Et dire qu’il y en a qui dépensent des milliards afin d’essayer de construire des machines à voyager dans le temps, alors qu’il suffit d’aller chez un bon disquaire qui sait se procurer autre chose que le dernier tube de Nana Mouskoury ou de la Pop Stac. ENEMY UNKNOWN, par exemple. Imaginez vous retrouvez quelques années en arrière, entre la sortie de Kill’Em All et Master Of Puppets. Avant No Prayer For The Dying mais après Hell Awaits. Dans cet espace temps où le Thrash fleurait bon les jeans moule bites, les ceintures en cartouche et les baskets aux languettes dépassants. Ça y est, vous y êtes ?
Vous êtes donc totalement dans l’ambiance pour aborder Alert Status: Red, premier album de ENEMY UNKNOWN. Ça ne sent pas le plagia, mais la grosse nostalgie, l’envie de faire revivre cette époque mythique, sans aucune honte. Parce que le quatuor s’en sort finalement plutôt bien. C’est vrai, ça n’a pas forcément le charme d’un METALLICA ou d’un SLAYER de l’époque, mais ils n’ont pas non plus à rougir de leur production. Des titres comme « Hatred Of Youth », avec son break qui se répète très mélodique, n’est pas sans faire penser à un bon IRON MAIDEN en forme et « Feel The Burn » peut faire penser aux titres les moins brutaux d’un SLAYER moins en forme. Leur titre le plus long, « Tot To Toe », est un peu le point culminant de l’album, même si les riffs ne sont pas les plus entraînants. Par contre, « The Legion », avec sa simplicité enfantine, donne vraiment envie de bouger dessus avec des potes.
Le plus gros point noir du groupe est la voix qui est trop monotone et sans réelle force. Elle aurait pu être simple, mais pleine de puissance et de quelque chose de vibrant, mais elle est juste là, agaçante. Ses trois pauvres notes ne suffisent pas à imposer le chant comme un élément majeur de la musique. Et pourtant, on l’entend beaucoup. Trop. Il y a des exemples de chanteurs qui ne sont pas excellents mais qui dégagent un charisme fou (Lemmy, Araya…), mais là, on ne joue pas dans la même catégorie. Dommage, ENEMY UNKNOWN, à défaut d’être un grand groupe, aurait pu être une bonne surprise. C’est juste un moment sympathique qui s’oubliera sûrement assez vite.