DORO (de) - Alhambra à Paris (21/10/11)
Groupes Présents au concert : MERENDINE (it), DORO (de)
Date du Concert : vendredi 21 octobre 2011
Lieu du Concert : Alhambra (Paris, France)
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Faisant fi du grand froid qui engourdit Paris depuis quelque jour, je me dirige ce soir vers l’Alhambra, superbe salle du 10ème arrondissement de Paris, pour célébrer comme il se doit la nouvelle venue de la belle Doro dans notre (plus si) beau pays, après son passage au Hellfest 2011.
Accompagnée sur cette fin du In Rock World Tour 2011 par les vétérans italiens de MERENDINE, notre reine du Metal nous a offert ce soir une prestation très solide qui a su satisfaire tous les fans de Rock dur germanique.
Mais commençons donc par le hors d’œuvre qui fut assez copieux, avec le quartette transalpin de MERENDINE, qui agite son Metal classique teinté de Hardcore sur les scènes européennes depuis pas mal de temps.
En vieux baroudeurs, l’épreuve du live est devenue une simple formalité pour eux, ce qui ne les empêche pas de se livrer corps et âme pour leur public. Et après une entrée sur scène assez réussie, durant laquelle le groupe arbore des masques blancs délicatement maquillés, les décibels secouent la salle, et la sauce est envoyée.
Musicalement, ça tourne rond, mais ça finit quand même par tourner en rond aussi au bout de huit morceaux tant les variations de leur musique sont infimes. Les riffs efficaces sonnent convenus, les textes revendicateurs n’évitent pas certains clichés en vogue dans les années 80/90, et le son assez bizarre, mettant la guitare très en avant au détriment de la basse et du chant donne parfois l’impression d’assister à une répète plutôt qu’à un concert.
Mais la bonne humeur ambiante et l’énergie développée sur scène par les quatre musiciens très capables (mention spéciale au batteur qui sait trouver de petits plans créatifs qui aèrent l’ensemble un peu trop compact) finissent pas emporter l’adhésion, et on se prend à doucement dodeliner de la tête au son des morceaux les plus costauds.
Avec une animation « surprise » offerte par les musiciens de Doro, qui débaroulent on stage pour venir faire leur petit numéro, les masques de MERENDINE sur le visage, et un chanteur qui ne ménage pas ses efforts pour impliquer le public, le bilan finit par être positif, et c’est le sourire aux lèvres que le quartette s’en retourne en backstage, non sans avoir annoncé la venue prochaine de Doro.
Le gigantesque et superbe backdrop de la reine de la soirée devient enfin visible, agrémenté de jolis drapeaux frappés d’images de dragons pour planquer les amplis, et après l’intervention de rigueur d’un monsieur loyal visiblement très heureux d’être là, c’est enfin le moment tant attendu par les fans…
Et c’est ainsi que la Metal Queen qui a tant alimenté nos fantasmes les plus nocturnes finit par apparaître devant nous, fraîche comme au premier jour, et apparemment très en voix. Le concert débute par un « Earthshaker Rock » tonitruant qui place la barre très haute. Backing band déchaîné, front woman intenable, le concert promet d’être chaud, aussi chaud qu’une antique fonderie d’outre Rhin. Et à partir de ce point, deux solutions. Soit le Metal germanique classique et solide est votre tasse de thé, et le Nirvana vous guette à chaque riff, soit le légendaire « Choucrouten Tango » de notre Annie Cordy nationale vous donne des hauts le cœur, et l’heure et demie à venir va être une véritable torture. Mais en estimant raisonnablement que si le public a répondu présent en masse ce soir, c’est signe que la première éventualité est la bonne explication, et il convient alors de traiter ce concert d’une manière objective, et de se positionner en fan lambda.
Et dans ce cas précis, cette prestation mérite des louanges. Avec à contrario de la première partie un son impeccable, un groupe au sommet de sa forme, et une setlist (voir plus bas) apte à ravir tout le monde, Doro avait peu de chance de se planter, et ce ne fut bien sur pas le cas.
Unique survivante de la frange féministe de Metal des années 80, Doro prouve ce soir que si elle est encore là en 2011, ça n’est pas un hasard. Après des errances au début des années 90 et une orientation US radiophonique très poussée, elle est revenue à ses premières amours, le Heavy solide et épais, et ne se gêne pas pour piocher un peu dans toute sa discographie pour contenter ses fans, période WARLOCK incluse bien sur. Tous les hits sont là, tous les albums sont abordés, et ce sont bien sur les morceaux les plus cultes qui déchaînent le public, tel ce « All We Are », qui est toujours l’hymne incontournable qu’il était déjà il y a plus de vingt ans, ou encore « Burning The Witches », « Raise Your Fist », ou « True As Steel », j’en passe et des meilleurs.
Et si Tarja lors du Sonisphère 2011 avait tenté de convaincre son public qu’elle était capable de faire le signe du diable aussi fréquemment que Corey Taylor gueule des « I wanna see your fucking fists in the air ! », elle reste une débutante pathétique en comparaison de Doro, qui doit certainement s’amidonner l’index et l’auriculaire pour pouvoir les garder en l’air aussi longtemps. Mais qu’importe, nous sommes là ce soir pour déguster une bonne dose de Metal basique et efficace, et c’est un euphémisme de dire que notre assiette fut copieusement remplie ! Avec quand même des interludes apaisants, « Fur Immer » et ses volutes doucereuses en tête de liste, ce concert méritait le déplacement, et les reprises de JUDAS PRIEST (« Breaking The Law »), ou de DIO (« Egypt ») ne sont pas venues me contredire.
Doro arpente la scène comme un diable qui sort de sa boite (en faisant les cornes avec ses doigts bien sur…), harangue le public en extase (sans oublier de dresser son index et son auriculaire évidemment), et module sa voix magique avec l’aisance d’une guerrière amazone.
En quelques phrases prononcées dans des langues différentes, dont certaines dans un français mâtiné d’un accent germanique sensuel, Doro sait exactement ce qu’il faut faire pour mettre ses fans dans sa poche, et ne s’en prive pas.
Musicalement, rien à dire sur son groupe, qui ne ménage pas non plus ses efforts (avec un bassiste qui ressemble à s’y méprendre au Nikki Sixx de Shout At The Devil), et assure sa partie instrumentale les doigts dans le nez.
Alors bien sur, en grand allergologue spécialisé dans les pathologies dues à l’excès de Metal d’outre Rhin, ce concert ne fut pas vraiment une épiphanie personnelle. Mais il faut savoir ranger ses à priori de revers soi, et admettre objectivement que ce show fut une grande fête, et à voir les mines réjouies de la majorité des fans présents, je dois en conclure que Doro à rempli son contrat, et même plus. Voilà un petit bout de femme qui suit sa route depuis maintenant presque trente ans, sans jamais faiblir, et qui, en 2011, reste plus que jamais d’actualité. Ses concerts sont toujours solides, et ne sont pas de vulgaires obligations de service bâclés par une artiste usée et désabusée, bien au contraire.
Et quels mots pourraient mieux la définir que ces quelques vers qu’elle a chanté avec WARLOCK il y a si longtemps, mais qui résonnent ce soir encore comme un leitmotiv :
« Now we're stronger
We no longer want you bringin' us down
We've got the magic
So we're gonna spread the magic around »
Ajouté : Lundi 24 Octobre 2011 Live Reporteur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Doro website Hits: 16697
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