S’il est bien une chose qu’il est difficile de faire avec ce dernier album de DEFDUMP, This Is Forevermore, c’est de la classer quelque part. Je l’ai rangé dans le Hardcore parce qu’il fallait bien trouver un endroit pour le mettre sur les étagères, mais franchement, c’est aussi réducteur que de dire que Le Pen est seulement un gros con. Je ne savais vraiment pas où je me rendais avec l’écoute de cet album. Une pochette qui aurait très bien pu aller à un groupe de Pop que mes oreilles n’auraient eu aucune chance de rencontrer, des morceaux aux titres pas franchement évocateurs puisque des fois pas nommés (certains morceaux sont découpés en plusieurs parties qui sont seules à porter un nom) et un groupe dont je n’avais jamais entendu parler auparavant. Je suis donc arrivé naïf et tout vierge - presque comme le jour de ma première biture - de préjugés quand mes doigts fébriles ont pris le CD entre eux.
Et là, paf, pif, plang, comme dirait Pif, j’ai pris un coup dans la caboche. Et je n’ai eu plus qu’une seule idée en tête : creuser plus profondément dans ce magma informe et biscornu que nous proposent les luxembourgeois. Parce qu’étrange et insolite, ce disque l’est sans aucune doute possible. A la fin de la première écoute, je me suis dit que j’avais écouté un disque digne du délire qu’était le premier album de SYSTEM OF A DOWN mélangé avec la mixture bizarre de PRIMUS dans laquelle on aurait glissé des riffs de guitare hallucinatoire à la SCAT OPERA. Et comme si cela ne suffisait pas, on retrouve aussi des influences Noisy et Electro, un chant Screamo et une bonne dose d’imagination Progressive. Dit comme ça, c’est sûr que cela semble assez indigeste. Eh bien non ! Les gars garçons ont l’immense talent d’avoir complètement digéré et assimilé leurs influences et d’être capable de les ressortir dans des morceaux certes fourre tout mais superbement réfléchis et millimétrés. De véritables petits bijoux d’orfèvrerie. Même le chant Screamo, que j’abhorre en général passe ici comme une fleur tellement il est maîtrisé et compréhensible.
Par bien des aspects, DEFDUMP pourrait paraître pour un groupe dans le vent qui utilise des artifices à la mode pour sortir son disque. Ce serait une grave erreur que de rester sur cette impression. Parce qu’une telle maturité dans une musique aussi complexe est presque un cas d’école.
Et les morceaux dans tout ça ? On oscille entre des morceaux comme « The Perfect Moment » qui est à lui tout seul un énorme bout de bidoche qui pourrait résumer ce qu’est cet album, s’il n’était pas aussi "inrésumable" et d’autres délires comme « Reflection On Iris » qui est un concentré de moins d’une minute de violence et d’influences bruitistes. Et puis il y a aussi le très planant « Mythen Sollten Mythen Bleiben » qui suit un formidable « Esse ».
Alors oui, bien sûr, cet album ne plaira pas à tout le monde. Je le concède, il est très conceptuel. Et sans aucun doute, il faut rentrer dans sa folie pour l’apprécier vraiment. Mais quand on y arrive, putain ce que c’est bon !