IN FLAMES (se) - L'Olympia à Paris (28/11/11)
Groupes Présents au concert : INSENSE (no), RISE TO REMAIN (uk), GHOST (se), TRIVIUM (usa), IN FLAMES (se)
Date du Concert : Lundi 28 novembre 2011
Lieu du Concert : L’Olympia (Paris, France)
IN FLAMES se font de plus en plus rares dans l’Hexagone. Hormis leur présence au Hellfest, où la réponse du public avait quelque peu entaché la dynamique des membres sur scène, ce passage à l’Olympia, en cette fin novembre 2011, est leur unique date de la tournée promotionnelle du nouvel album. Est-ce dû à un public français qui montre de moins en moins d’intérêt pour le groupe ? Pourtant, la salle aux 2000 places se remplit sans mal ; la venue des Suédois demeurant tout de même un évènement par chez nous.
Premier groupe à entrer sur scène, INSENSE déploie un Metal moderne lourd et torturé, au chant clair un poil Thrashy. Leur set commence très rapidement, et j’en loupe le début. Mais ce n’est pas si dérangeant. En effet, malgré le potentiel de leur musique en studio, sur scène les Norvégiens ne sont guère enclins à faire les cent pas et restent donc très statiques. Qui plus est, le frontman affiche une maîtrise peu convaincante de son chant, s’étirant maladroitement dans tous les sens, et laissant encore planer une trop forte impression d’amateurisme autour du combo, en dépit d’une instrumentation correcte. Mais le public déjà installé est de bonne humeur, ce soir, avec ce groupe managé par Mr. Fridén en personne, et lui offre un accueil poli et, en même temps, vigoureux ; ce qui promet une poursuite de soirée sous les meilleures auspices. (5/10)
Suite à ce court premier passage en demi-mesure, RISE TO REMAIN investissent alors, à leur tour, les planches de l’Olympia, drapées à l’effigie de leur dernier album, City Of Vultures, davantage pour le pire que le meilleur. Menés par le fils Dickinson, les membres au look Screamo/Metalcore dévoilent pourtant une énergie bienvenue. Effectivement, le chanteur, en marcel, est déchaîné et saute dans tous les coins de la scène, fait tournoyer son micro et prend parfois des poses à la ATTACK ATTACK! lors de certaines parties dansantes. Les guitaristes sont également en mouvement perpétuel. Et le public répond avec amusement aux demandes d’applaudissements. La fanbase française du combo semble d’ailleurs être sur place au vu du drapeau fanmade qu’a récupéré Austin Dickinson. Il est juste dommage, tout simplement, que la musique qui nous est présentée soit si mauvaise. En dépit de sa véhémence, le chant hurlé éraillé du frontman est pénible, déplaisant, tandis que ses vocaux clairs sont d’une rare platitude. Quant aux cordes, les riffs sont tout juste basiques, et les tentatives de solos s’avèrent inutiles au sein des compositions. En somme, que ce soit sur sa mélodie, ou sa violence relative, RISE TO REMAIN n’en maîtrise aucune ; ne lui reste que son entrain appréciable. Pour autant, il s’agit assurément du set le plus dispensable de la soirée. (3/10)
Setlist RISE TO REMAIN :
- Intro
- The Serpent
- This Day Is Mine
- City Of Vultures
- Power Through Fear
- Nothing Left
- Bridges Will Burn
Comme début des hostilités, l’on aurait clairement pu espérer meilleurs divertissements. C’était sans compter la présence de GHOST que j’avais, à mon grand dam, ratés lors de leur passage au Hellfest. Voici donc une bonne occasion de se rattraper. A leur entrée sur scène, le ton est donné. L’atmosphère y est particulière, dans cet ensemble de samples religieux, tandis que des silhouettes encapuchonnées se positionnent derrière leurs instruments, et que le frontman, au maquillage squelettique et à la calotte ornée d’une croix inversée, entame sa litanie. Les décors représentants des vitraux d’églises, ou cathédrales, finissent d’apporter la touche visuelle nécessaire à l’imagerie du combo. De même, les jeux de lumières sont merveilleux et, de leurs teintes rouges et bleutées, se reflètent en nuances violacées hypnotiques sur la soutane de Papa Emerita.
La formation suédoise offre une musique étonnamment mélodique, aux tonalités parfois Pop dans les vocaux. Le chanteur bénéficie, en effet, d’une superbe voix claire envoûtante, qui se marie très bien avec l’instrumentation groovy et temporisée. Qui plus est, les mélodies se voient subjuguées par les chœurs, rendant quelques fois l’ensemble un peu dansant. Notons également un jeu de basse exquis, s’émancipant en une dynamique palpable lors de morceaux tels que « Satan Prayer ». Le vocaliste arpente la scène tout en affichant un flegme et une gestuelle propres à son personnage de cardinal. Du côté des autres membres du groupe, tous vêtus de manière similaire, encapuchonnés comme la grande Faucheuse, il y a peu de mouvement. Toutefois, de voir ces silhouettes sombres sans visage s’agiter sur leurs instruments engendre un aspect grandiloquent et amusant, adéquat à la vision du combo. Avec une fumée à l’impact funèbre enveloppant la scène, et des orchestrations religieuses marquées, la part belle est laissée aux ambiances élégiaques qui permettent à cette aura singulière de fonctionner sur une partie du public.
Et oui, car, avec étonnement et consternation, l’on entend un bonne frange des spectateurs huer dès la fin du premier titre. Réaction bête, mais admettons qu’ils n’ont pas entièrement tort au vu du style plutôt Heavy dans lequel officie GHOST, comparé aux autres formations présentes ce soir. L’on constate, néanmoins, qu’à la conclusion de leur set, les Suédois essuient moins de quolibets et ont acquis davantage de disciples à leur cause. (7/10)
Setlist GHOST :
- Con Clavi Con Dio
- Elizabeth
- Prime Mover
- Death Knell
- Satan Prayer
- Ritual
L’on commence désormais à s’attaquer au vif du sujet, avec un des groupes les plus attendus de cette soirée : TRIVIUM. Et les acclamations de la foule dès les premières notes de l’intro ne trompent pas sur le fait que le public présent n’est pas là que pour IN FLAMES.
A l’image de l’amorce de leur dernier album, In Waves, c’est le titre éponyme de l’album qui se charge de déclencher les hostilités, et de dévoiler un quartette très en forme. La setlist est évidemment axée sur le disque de cette année, occupant la moitié des morceaux. Mais ces nouveaux titres se fondent à merveille avec les pistes phares des opus précédents, dégageant tous une puissance différente en live, et provoquant un engouement certain de la part du public. Les fans ne peuvent s’empêcher de reprendre en chœurs un tube comme « Down From The Sky », ou bien de gratifier la formation américaine une ultime fois en se défoulant sur le dément « Throes Of Perdition ». L’on aurait, tout de même, à l’instar de quelques dates précédentes du groupe, espéré avoir un « Dusk Dismantled » qui, avec sa rythmique imparable, s’annonçait comme une pierre angulaire pour le live. Dommage.
Mais, peu importe, l’énergie que dégage Matt Heafy sur scène est phénoménale et les nouvelles pistes affirment leur potentiel live, se faisant très accrocheuses et dynamiques pour les spectateurs qui ne peuvent s’empêcher de suivre le mouvement. Très en forme, le frontman réalise une excellente prestation, usant des différentes nuances de sa palette vocale avec aisance et conviction. « A Gunshot To The Head Of Trepidation » produit d’ailleurs toujours son petit effet dévastateur avec Matt très vindicatif derrière son micro à pied. Plutôt statique à cause de ça, il profite des passages sans vocaux pour se déplacer vers son public, avec lequel il communique, fait de l’humour, et qu’il remercie en français. Et lorsqu’il lui fait signe d’applaudir, la foule répond sans concessions, et permet de faire gagner en profondeur le pont d’arpèges de « Caustic Are The Ties That Bind ». Le solo, tout comme ceux des autres titres, y est également excellemment rendu, exécuté sans laisser poindre l’ennui, toujours avec une dynamique entraînante.
A la batterie, Nick assure ce qu’il faut, dégageant une rythmique détonante qui mène la fosse dans son sillage. Le public des Floridiens est chauffé à blanc, et les acclamations fusent tout le long du set, tout autant que les paroles reprises à l’unisson. Le guitariste et le bassiste demeurent généralement tranquilles, se contentant d’échanger leurs places aux extrémités de la scène. Néanmoins, Corey semble plus faire un travail de routine, que de pleinement s’amuser ; mais tant que son jeu est carré… Finalement, TRIVIUM livre là un show énergique, bien aidé d’un public plus qu’agité, n’augurant que du bon pour les véritables stars de la soirée. (8/10)
Setlist TRIVIUM :
- Capsizing The Sea
- In Waves
- Drowned And Torn Asunder
- A Gunshot To The Head Of Trepidation
- Built To Fall
- Caustic Are The Ties That Bind
- Black
- Dying In Your Arms
- Pull Harder On The Strings Of Your Martyr
- Down From The Sky
- Throes Of Perdition
Suite à un entracte de 20 minutes, qui s’est écourté grâce au très bon travail des ingénieurs son depuis le début de la soirée, la salle se plonge de nouveau dans le noir, ne laissant qu’éclairé un rideau blanc en bordure de scène. Derrière, tandis que les notes acoustiques de « Sounds Of A Playground Fading » résonnent, l’on distingue les ombres des musiciens s’installant à leur poste. Puis, le rideau tombe à l’instant où la rythmique se met en branle, et où IN FLAMES annonce un show d’envergure.
La setlist a été pas mal remaniée dans les ordres de passage, et ce sont les trois premiers titres du nouvel album qui font office de démarrage. Je dois dire que j’ai été agréablement surpris par le public parisien. Habituellement, il y a toujours un petit lot d’irréductibles pour huer les Suédois sur leurs derniers morceaux en date ; ce soir, ce n’est pas le cas. En effet, tout le monde est clairement venu en tant qu’amateur du son des originaires de Göteborg, quelle que soit sa tendance stylistique. Qu’il s’agisse d’anciennes compositions, ou des plus récentes, les spectateurs scandent chaque refrain d’une même voix. Et heureusement qu’ils connaissent les paroles des petites dernières, car ce n’est pas moins de huit titres qui sont issus de Sounds Of A Playground Fading, contre seulement quatre pistes de la période oldschool et, bien sûr, les habituels singles des autres albums, à l’instar de « The Quiet Place », tube live infaillible baigné d’une lueur cyan. L’on a donc quelques classiques jouissifs de la trempe de « Colony », superbement bordée de lumières rougeoyantes, ou d’un « Only For The Weak », le titre phare pour envoyer la fosse au plafond, et qui est filmé par une amie du groupe - l’on attend toujours de voir la vidéo ! Mais, il faut avouer que les nouvelles compositions se défendent bien mieux en live, prenant une ampleur plus appréciable que ce que laissaient paraître les versions studio. A l’image des fantastiques samples d’un « Fear Is The Weakness », les synthés instaurent une ambiance spéciale dans l’enceinte de l’Olympia. Qui plus est, de nombreux slammeurs s’élancent sur la marée humaine, et davantage suite à la petite remarque d’Anders sur le peu de travail donné aux gars de la sécurité, comparant les Français à l’Allemagne. Il est vrai que le public, en ce lundi soir, est particulièrement vivace, contrastant avec celui du Hellfest. Ça pogote dur au centre de la salle, et les applaudissements vont bon train lors des intros, des ponts, ou bien pendant les sections acoustiques. De plus, les acclamations grondent à chaque fin de titre, si bien que le frontman a parfois du mal à les faire taire pour placer quelques mots.
Si le public est autant déchaîné, c’est parce qu’il voit que le groupe qu’il est venu soutenir se donne lui aussi à fond. En effet, Anders est dans une forme monumentale. Certes, il n’a plus la même énergie qu’il y a cinq ou six ans, il bouge moins et il a peut-être perdu ce petit grain de folie d’avant, mais on le sent enclin à se démener, et sa prestation se hisse allègrement au-dessus des derniers concerts effectués dans la capitale. Affichant une meilleure maîtrise vocale, il réinterprète les titres avec justesse, même ceux à chant clair, où il s’est souvent montré bancal dans ce domaine, comme le très Pop/Rock « Liberation », bien appuyé des claquements de main du public. L’on remarque, tout de même, l’aide de samples clairs par moment, ou même d’autres growlés (évidents sur « Colony ») lors des passages plus gutturaux, dans le but de gagner en profondeur et en impact. Le frontman suédois s’adresse constamment à la foule, même pendant les morceaux, et devient instigateur de la bonne ambiance qui perdure durant le set. La très bonne communion qui s’établit avec les spectateurs donne lieu à un « Trigger » correctement repris par les fans, après insistance du vocaliste suite à deux premiers essais peu fructueux. Et « Come Clarity » profite également d’une parfaite cohésion du chant de la fosse.
Quant à Björn, il est, en quelques sortes, le pilier rassurant du groupe sur scène. Toujours souriant, on voit qu’il prend un plaisir sincère à offrir sa musique à la foule. Notons, néanmoins, que les solos paraissent, dans l’ensemble, un peu rigides. Peut-être est-ce dû à l’accordage nécessaire pour les titres du nouvel album ? En tout cas, malgré des riffs entraînants et leads catchy, l’on ressent qu’il leur manque leur feeling mélodique à ces démonstrations. Et pourtant, l’on n’a pas l’impression qu’il a du mal à les jouer. On constate aussi de l’acoustique, ainsi que certaines lignes de guitare samplées sur des pistes comme « Ropes », qui n’en restent pas moins puissantes en live. Pour ce qui est de Niclas, tournant maintenant avec le groupe depuis plus de deux ans, son intégration scénique n’est plus à juger. Le bonhomme joue les morceaux sans faille, et est également content d’être là, au vu de la constante banane qu’il arbore en guise de sourire naturel. Sa présence est énergique, et on le voit se promener sur scène pour faire des duos avec ses deux autres compères aux cordes.
D’ailleurs, Peter demeure sobre, mais efficace et, lui aussi, souriant. Contrairement au rendu studio, c’est avec joie que l’on peut entendre son travail sur les pistes du dernier disque. Se baladant tranquillement sur les planches, il remue la tête à quelques occasions et assure un jeu de basse solide. En outre, il profite de « Darker Times » pour déployer une force écrasante ponctuée avec précision par Daniel. Il est difficile pour un batteur de se faire vraiment remarquer pendant un show. Toutefois, l’on ne peut pas dire que le père Svensson cherche à l’être. Comme à l’accoutumée, il se contente, dans son coin, d’abattre ses partitions, justement supplée des jeux de lumières dynamiques qui s’accordent à ses plans, ainsi qu’aux samples. Il mitraille une dernière fois son instrument à l’occasion de « Take This Life », piste de clôture du show qui n’en a, pourtant, pas la teneur. Quoiqu’il en soit, cela donne une ultime occasion à la foule de se lâcher sans vergogne, malgré la fatigue au bout de vingt titres, histoire de remercier les Enflammés de cet excellent concert qui confirme leur professionnalisme scénique. (9/10)
Setlist IN FLAMES :
- Sounds Of A Playground Fading
- Deliver Us
- All For Me
- Trigger
- Alias
- Colony
- Swim
- The Hive
- The Quiet Place
- Where The Dead Ships Dwell
- Fear Is The Weakness
- Come Clarity
- Ropes
- Darker Times
- Liberation
- Only For The Weak
- Delight And Angers
- Cloud Connected
- The Mirror’s Truth
- Take This Life
Finalement, ce concert du 28 novembre 2011 permis de passer une très bonne soirée, malgré un départ quelconque avec INSENSE, puis une prestation très maladroite de RISE TO REMAIN. On note également un petit écart de programmation pas forcément bénéficiaire à GHOST, puis un professionnalisme presque sans faille des deux formations principales qu’étaient TRIVIUM et IN FLAMES. Les Américains ont fini de gonfler la fosse à bloc par un set dévastateur, tandis que les Suédois ont enchaîné efficacité et humour tout au long d’un show énergique et carré. S’il faut se restreindre au niveau de leurs passages en nos contrées pour avoir de tels lives, alors cela en vaut la peine ; avec, toutefois, moins de groupes d’ouverture la prochaine fois.
Ajouté : Mardi 10 Janvier 2012 Live Reporteur : CyberIF. Score : Lien en relation: In Flames website Hits: 15974
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