Si vous êtes à la recherche éperdue d'un monde empli de joie et de bonne humeur où l'enthousiasme de Noël vous met du baume au coeur, alors vous avez frappé à la mauvaise porte car Forest Stream ne sera pas de compagnie idéale. En effet, ce groupe né en 1995 nous vient de Russie, il est inspiré par Katatonia et My Dying Bride et s'est formé dans le but de créer la musique la plus triste de l'existence. Après deux démos, il signe chez Elistist Records pour un contrat de 4 albums. Forest Stream nous présente donc "Tears Of Mortal Solitude", première oeuvre d'une trilogie dont le concept "All the sorrow, all the majesty and all the hate", nous apparaît sous forme de programme musical des années à venir du groupe.

En combinant l'âge d'or du début des années 90 et sa vague de groupes Doom anglais, avec l'indubitable explosion du Black Metal norvégien dans une approche moderne, on évoque ici toutes les images mentales de la désolation, de l'amour perdu et du morne et implacable désespoir. Avec un sens épique et symphonique dans l'idée de nous envelopper dans une atmosphère prédéterminée, nous partons pour une exploration profonde de notre côté obscur et toutes ses déclinaisons.
Les titres apparaissent soigneusement travaillés. On retrouve inévitablement le fantôme de My Dying Bride sur certains riffs et certaines constructions ("Last Season Purity" rappelant "Cry of Mankind" voire "The Dreadful Hours") sans atteindre bien sûr sa magie car il manque encore ce petit quelque chose qui fait toute la différence. C'est un challenge peu évident mais "Tears Of Mortal Solitude" repose sur des mélodies imparables et sur une voix Death à plusieurs facettes, il est aussi parsemé d'ambiances atmosphériques développées et toujours un tantinet tristounettes. C'est à partir de quelques références évocatrices que Forest Stream est parvenu à créer un album qui s'écoute dans sa totalité mais nécessitant vraiment plusieurs écoutes afin de découvrir toutes les subtilités sonores de l'oeuvre. L'album envoûte et c'est bien là la qualité majeure. Il sait aussi bien se faire hypnotique que sensiblement agressif et cela permet à l'auditeur de s'enfermer dans son propre coma intangible.

Il est difficile de trouver une identité propre tant les clins d'oeil à leurs maîtres sont nombreux. Cependant, Forest Stream a de sérieux arguments pour séduire (le sens de l'émotion, la sensibilité et la maîtrise), ainsi que la suite et fin de leur trilogie qui nous laisse présager des ambiances différentes. En définitive, ce groupe russe réussit tout de même à nous plonger dans la tristesse et la dépression pour les fêtes de fin d'année.