Ce troisième album des Canadiens est compact et dense, mais paraît aussi plus canalisé. La voix de Kevin, qui remplace Gabriel au poste de chanteur, y est vraisemblablement pour quelque chose : moins hystérique, elle se veut aussi plus abordable. De là à dire que la musique de ION DISSONANCE est facile d'accès, rien n'est moins évident. ION DISSONANCE, c'est du Mathcore : complexe et alambiquée donc, comme peut l'être l'équation visant à déterminer à quel point x deux trains se croiseront ou à quelle heure h une baignoire se remplira sachant que, par défaut d'étanchéité, celle-ci perd 10 % de son volume d'eau toutes les 15 minutes. L'influence de MESHUGGAH est palpable mais cela n'enlève rien au travail de déstructuration des Montréalais. L'album ne dure que 30 minutes mais un être normalement constitué en supporterait-il plus ? Leur premier méfait s'intitulait Breathing Is Irrelevant et autant dire qu'il est bien difficile ici de reprendre son souffle. L'auditeur se retrouve rapidement à court d'oxygène. Minus The Herd donne l'image d'une canalisation de gaz sous pression. Les tuyaux en cuivre se tendent et se déforment sous ces assauts répétés de riffs dissonants et de rythmes à contretemps et l'harmonie cylindrique appartient rapidement au passé. Des fissures apparaissent ici ou là, mais alors que l'auditeur pouvait espérer un relâchement de pression, cela augure plutôt une dispersion du gaz, prélude à l'explosion. Même l'interlude, mais en est-ce bien une ?, « Untitled », n'apaise pas totalement nos esgourdes. Difficile d’ailleurs, à l’issue de l’écoute de ces dix compos, d’en retenir plus particulièrement l’une que l’autre. Je parlais de gaz, ce qui m'amène à une autre métaphore : la musique de Minus The Herd dérange et démange comme des hémorroïdes dans le f-ION.