon département d’origine. Cool.
Il fait froid ce soir, très froid. Mais je compte bien sûr sur la chaleur que vont me procurer mes nouveaux amis de ZAPRUDER pour me réchauffer.
Bon, OK. Même le Divan du Monde à côté de la Chapelle Chavagne, ça a des airs de Bercy. Mais qu’importe. Ca fait du bien même, de revenir à des dimensions humaines, de voir des groupes locaux, qui se donnent à fond pour nous faire découvrir leur musique. Intime, mais lucide. Confidentiel, mais sincère.
Alors c’est parti.

C’est TIME FOR ENERGY qui débute les hostilités, avec bien sur un Post Hardcore de rigueur. Mais plantons d’abord le décor.
La scène est bien sur très réduite, le son est correct, bien que la basse soit trop en avant et que la caisse claire est souvent inaudible surtout sur les breaks, les conditions sont donc bonnes, sans toutefois être optimales. C’est toujours à prendre en compte pour juger de la prestation d’un groupe.
TIME FOR ENERGY semble en tout cas fort bien s’en accommoder. Leur musique n’a rien de révolutionnaire, et se contente de rester dans des chemins balisés, alternant les arpèges en son clair et les riffs cartons, avec un chanteur qui se donne à fond, qui multiplie les facéties et nous fait sourire avec sa bonne humeur contagieuse. Le groupe est content d’être là, et ça se sent.
Alors ils partagent. Et ils font le job d’un groupe de première partie…Je dois quand même reconnaître des qualités créatives au guitariste, et une mobilité indéniable à l’ensemble des musiciens, batteur compris. Niveau musical, c’est très correct, des erreurs de jeunesse restent à gommer bien sur, mais les corrections viendront avec l’expérience, n’en doutons pas. En tout cas, ils nous auront fait passer un bon moment, entre des influences NEUROSIS évidentes, et une filiation indéniable avec nos amis poitevins qui ne vont pas tarder à envahir la scène… (7/10)

Et en attendant de vous en parler, je me permettrai un petit hommage à l’emblématique Jésus, qui depuis des années anime la scène des musiques extrêmes en Poitou-Charentes, à l’instar de l’inusable Christophe Pineau. Deux hommes grâce à qui les groupes locaux peuvent se faire entendre, répéter dans de bonnes conditions, et qui permettent aux kids de la région de se défouler lors de concerts toujours impeccablement organisés, souvent avec quelques bouts de ficelle, ce qui ne fait que leur accorder encore plus de mérite.
Bravo les mecs !

Mais parlons de ceux que je suis venu voir ce soir, qui m’ont intrigué avec leur EP introductif, Straight From The Horse's Mouth, et ses cinq titres qui m’ont donné envie d’en savoir plus…
Alors après la chronique, l’interview, ne manquait que le concert…
Le manque est donc comblé ce soir, et si TIME FOR ENERGY en tant que quartette a du adapter sa fureur aux dimensions de la scène, les ZAPRUDER et sa formule en quintette ont du faire preuve d’encore plus de souplesse et d’inventivité corporelle pour ne pas sombrer dans le chaos.
Et la performance mérite d’être saluée.

Si les ambiances se succèdent sur album, il en va de même on stage. Avec un son plus compact que leurs amis de première partie, et malgré quelques problèmes techniques mineurs, les Poitevins ont su adapter leur attitude et compter sur un light show sobre mais efficace pour mettre en valeur leurs compositions.
Le EP est bien évidemment à l’honneur, avec un arrêt obligatoire sur la case « Mount Fuji In Red », absolument délicieux en live, avec sa montée en puissance, ses arpèges sonnant comme un mantra, et la puissance vocale de Régis.
Régis qui ne cessera de se jeter à terre, de venir dans le public, qui hurlera, susurrera, et assurera le show, aidé en cela par deux guitaristes et un bassiste aussi volubiles sur leur instrument que mobiles dans l’espace.
Ca frappe pile là ou ça fait mal, ça sait se faire mélodique lorsqu’il le faut, et le tout sonne convaincant, et entérine toute les qualités découvertes lors de l’écoute de leur premier effort sur CD.
Nous avons même droit à un nouveau morceau ce soir, court, percutant, dans une veine DILLINGER et assez proche d’un « Lost In Vegas », pour son esprit frondeur et casse cou, très heurté, mais qui passe comme une lettre à la poste.

Un bon concert ce soir, qui décidemment me conforte dans l’idée que je ne me suis pas trompé quant au potentiel énorme dégagé par ZAPRUDER, qui risque dans les années à venir d’occuper une place de premier plan au sein de la scène Post-Hardcore européenne. (8/10)