PRIMUS (usa) - Le Zénith à Paris (27/03/12)
Groupes Présents au concert :
Date du Concert : mardi 27 mars 2012
Lieu du Concert : Le Zénith (Paris, France)
Allez départ pour le Zénith pour accueillir de nouveaux les flingués du fromage et du soda au porc, qui ont eu tendance à légèrement zapper la France depuis de nombreuses années. Enfin, si l’on excepte un concert à la Cigale l’année dernière, qui avait laissé un goût amer dans la bouche de nombreux fans qui n’avaient pas trouvé la blague très drôle. Une heure et quarante cinq minutes de concert pour un Green Naugahyde joué in extenso et un rappel d’un demi morceau… Z’avaient fait fort les gus... Mais même les adeptes du troisième degré dont le trio est friand avaient trouvé la pilule dure à faire passer… Problème de timing, et il est sur pour un public que d’écouter en entier un album pas encore sorti n’était sans doute pas la meilleure façon de déclencher l’euphorie…
Mais qu’importe, parce qu’aujourd’hui, tous les fans connaissent Green Naugahyde par cœur, et vont justement en donner pour faire comprendre à Les, Larry et Jay à quel point ils sont heureux de les retrouver ici, ce soir, dans cette salle mythique du Zénith.
Car la tournée 2012 du trio est spéciale… Intitulée « An Evening with PRIMUS », elle promet des débats un peu plus longs et plus intenses que celle de l’année dernière. Et surtout, d’avoir droit à un concert exhaustif, passant en revue toute la disco du gang.
Premier coup d’œil à la scène, bien vu… Deux astronautes gonflables, un écran géant, c’est typique mais sobre… Premier coup d’œil à la salle et là c’est la consternation… Pas plus de quelques centaines de personnes et un Zénith en configuration minimale. Même mon cher confrère Marc Villalonga sort en plaisantant à moitié « Il y a plus de photographes que de public », et il n’a pas tort le bougre… En rencontrant plus tard un fan de PRIMUS les ayant suivi sur bien des tournées, celui-ci me confirmera l’impact désastreux du concert de la Cigale de 2011 sur les fans français…
Bon. Pas top tout ça. Ca commence mal. Mais après tout, nous sommes là pour la musique non ? Et nous allons être servis.
Pas de première partie. Bien. Après tout, avec une tournée s’intitulant « An Evening With… », c’est plutôt logique. Donc, pas de débordement horaire et de rappel tronqué. Ouf…
Concert dans le moule 2012, scindé en deux parties distinctes entrecoupées d’un entracte. Et c’est parti justement pour le premier acte. Les héros de ce soir montent sur scène et les acclamations montent d’un public sage, mais chauffé à blanc.
Et ça commence comme tout a (presque) commencé, puisque c’est le « To Defy the Laws of Tradition » du séminal Frizzle Fry qui ouvre les débats. Son énorme et parfait, light show sobre mais en adéquation, et musiciens en place bien sur, mais comment pourrait il en être autrement ? Les ressemble à une version freak du professeur Tournesol, Larry a des allures de Cobain avec son pull strié, mais ça envoie la purée et on se retrouve tout de suite dans l’ambiance. « Golden Boy » du Brown Album suit, aussitôt enchaîné au fabuleux « American Life » du magique et intemporel Sailing The Seas Of Cheese. Les habitudes du trio n’ont pas changé, ça pulse, ça digresse souvent pendant des plombes sur de longues jams centrales pendant lesquelles Les aime à tourner le dos au public, et se poser face à ses amplis.
Premier « hit » ce soir, l’historique « Wynona's Big Brown Beaver », pour lequel Les ressort son masque et sa contrebasse électrique. Et là, ça vire barge…Un peu de slam timide, mais surtout, beaucoup de plaisir…La preuve surtout que PRIMUS est un groupe unique, qui joue avec les sons comme avec les conventions pour n’en ressortir que ce qu’ils ont de plus personnel à offrir.
On revient au Brown Album avec « Over The Falls », Steel bass pour Claypool et maillets pour Jay, ça cartonne sévère… Quel son mes aïeux, quel son !!! Les PINK FLOYD du progressif psychopathe ?? Possible, mais le public est aux anges, même si les manifestations d’euphorie sont pour l’instant contrôlées. Avec ces zigues, il faut faire gaffe quand même. La force du combo, c’est de vous embarquer dans leur monde, de vous faire oublier le présent, le temps et l’espace, le temps d’un concert… Magique !
Et allez, sans prévenir, « Seas Of Cheese »… Il est important à ce moment même de noter la pertinence des images projetées en arrière plan qui vous enfoncent un peu plus dans le délire et la réalité parallèle… Plus qu’un show, c’est un spectacle intégral qui nous est offert, une plongée dans l’absurde, dans l’irréel. PRIMUS quoi… Est il utile de parler de la qualité d’instrumentistes du trio ? Y’en a il encore ici qui doutent du fait que Les soit un des plus grand bassistes de l’histoire ? Que Larry est un des guitaristes les plus inventifs de sa génération ? Alors certes, j’en conviens, la frappe de Jay n’a pas la sècheresse de celle de Tim, ni son inventivité. Et il nous manque par moments ce soir… Mais Jay fait le job, et le fait bien. Cela dit, il convient d’admettre à présent que PRIMUS c’est Les et Larry, deux frontmen de l’impossible, et non plus trois comme avant… Tant pis…
Pork Soda ? Oui, avec « Mr. Krinkle » et l’aventure continue… pour s’achever sur « Harold of the Rocks » et Frizzle Fry comme elle avait commencé… C’est encore très psyché tout ça, mais le voyage est loin d’être fini… Pour tout dire, il n’en est même pas à sa moitié…
Bilan du premier set ? Des musiciens à l’aise, très peu de communication avec le public, ce qu’on peut regretter, mais qui ajoute à cette ambiance étrange et cette immersion totale dans un monde peuplé de personnages étranges à la voix nasillarde…
Entracte, et le groupe a le génie de passer quelques antiques épisodes de Popeye hilarants, qui font monter un peu plus la pression… On discute, on mange, on boit, en gros, on prend le maximum de forces avant de continuer le combat…
Et les lumières de s’éteindre pour continuer le périple…
Deuxième set, évidemment complètement basé sur le petit dernier, Green Naugahyde, que le groupe va nous jouer en entier. Bon. Choix étrange comme me le soulignait le fan rencontré plus tôt dans la soirée… Pourquoi n’avoir pas fait l’inverse et proposé un premier set concentré sur cette dernière livraison, en écrémant le dispensable, et une seconde partie basée sur les incontournables du gang ? Je pense que le choix eut été plus judicieux mais que voulez vous, ça n’est pas moi qui choisit… On reste dans la même ambiance que la première partie du show, sauf que cette fois ci, le public est bouillant…
A posteriori, cet album que je trouvais déjà très bon et dans la grande tradition burlesque de Les & co prend une nouvelle dimension live et devient indispensable. Une fois de plus, Les jongle entre les différentes basses, remet son masque, l’ôte, Larry s’enferme dans ses délires free jazz/psychédélique, et Jay oscille entre les frappes brutes et les effleurements de cymbales.
C’est du grand art, et les épiphanies viendront de l’hilarant « Lee Van Cleef » et ses apparitions vidéo syncopées et tordantes, « Last Salmon Man » et « Moron TV » bien incrustées dans l’esprit frondeur et joueur du groupe.
Une fois de plus, on ne peut que pleurer devant la dextérité d’un bassiste qui ignore ce que le mot « difficulté » veut dire… Putain, quel naturel et quelle aisance, c’est écoeurant… Mais cette seconde partie, bien qu’intégralement dédiée à ce dernier album passe comme une lettre à la poste, et le style de PRIMUS en fait un classique instantané auquel il est impossible de résister. Et les fans hurlent, dansent, pogotent, et se damnent pour Saint Claypool qui a daigné les honorer de sa présence et son talent…
Peu d’évènements notables, jusqu’au sacro-saint rappel bien sur qui va nous finir en beauté… On commence velu avec « My Name Is Mud », qui bien sur réveille les consciences et nous ramène à l’époque bénie de ce clip barge à base de redneck à pelle et tabac à chiquer et autres bains de boue…
Et le trio à décidément envie de ne rien laisser sur son passage, car c’est « Jerry Was A Race Car Driver » qui finit la soirée, avec son chorus déjanté et sa ligne de basse lunaire… La foule est hilare, exulte, et offre au combo une bien belle sortie…
Cette fois ci, gageons que la prestation de PRIMUS ne laissera que de bons souvenirs à tous ceux qui étaient présents ce soir… Ok, ils n’ont pas joué « Tommy The Cat », ni « Too Many Puppies », mais il aurait fallu une nuit entière pour satisfaire tout le monde… On peut regretter certaines digressions interminables et dispensables sur certains morceaux, basées la plupart du temps sur quelques notes, et un certain manque de communication, même si Les a tenté par bribes succinctes de plaisanter avec le public… Mais dans son grand ensemble ce concert fut un moment énorme durant lequel PRIMUS a prouvé à quel point il tenait une place importante dans nos cœurs et dans le paysage musical en 2012… On en vient à rêver à une tournée best of… Mon Dieu, j’ose à peine y penser…
SETLIST PRIMUS :
1er Set :
• To Defy the Laws of Tradition
• Golden Boy
• American Life
• Wynona's Big Brown Beaver
• Over the Falls
• Seas of Cheese
• Mr. Krinkle
• Harold of the Rocks
2nd Set :
• Prelude to a Crawl
• Hennepin Crawler
• Last Salmon Man
• Eternal Consumption Engine
• Tragedy's a' Comin'
• Eyes of the Squirrel
• Jilly's on Smack
• Lee Van Cleef
• Moron TV
• Green Ranger
• HOINFODAMAN
• Extinction Burst
• Salmon Men
Rappel:
• My Name Is Mud
• Jerry Was A Race Car Driver
Ajouté : Vendredi 30 Mars 2012 Live Reporteur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Primus website Hits: 13347
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