DEVIN TOWNSEND (ca) - Ziltoid, The Omniscient (2007)
Label : InsideOut Music / Wagram
Sortie du Scud : 21 mai 2007
Pays : Canada
Genre : E.T. Metal
Type : Album
Playtime : 11 Titres - 54 Mins
Centième chronique, et pour l’occasion, je fête ça avec un de mes plus vieux potes, que je vénère depuis tant d’années, Devin TOWNSEND. Devin, génie pour les uns, immonde usurpateur bruitiste pour les autres, ne peut résolument laisser indifférent. Découvert par Steve VAÏ à 19 ans pour intégrer son projet Sex And Religion, il n’a cessé depuis de nous surprendre, de nous émerveiller, de nous agacer parfois, avec ses multiples projets en solo, ou avec backing band.
Le parallèle avec Steve VAÏ est d’ailleurs très révélateur sur un point au moins, tout du moins sur un nom. Frank ZAPPA. Frank et Devin ont ceci en commun qu’il n’ont jamais bridé leur créativité musicale pour satisfaire aux lois du marché. Ils sont aussi prolixes l’un que l’autre, et n’ont jamais fait peter le jackpot (Devin accuse des chiffres de vente extrêmement bas en France, malgré le support de pratiquement tous les magazines nationaux).
Il ne faut pas prendre Devin comme un musicien de Metal lambda, mais ça, tous ses fans l’ont déjà compris depuis des lustres. Devin est une machine, une machine en perpétuelle activité. Mais une machine dotée de sentiments humains, et qui compense ses réactions émotives par un trop plein d’inventivité, qu’il doit libérer de temps à autre. Et force est d’admettre que cette fois ci, il est plutôt facétieux.
Nous errerons encore une fois dans les méandres d’un concept album, qui n’est pas sans rappeler l’univers si fécond et poétique d’un Tim BURTON, celui de Mars Attacks en l’occurrence. Dire que Devin s’est déchiré est un euphémisme. S’il était égocentrique (et il l’est dans une certaine proportion), il tiendrait la le tribute rêvé en l’honneur de son génie.
L’histoire est simple. ZILTOÏD, l’omniscient, a parcouru tout l’omnivers à la recherche du carburant parfait, qu’on ne trouve en abondance que sur la Terre : le café noir. Dès l’énoncé de la trame vous l’aurez compris, l’aventure risque d’être hilarante. Et c’est là tout le talent de Devin. Il aurait pu tomber dans le grotesque assez facilement, mais non, car le décalage entre la fantaisie de l’histoire et la beauté de la musique nous place en porte à faux. On se réjouit des péripéties de cette créature tout en tombant à genoux devant la grâce des morceaux proposés.
Sans aller trop loin, nous tenons là le meilleur album du bonhomme, allant même jusqu’à surpasser le brillantissime Biomech.
On retrouve ici tous les ingrédients qui ont fait la légende de Devin. Un gros fond de STRAPPING YOUNG LAD, une pincée d’OCEAN MACHINE, un zeste de PHYSICIST, une bonne louche de TERRIA, enfin, tous les chapitres de son épopée sont là.
Puissance 10..
Il est très difficile de décrire par des mots ce que l’on peut entendre sur ce disque, tant tout est une question d’émotions, contradictoires, complémentaires, basiques, essentielles. Multi-instrumentiste hors pair, Devin a sorti de ses tripes un mantra quasi hypnotique qui vous tient en haleine pendant presque une heure. Tout commence par une intro bien fun, ou nous faisons connaissance avec cet alien étrange, ZILTOÏD. La créature se présente, et nous livre la clé de sa quête, le café noir. « By Your Command » est le premier gros morceau du CD avec ses 8 minutes, sorte de discours apocalyptique sur fond de rythme tribal et de nappes de guitares menaçantes. Le guerrier abat ses cartes, et la foule scande son nom. « Ziltoidia Attaxx !!! » est une boucherie qui renvoie STRAPPING dans un vieux club de jazz, avec ses patterns rythmiques dignes d’un cartoon de l’enfer. Les choeurs sont légion, et la voix de Devin se fait nasillarde, ironique devant le côté roublard de l’affaire. « Solar Winds » débute sur fond d’arpèges électriques, calme, lancinante, Devin se fait rassurant, presque romantique, avant de partir en accélération heavy incroyable, puis de s’échouer sur un final éthéré progressif, le tout en quelques 10 minutes. « Hyperdrive » est dans la même lignée, avec son gimmick de guitare simple et répétitif mais accrocheur, « N9 » mixe Devin en arrière plan, et nous offre une construction en deux parties bien distinctes, avec un début mélodique, et un final très sombre. « Planet Smasher » est la plus agressive du lot, avec son tempo brisé se cassant sur les rives d’un refrain magnifique, ou Devin prouve encore s’il en était besoin, quel grand chanteur il est. « Omnisdimensional Creator » sert de transition vers la plus belle pièce du CD, « Color Your World », symphonie de poche de 9mns45, avec une intro apocalyptique qui percute au bout de quelques instants 5 minutes de plénitude harmonique, nous transportant dans les méandres de la pensée complexe de l’auteur, à grands coups de mélodies cristallines, pour finalement progressivement nous ramener à la violence du propos, qui se déroule tout le long du morceau suivant, « The Greys », en faisant corps avec lui. « Tall Latte », le final hilarant, n’est qu’une commande de différents types de cafés, du cappuccino, au grand café au lait.
Il est fort possible que cette chronique vous semble compacte, ou bien absconse. Mais comme je l’ai dit plus haut, l’univers de Devin TOWNSEND est à ce point particulier que le lexique moderne semble inefficace à le décrire.
Je crois que comme pour tous les vrais amoureux de la musique, il faut se contenter de s’allonger, de mettre le CD dans sa platine, et de se laisser porter par les ambiances crées par le maître.
Car c’est bien d’un maître dont il s’agit, ne vous y trompez pas, un simple coup d’œil à sa discographie si versatile et pourtant homogène suffit.
ZILTOÏD l’omniscient est un extra-terrestre amateur de café, dont il a besoin pour évoluer dans l’omnivers.
DEVIN l’omnipotent est un intra-terrestre qui a besoin de café pour évoluer dans son univers.
Vous ne trouvez pas le parallèle troublant ?
Ajouté : Dimanche 17 Juin 2007 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Devin Townsend Website Hits: 15263
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