APOCRYPHE (FRA) - Stunt Area à Illkirch (13/03/10)
Groupes Présents au concert : ETHROPIA (FRA), EDICIUS (FRA), APOCRYPHE (FRA)
Date du Concert : samedi 13 mars 2010
Lieu du Concert : Stunt Area (Illkirch, France)
On nous promettait l’enfer… c’est en quelque sorte le prix qu’on a payé en cette sombre mais agréable nuit du 13 mars 2010, en plein cœur d’une zone industrielle située à Illkirch, au sud de Strasbourg. Motivé par la présence d’APOCRYPHE et d’ETHROPIA, deux formations qui me sont familières (lire par ailleurs), je me décide à parcourir les quelques petits kilomètres qui séparent mon logement du Stunt Area, garage reconverti en salle de concerts pour assister à la prestation de trois groupes locaux qui commencent à sérieusement faire parler d’eux dans le coin. Accompagné de mon fidèle acolyte Julien, nous nous rendons dans ce no man’s land, défiguré par des usines, en vélo, dans l’espoir d’entreprendre une épopée mythique au retour d’un concert d’où nous espérons naturellement, sortir titubants.
Rejoints sur place par une collègue de travail, nous découvrons alors l’endroit, guère accueillant d’apparence. Dehors, la douce température nous encourage à continuer à faire vivre l’industrie du tabac avant de rentrer dans le local. L’occasion pour moi de converser un peu avec Lycan, sympathique chanteur d’ETHROPIA et de demander à quelle sauce nous allons être mangés. Apparemment et malgré un léger retard, la soirée s’annonce sous les meilleures hospices. Quelques motards se livrent à un rocambolesque concours de crissements de pneus sous nos yeux éblouis (non, je rigole).
Refusant d’avaler davantage de fumée, nous pénétrons dans le garage où ETHROPIA vient tout juste de commencer son show. Accueillis par Butcher et Ludow d’APOCRYPHE, nous nous trouvons un petit coin d’ombre pour apprécier le spectacle et décortiquer plus particulièrement la prestation de Lycan, pris de doutes après mon précédent live report. Copie presque conforme d’un loup-garou sous une lune nouvelle, le garçon rugit à gorge déployée et semble beaucoup plus à l’aise que lors du concert à La Charrue le mois dernier. Rien qu’avec le sang froid avec lequel a été gérée une petite panne de micro en début de set, on constate que la confiance règne à nouveau. Il y’a un feeling de retrouvé, un petit truc de différent et qui change considérablement la donne. Certes, la résonnance n’est pas terrible mais sa puissance vocale suffit à combler ce manque à gagner purement technique. Derrière lui, ses compères s’éclatent sur un Death mélodique toujours aussi inspiré, oscillant vers un ETERNAL TEARS OF SORROW ou un CHILDREN OF BODOM. Une nouvelle fois, je regrette la position timide de Gaëtan sur scène car le jeune homme à une classe évidente derrière ses claviers. Des sourires sont partagés entre les musiciens, le public est invité à s’en mettre plein la nuque devant la scène. Dans son rôle de chauffeur de salle, les mulhousiens offrent jusqu’ici la proposition la plus intéressante qu’il m’ait été donnée de voir. Leur set est agréable et varié, presque court. Les petits défauts entrevus il y’a quelques semaines ont tous été gommés, ce qui aboutit au final à une prestation mature et très professionnelle. ETHROPIA progresse à vitesse grand V. Je suis très fier de ce groupe et j’ai l’intime conviction qu’on en entendra reparler à un autre niveau d’ici peu. (note : 8/10)
Sans vraiment nous laisser le temps de respirer, EDICIUS entre en scène. Les balances rapides et bruyantes rapatrient tout le beau monde à l’intérieur pour assister au spectacle d’un groupe qui fait figure de fantôme dans la soirée. Personne ne les a jamais vus, personne ne connaissait leur existence. Et pourtant, cette petite demi-heure va être la claque de la soirée. Le trio investit la scène. Ils sont grands, ils sont imposants. Le chanteur/bassiste arbore un costume folklorique impressionnant. On a l’impression de voir Nergal de BEHEMOTH. Leur set débute dans la violence et la haine. A grands coups de Black Metal old-school et brutal, le trio nancéen balance un son absolument fabuleux qui laisse le public bouche-bée. La curiosité de la soirée est bien partie pour s’imposer comme la révélation. C’est peut-être l’avantage de ce genre de combo, inconnu au bataillon et qui a tout l’espace nécessaire pour s’exprimer sans trop de pression. Les trois compères ont tous autant de charisme les uns que les autres et évoluent dans un registre « à l’ancienne », teinté de Death par moment et qui rappelle la grandeur d’un ANTAEUS. Leur professionnalisme donne très envie d’en savoir plus, c’est pourquoi, à l’instar d’APOCRYPHE, quelques petits euros ne sont pas de trop pour acquérir un album. Scéniquement omniprésents, prenant souvent la peine de se réunir, de communiquer, de partager des moments de complicité, les mecs d’EDICIUS ont bluffé l’auditoire de par leur technique irréprochable, la classe de leurs compositions et juste ce qu’il faut de vista pour se mettre cent personnes en poche en un claquement de doigt. Respect. (note : 9/10)
Toutefois, ceux qui ont encensé EDICIUS n’ont guère oublié la raison de leur présence ce soir : la prestation d’APOCRYPHE. Les alsaciens avaient promis à leur public de mettre le feu au Stunt. Les nombreuses bougies qui éclairaient la scène de bois dans un esprit de rituel n’étaient pas loin de transformer prophétie en tragédie. Heureusement, le quartet à le sens du spectacle : mise en scène et corpsepainting sont au programme d’un set annoncé comme extrêmement « violent ». En effet, armés comme des guerriers parés au combat, APOCRYPHE investit l’estrade. Une musique d’ambiance résonne avant que nos blackeux ne fassent face à un public beaucoup plus concerné et amassé qu’au préalable. Hélas, l’élan de haine est coupé court par une défection du matériel qui prive l’auditoire de la belle voix de Mammon. Un peu pris au dépourvu, les plus aptes à résoudre ce contretemps s’activent et après dix minutes de flottement, le show peut reprendre. Le groupe enchaine dès lors les tubes déjà entonnés quelques mois auparavant au Kobus de Marlenheim pour la venue de FRAKTUR, le tout dans un esprit savamment old-school, à l’image de leur Black Metal brutal et sans concessions. Quelques nouveaux problèmes techniques nous feront deviner des larsens sur des parties de guitare ou un sabotage de la double pédale, sans grandes conséquences puisque derrière ces difficultés, APOCRYPHE reste très pro et comble les défaillances matérielles par un son burné. Dans l’euphorie générale, j’en profite pour échanger quelques mots avec les mecs d’EDICIUS à la caisse, profitant en arrière plan des envolées rageuses de la tête d’affiche. Comparativement à leur dernière sortie, les quatre compères paraisse en relative bonne forme, bien qu’un peu en deçà de leurs immenses capacités. Je n’oublie pas de mentionner le magnifique déshabillage de Doom pour le final, laissant entrevoir un corps lacéré maculé de sang. Conformément aux promesses faites avant le rendez-vous, APOCRYPHE nous a bel et bien offert un petit bout d’enfer en cette belle soirée. (note : 8/10)
Il est maintenant l’heure de revenir sur Terre et de rejoindre nos fidèles vélos sagement cadenassés à quelques mètres du hangar. Les bikers qui se sont livrés à une joute de pneus en début de soirée peinent à faire démarrer leur engin et semblent bien parti pour rentrer en taxi. Nous on était juste en vélo, mais au moins, ils roulaient... Et c’est sur ces mêmes outils mécaniques que mon compère et moi entonnons à gorge déployée dans les rues d’Illkirch l’entraînante « Stars Of The Final War ». Difficile de trouver meilleure preuve de l’état d’extase dans lequel nous ont plongées ces quelques heures en compagnie de groupes chaleureux et très talentueux. Je n’ai guère plus d’inspiration à cette heure tardive pour poursuivre ma conclusion en prose, ainsi je me contenterais simplement de remercier du fond du cœur ETHROPIA, EDICIUS et APOCRYPHE pour cette démonstration de Grande Musique.
Ajouté : Mercredi 07 Avril 2010 Live Reporteur : Stef. Score : Lien en relation: Apocryphe website Hits: 23360
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