Il a mis plus de quatre ans à arriver, mais le voilà le nouveau KILLERS. Il est bon, même très bon, mais il porte mal son nom. Il aurait très bien pu s'appeler « l'Enfer du Décor » comme le morceau d'ouverture. Pourquoi ? Parce que cet album c'est d'abord 69 minutes de désillusion, plus d'une heure d'un constat résigné mais rageur, d'une critique de l'envers de notre société; le tout très durement, sans la moindre trace d'illusion. C'est l'écœurement, la résignation, mais aussi la rage qui dominent. Les idéaux sont morts alors on balance notre désenchantement à qui veut bien nous entendre; et le moins qu'on puisse dire c'est que ça avoine sec. Même si les morceaux vraiment speed ne sont pas légion (« Overkillers » en est un, et c'est une perle), l'album demeure extrêmement puissant et enthousiaste. Après un quart de siècle d'existence, le groupe a plus que jamais la rage; une rage communicative qui pourrait se résumer dans le morceau « No Future ». Rage canalisée aussi, parce que techniquement, là encore il n'y a rien à dire, c'est vraiment l'expérience qui parle. Ca frappe haut et fort sans faire de faux pas, d'autant que la réalisation est impeccable.
Après, on pourra toujours dire que l'album est long. Mais l'intérêt c'est que 22 pistes, on n'en fait pas facilement le tour, il faut un peu de temps pour s'approprier le disque. On a l'impression de découvrir de nouveaux morceaux à chaque écoute, d'autant que l'album n'est absolument pas répétitif. Des morceaux speed comme « Deux Bastos dans le Cigare », côtoient des titres plus heavy comme « Faire du Metal » et des morceaux plus lents comme « Seul dans mon Coin », sans parler des deux clins d'œil à MOTÖRHEAD et MANOWAR, véritables pépites sous les titres respectifs de « Overkillers » et « Habemus Metal » qui placent KILLERS dans la lignée de ces deux groupes à la carrière longue et prolifique.
Malgré ça, même si le groupe n'a pas économisé ses efforts, je ne peux pas m'empêcher de me dire que vingt-deux titres d'un coup, c'est trop; comme un bon plat, un peu dur à avaler parce que trop copieux. Au delà de ça, l'album n'est pas non plus une révolution, il s'inscrit avec succès dans la continuité des quelques quatorze albums précédents, et c'est sans doute très bien comme ça.
Pour conclure sur l'impression générale que laisse A l'Ombre des Vautours, je dirais que c'est rageur, puissant et maîtrisé. KILLERS démontre une nouvelle fois que le français se prête très bien au Heavy; c'est en tout cas un album à posséder !