IRON MAIDEN sans Bruce, c’était IRON MAIDEN, JUDAS PRIEST sans Rob, c’était JUDAS PRIEST, et MERCYFUL FATE sans King Diamond, c’est … FORCE OF EVIL. On retrouve en effet dans ce groupe la paire de six-cordistes Michael Denner / Hank Shermann, deux membres du MERCYFUL FATE original et dont le talent n’est plus à démontrer. Après une reformation en 1993 du FATE de légende (album In The Shadows, puis les sublimes Time en 1994 et Into The Unknown en 1996), le groupe s’essouffle quelque peu (le Nine de 1999 est décevant), et se décourage à la recherche d’un éventuel label. King Diamond retourne donc à sa carrière solo, et Shermann et Denner forment FORCE OF EVIL en Septembre 2002.
Pour « succéder » au King (tâche impossible d’avance, aussi bien en terme de personnalité que de talent musical), FORCE OF EVIL lance Martin Steen (ex-IRON FIRE) dans le grand bain. A noter que Hal Patino (basse, ex-KING DIAMOND !) et Bjarne T.Holme (batterie, ex-MERCYFUL FATE !) complètent le line-up. Une introduction instrumentale et nébuleuse amène « Hell On Earth », un premier morceau très Trash / Power, où Steene alterne chant rocailleux et aigu (digne de Phil Anselmo sur le Cowboys From Hell de PANTERA). Le style MERCYFUL FATE est immédiatement identifiable : nombreux breaks, mélange de riffs endiablés et rythmiques Heavy, et c’est encore plus vrai sur « Mindbreaker », dont le final explosif nous amène presque au JUDAS PRIEST de Painkiller ou Jugulator.
Rassurez-vous, le fantôme du FATE ne s’éloigne jamais trop loin : FORCE OF EVIL, à l’image de son illustre prédécesseur, oscille entre Thrash mélodique et Heavy Metal diabolique. N’oublions pas que nos Danois préférés ont largement influencé METALLICA : en ce sens, « Samhain », à l’intro lourde et malgré une rythmique assez classique, se voit sauvé par un thème guitaristique aussi inquiétant que celui de « For Whom The Bell Tolls ». Les novices de MERCYFUL FATE comprendront aussi à l’écoute de cet opus les origines d’un combo comme WITCHERY…
Mais là où l’on ressent un certain malaise, c’est que cet album, et absolument TOUT l’album, aurait pu (aurait du ?) être chanté par le grand, l’unique King Diamond. Steen s’en sort très bien, et s’inspire largement du King, au point de le singer sur « Eye Of The Storm » (morceau ultra-heavy proposant une orgie de riffs et de solos). Pire, il règne peu à peu une impression de « déjà entendu », on frôle par moments l’auto-parodie, et il manque des titres forts : ici, point de « Come To The Sabbath », « Evil » ou « Angel Of Light ». Le talent de Shermann et Denner, par de multiples inspirations de haute volée, transcende heureusement la plupart des chansons de FORCE OF EVIL : « Misery Man » et ses doubles lead guitares mélodiques, ou encore « Eternity » et son solo presque bluesy.
Alors à tous les fans de MERCYFUL FATE, comme moi, je leur recommanderais de se balancer un bon vieux Don’t Break The Oath ou Time du groupe original. Pour les autres, reconnaissons là un album efficace et relativement bon… Mais allez écoutez Don’t Break The Oath quand même, bande d’incultes, avant que le King ne vende votre âme au Démon !!