STRATOVARIUS (fi) - Jens Johansson et Timo Kotipelto (Juin-2005)
On peut dire que le groupe de Metal Mélodique Stratovarius a fait parler de lui en 2004 ! Jens revient sur les nombreux problèmes auquel le groupe s’est retrouvé confronté et Timo Kotipelto nous en dit un peu plus sur ses projets solos. Et bien sûr, plein de détails sur le prochain album, sobrement intitulé Stratovarius et qui sortira le 5 septembre 2005.
Line-up : Timo Kotipelto (chant), Timo Tolkki (guitare), Jens Johansson (claviers), Jari Kainulainen (basse), Jörg Michael (batterie)
Discographie : Fright Night (1989), Twilight Time (1993), Dreamscape (1995), The Fourth Dimension (1995), Episode (1996), Visions (1997), Destiny (1998), Infinite (2000), Intermission (2001), Elements pt. I (2003), Elements pt. II (2003), Stratovarius (2005), Black Diamond: The Anthology (2006), Polaris (2009), Elysium (2011), Under Flaming Winter Skies (Live in Tempere) (DVD - 2012), Nemesis (2013), Eternal (2015)
M-I Interviews du groupe : Jens Johansson et Timo Kotipelto (Juin-2005), Matias Kuplainen et Lauri Porra (Juin-2009), Jens Johansson (Juil-2012), Jens Johansson (Jan-2013), Timo Kotipelto et Jens Johansson (Juil-2015)
Crédit Photo : LudoPix.com (Retrouvez d'autres photos sur ce lien)
Metal-Impact. On vous posera sûrement souvent la question mais comment s’est passée votre séparation ?
Jens Johansson. C’est une très longue histoire mais aussi très intéressante. Très souvent, quand tu fais des interviews, tu dois parler musique et tu n’as pas toujours grand chose à dire à part « on l’a enregistré de telle manière » ou « l’album sonne comme ci et comme ça ». Il y a tellement de choses bizarres qui se sont produites l’an dernier… ça prendrait des heures de tout raconter. En bref, l’événement tragique s’est produit l’an dernier quand nous avons réalisé que Timo Tolkki était maniaco-dépressif. Avant cela, personne dans le groupe, pas même lui, ne savait qu’il avait cette maladie mentale. Bien sûr, il agissait souvent de façon erratique et on se disait qu’il avait un sens de l’humour très particulier ou qu’il était plutôt excité. Certains mois, il nagé dans le bonheur et d’autres, il était profondément déprimé.
Le pire épisode maniaque de toute sa vie s’est produit exactement après que nous ayons signé ce contrat avec Sanctuary Records ; quand il y avait tout cet argent sur le compte bancaire. C’était une très mauvaise combinaison ; un peu comme de lâcher un gosse dans un magasin de friandises. Tu as tout de suite des projets gigantesques, toutes sortes d’impulsions très difficiles à contrôler comme le sexe, le jeu… Cela a duré six mois. Il avait exactement l’âge où se produit habituellement le pic, aux alentours de 37 ans.
Ce qu’il a fait avec le groupe, vous le savez probablement. Il a viré le chanteur, le batteur ; il voulait que sa fille rentre dans le groupe. Il cherchait un batteur féminin. Il avait tous ces projets fous qui étaient en fait impossibles à réaliser. Il avait mille idées mais aucun vrai moyen d’en réaliser aucune. La pire des choses, c’est bien sûr tout l’argent qu’il a dépensé et qui aurait dû être alloué à l’enregistrement de l’album. Il voulait monter un studio et il a donc acheté tout l’équipement. Certains ne marchaient pas, certains devaient être installés car, c’est une chose d’acheter un studio mais il faut prévoir l’air conditionné, des pièces insonorisées… tous ces détails auxquels il n’avait pas pensé. Il voulait juste tout acheter pour contrôler le monde et l’album se vendrait à des milliards d’exemplaires et il y aurait deux filles dans le groupe. Stratovarius serait complètement changé, ce serait le meilleur groupe et lui serait le plus grand producteur de tous les temps et il serait riche… Tous ces rêves de maniaques que tu peux imaginer !
D’abord, il a cherché un chanteur pour remplacer Timo mais il n’a pu trouver personne. C’était plus difficile qu’il ne l’avait prévu, comme beaucoup d’autres choses. Pareil pour le batteur. Il a donc appelé mon frère comme musicien de studio pour un temps. Le jour suivant, comme une blague, il avait mis sur le site Internet qu’il quittait Hammerfall pour se joindre à Stratovarius. Ce n’était pas son intention et il s’est dit « mais qu’est-ce qu’il fout ? de quoi il parle ? » C’était complètement dingue. Il a dû dire que c’était complètement faux, qu’il ne quittait pas Hammerfall, qu’il aurait aimait jouer avec le groupe mais pas dans ces conditions. Alors, Tolkki a appelé cette fille aux Etats-Unis pour qu’elle vienne jouer de la batterie. C’était le chaos complet. Il a finit par appeler l’ancien batteur, Jörg, comme musicien de session pour enregistrer les titres qu’il avait écrits. Il les avait probablement écrits en une semaine à peu près mais c’est toujours comme ça qu’il procède.
Et il y avait aussi beaucoup d’autres problèmes. Sa femme est partie car elle se battait constamment avec sa fille et qu’elle vivait avec ce maniaque. Mais ça, aucun des deux ne le réalisait ; elle pensait juste qu’il était complètement fou, un vrai connard. A ce moment, l’argent se réduisait et il était sur la pente descendante ; il a commencé à devenir parano et effrayé. Il ne pouvait même plus bouger ou se lever de son lit. Alors, il a appelé sa femme pour qu’elle le conduise à l’hôpital. C’est là qu’ils lui ont dit qu’il était maniaco-dépressif. Ils ne comprenaient pas qu’on ne lui ait jamais dit avant. Il a répondu qu’il avait fait des thérapies et qu’il pensait qu’il suffisait d’en parler. Les médecins pensent que c’est un putain de désastre ; il aurait dû avoir une thérapie et prendre des médicaments pendant toutes ces années. Bien sûr, personne ne l’avait réalisé.
MI. Comment avez-vous reformé le groupe ?
Jens. Ça, c’est la partie la plus difficile car, dans cette période de 6 mois, il avait créé tant de problèmes et énervé tant de monde… surtout Kotipelto ! Tu ne le croirais même pas ! Vous avez peut-être appris certaines choses sur le web mais ce que Tolkki a fait dans la presse quotidienne… Tu sais, la Finlande est un petit pays où tout le monde connaît tout le monde. Il suffit de passer un coup de fil aux journaux à scandale et dire « je veux faire une déclaration sur Kotipelto, ce trou du *** de merde ». Le lendemain, tu bois ton café et tu découvres dans le journal que Tolkki a dit que tu étais un parfait enc***. Il a dit des choses très méchantes. Cela a été très dur pour Kotipelto de lui pardonner mais il a réalisé que Tolkki était malade et que ce n’était pas simplement parce que c’était un connard. Quand tu es très en colère, ce n’est pas facile de réaliser que c’est à cause de la maladie mentale… Cela lui a pris beaucoup de temps. A l’époque ce n’était même pas le pire problème. Le groupe est forcément très important pour les fans mais ses problèmes familiaux étaient pires et il avait contracté beaucoup de prêts bancaires. Le studio coûtait des sommes folles en loyers pour mettre tout son équipement. C’était un désastre complet. Tous les comptes étaient vides. Cela nous a demandé beaucoup de travail rien que pour régler tous ces problèmes et il ne pouvait même pas aider, parce qu’il était tellement mal en point qu’il restait couché. C’est essentiellement moi et Jörg qui avons pris soin de lui ; nous lui avons même prêté de l’argent. Nous avions passé un accord très tôt avec Tolkki : si nous l’aidions, si nous continuions avec le groupe, nous le ferions avec les cinq personnes qui étaient là avant cette crise. Bien sûr, il a été d’accord ; en partie parce qu’il y était obligé et en partie parce qu’il comprenait ce qu’il avait fait. Ne serait-ce qu’avec un autre chanteur, cela aurait été trop différent pour que les gens l’accepte. Le groupe n’aurait pas pu faire un autre style de musique. Il avait un temps pensé écrire pour une femme mais il ne pensait plus du tout. Maintenant ça marche bien mais ça a pris du temps.
MI. Tout est donc réglé ?
Jens. Oh, bien sûr, ça reviendra. Il y aura de nouveau des problèmes dans le futur. Mais maintenant que tout le monde sait qu’il a ça, c’est une situation tout à fait différente. Ce n’est pas la même chose que s’il te frappe et que tu penses que c’est une personne normale qui agit comme un connard. Tu sais pourquoi il fait ça et que tu as la possibilité de lui dire qu’il faut arrêter et prendre des pilules plus fortes. S’il redevient parano, il n’est plus en position de vider les comptes en banque et parier avec l’argent du groupe. Par exemple, il n’a plus le mot de passe d’accès au site Internet et il ne peut donc plus y poster ses histoires. De bien des manières, le pouvoir s’est déplacé au sein du groupe. Tout le monde s’applique à penser un peu à sa place. Par le passé, il faisait tous les projets pour le groupe. Nous lui faisions confiance, pensant que cela avait bien marchait jusque là et qu’il n’y avait pas de raisons pour que ça s’arrête. Evidemment, là, ça n’a pas marché.
MI. Donc Stratovarius continue sa carrière…
Jens. C’est notre projet. Ce que j’ai réalisé l’an dernier, c’est qu’il est bon de faire des projets mais que l’on doit être prêts à changer ses plans si quelque chose se produit. Nous sommes très souvent partis dans une direction et avons réalisé qu’il fallait faire marche arrière et procéder différemment.
MI. Merci pour ces éclaircissements. Venons-en à l’album, maintenant.
Jens. C’est assez différent de ce que nous avons fait jusqu’à présent, alors on ne sait jamais comment les gens vont réagir…
MI. L’album est simplement titré Stratovarius. C’est pour bien affirmer la reformation du groupe ?
Jens. A la base, oui. Je pense que cela a aussi à voir avec le son et le concept de l’album, qui sont plus simples. Les albums Elements étaient très élaborés. Ce sont des titres plus basiques et normaux. Il n’y a pas d’orchestre, par exemple.
[…Sur ces entrefaites, Timo Kotipelto nous rejoint, me saluant gentiment en Français…]
Jens. Le concept n’était pas vraiment conscient car Tolkki a écrit tous les morceaux quand il était dans sa phase manique.
MI. J’ai lu qu’il les avait écrits il y a assez longtemps…
Jens. Ce devait être en mars dernier. Il a écrit les paroles en fonction de ce qui avait déjà changé au sein du groupe, peut-être en partie pour expliquer aux fans. Car le public aussi pensait que c’était un connard. Il est vraiment désolé de ce qu’il a fait. Je pense que les textes sont très bons, très personnels.
MI. On a beaucoup parlé du titre sur Hitler. Vous en avez beaucoup discuté entre vous ?
Jens. Bien sûr. Le morceau s’appelait Hitler et Jörg a refusé tout net que le morceau porte ce titre. Il est Allemand et déteste évidemment Hitler. Il a été un peu punk… Quand il habitait à Berlin, il a lancé des œufs sur Ronald Reagan. C’est sûrement l’une de mes histoires préférées à son sujet. [il prend une voix rebelle] « On a occupé les locaux et Reagan était en ville. On lui a lancé des œufs ! » Et il nous a déclaré « il n’y a pas moyen que je joue dans ce putain de groupe s’il y a un morceau qui s’appelle Hitler ». Le titre ne pouvait donc pas être Hitler, car nous avions besoin d’un batteur.
Timo Kotipelto. C’est seulement un morceau à propos d’un personnage. Les média en ont fait toute une histoire mais ce n’est pas une affaire. C’est seulement un morceau à propos d’un personnage.
Jens. Tu oublies les Allemands ! Ils se sentent très coupables ; ils ne veulent pas qu’on leur rappelle.
Timo. C’est assez étrange car ici, en Finlande, nous parlons ouvertement de ces choses. Je pense que tout le monde devrait apprendre l’Histoire pour que ce genre de choses ne se reproduise plus. Je crois que c’est aussi le point de vue de Timo.
MI. Il y a beaucoup de choses surprenantes dans l’album, surtout dans la première moitié. Je pense notamment à « Maniac Dance »…
Timo. Oui, elle est un peu différente mais musicalement, quand je l’ai écoutée la première fois, j’ai eu l’impression qu’elle était quelque part entre le Black Album de Metallica et Stratovarius. Plus Metal, un riff plus simple et bien sûr, je chante de façon un peu plus agressive et pas dans des tons extrêmement hauts. C’est un peu différent mais la raison pour laquelle nous le voulions sur le single est qu’il s’agit aussi de l’un des titres les plus courts, pas comme ce « United » qui fait 7 minutes. « Back to Madness » est aussi un long morceau.
Jens. Et ce n’est pas un bon titre pour un single !
Timo. Non, ça ne marcherait pas [rires]
Jens. On voulait un titre à jouer à la radio, que les gens aillent au travail et se disent « qu’est-ce que c’est que ce truc ?! ». C’était le meilleur titre pour le single.
Timo. Je pense qu’il y a une sorte de nouveau Strato dans cet album. Mais aussi, comme tu l’as dit toi-même, il y a l’ancien Strato. C’est une combinaison. Si nous avions choisi un autre titre comme single, on en parlerait pas tant.
MI. Comme pour les Elements ?
Timo. Exactement.
MI. On vous a pas mal critiqué en disant que vous ne vous renouveliez plus.
Timo. C’est exactement pour cela que j’ai décidé de chanter sur cet album. Je m’ennuyais un peu sur certains anciens titres.. On a fait 9 ou 10 albums studio avec ce line-up.. Nous avons fait tout ce qui était possible dans le Power Metal et le Mélodique, quel que soit le nom que tu lui donnes. Il était temps de faire quelque chose d’un peu différent.
MI. Il y a en effet des surprises comme sur « Back to Madness ». Qu’est-ce que ça fait de jouer avec un chanteur d’Opéra ?
Timo. C’est bien ! C’est un de mes amis, alors… ça a été facile.
MI. Il est connu ?
Timo. En quelque sorte. Ce n’est pas le plus connu mais il a un travail régulier dans un opéra. Je crois que cela fait sept ans qu’il chante de l’Opéra et il grimpe lentement les échelons, comme on dit. Il a un travail et beaucoup de talent. Il a à peu près mon âge. Quand Timo a dit qu’il avait besoin d’un chanteur d’Opéra, j’ai tout de suite pensé à ce type. Peut-être qu’il ne savait pas quel genre de morceau il allait enregistrer. En fait, il n’a toujours pas entendu ce titre, juste le petit morceau où il chante. Mais il m’a dit « oh, c’est génial, je peux chanter sur l’album ! ».
MI. Il pourrait être surpris du résultat !
Timo. C’est possible. Peut-être que ce n’est plus mon ami en fait ! [rires] Plus sérieusement, ça colle bien car c’est sûrement l’une de ces voix que Tolkki entendait quand il avait 6 ans… Je n’aimerais pas entendre ce mec chanter dans ma tête ! [rires] C’est un très bon chanteur mais cette mélodie…
Jens. Oui, il faudrait un bouton off. Je pense aussi qu’il essayait de montrer par ce collage de voix ce que l’on ressent quand on a ces pensées chaotiques auxquelles on ne peut rien faire. Tu as juste impulsion sur impulsion et aucune façon de les contrôler. Cela doit être horrible, déprimant.
Timo. J’ai été un peu effrayé quand j’ai entendu cette chanson pour la première fois. Quand j’étais au studio, il ne m’avait jamais joué le morceau en entier avant le mixage. Je lui demandais, « est-ce que je peux écouter ce titre ». « Non ! » [rires] « OK, je n’ai pas besoin de l’entendre… » Quand il en est arrivé au mixage, je savais qu’il ne me laisserait pas l’écouter donc je n’ai rien demandé. Le mixage a pris plus d’une semaine. Il était plutôt surpris… « oh, tu ne veux pas entendre ce que donnes cet album… ? » « Non, pas encore. »
[Ici, l’orage éclate et tout le monde se ressert autour du parasol de la petite table que nous occupons dans le patio de l’hôtel. L’atmosphère est conviviale.]
MI. Voilà une interview assez particulière !
Timo. Je ressens la même chose au sujet de l’album ; c’est l’album le plus bizarre que j’ai jamais fait ! [s’adressant à Jens] J’imagine que c’est la même chose pour toi ?
Jens. C’est vrai.
MI. A un moment, on peut entendre le babillage d’un enfant. Je crois que c’est celui de Jörg ?
Timo. Oui, c’était l’idée de Timo Tolkki. Il l’a probablement enregistré par accident.
MI. Il y a aussi le discours d’un catcheur à la fin de « Back to Madness » ?
Timo. Oui, c’est aussi l’un de mes amis.
Jens. C’est un discours assez sombre, sur la partie de piano… [prenant une grosse voix] « La Mort est la solution… »
MI. Tu donnes du travail à tous tes potes en fait, Timo !
Timo. Oui. Les backings vocaux sont aussi faits par un de mes amis…
Jens. Vraiment ?
Timo. Oui, quelle surprise ! Ces types s’en chargent depuis au moins 6 albums. 2 des mecs étaient sur les albums depuis le début, quand j’ai rejoint le groupe en 93. Ce sont mes amis. Certains ont leur propre groupe aussi.
MI. Comment décririez-vous le son et l’atmosphère de cet album ?
Timo. [il prend une voix un peu grandiloquente et hautaine] C’est du nouveau Stratovarius ! Sérieusement, c’est dur à expliquer.
Jens. Certainement plus direct.
Timo. Disons qu’avant, c’était plutôt rapide maintenant c’est plutôt comme une seule explosion.
Jens. Avant, il y avait des violons ! [cela fait rire Timo] Les titres sont plus courts, c’est plus facile à écouter que les précédents albums, plus Heavy. Il n’y a plus de grands morceaux d’orchestre, ce genre de choses un peu bizarres qui étaient peut-être un peu trop pour le fan de Metal moyen. C’était trop progressif, avec des morceaux trop longs où trop de choses se passent. Cette fois, les titres ressemblent plus à quand nous avons commencé.
MI. Vous pensez continuer dans cette direction ?
Timo. Du moins, c’est dans cette direction que nous allons maintenant…
Jens. Pour la suite, qui sait ? Qui le sait jamais, d’ailleurs ?
MI. Timo, tu écris tout pour ton groupe. Pourquoi n’écris-tu toujours pas pour Strato ?
Timo. Parce que… [il a l’air gêné]
MI. Parce qu’on ne veut pas que tu écrives ?
Timo. Je ne dirais pas « on ».
MI. OK, Tolkki.
Timo. C’est ça.
Jens. Par le passé, c’était une partie du problème. On lui faisait confiance pour tout. Absolument tout ce qu’il disait. Il faisait tout depuis 1984 et on se disait qu’il avait peut-être raison… « peut-être que nous devrions essayer ça… peut-être que nous devrions jouer en maillots de bain ! » [rires] Je pense que ce ne sera plus jamais comme ça… Il ne sera plus question de maillots de bain, juste de musique. Mais qui sait ? A un certain moment, pour le dernier album, il n’avait plus envie d’écrire et il nous a dit que nous écririons le prochain.
Timo. Oui, à moi aussi il a dit que nous devrions écrire ensemble, lui et moi ; ce qui serait intéressant car Jens aussi peut composer. Ce serait différent. Mais est-ce que ce serait bon ou mauvais, ça je ne sais pas.
MI. Ce serait toujours Stratovarius !
Timo. C’est vrai… on verra bien.
Jens. Je persiste à croire que nous devrions le laisser continuer à prendre les décisions concernant la musique. J’ai fait partie de groupe qui se battaient à ce propos et c’est vraiment très ennuyeux ; ça ne marche pas ! Au bout du compte, ça n’importe pas tant que ça, c’est juste une grosse perte de temps. Je pense en fait que nous avons eu de la chance dans ce groupe de n’avoir jamais eu à nous préoccuper de ça.
[L’orage redouble, on se ressert et je me déconcentre…]
MI. OK, je suis complètement perdue dans mes questions…
Timo. C’est une chance ! Profite du moment présent… Remonte le fil de la discussion, chérie !
MI. C’est ce que je fais… Timo, tu es dans Strato depuis plus de 10 ans, tu en tires quel bilan ?
Timo. C’est une longue période de temps et je pense que nous avons accompli beaucoup. Il y a bien sûr eu ces deux dernières années qui n’ont pas été si agréables mais 90% du temps a été assez cool. Sans ce groupe, je n’aurais sûrement pas pu faire deux albums solos ; je n’aurais pas pu voyager, voir tant de pays et rencontrer tant de gens. Et je ne serais pas ici à te parler.. Tant que j’ai pu chanter, tout était bien.
MI. A propos de tes albums solo, tu as déjà écrit quelque chose pour le 3ème ?
Timo. J’ai quelques idées mais pas vraiment de morceaux, quelques bouts…
MI. Quel genre d’idées ? Est-ce que j’aurai un scoop ?
Timo. [rires] OK, je vais te dire, le premier morceau commence en La mineur… J’écris des titres, je les arrange avec le guitariste et le bassiste, Tuomas et Lauri qui sont venus jouer à Paris avec moi. Nous projetons d’aller à la maison de campagne de Tuomas dans une quinzaine de jours et voir ce qui se passe quand nous buvons et composons. En tout cas, on va boire, ça je peux le garantir !
Jens. Tu devrais faire un chant très aigu de Power Metal double basse !
Timo. [rires] Je verrai.
Jens. Avec un orchestre, ce serait cool, mec !
Timo. En tout cas, ces types feront partie du prochain album. Et tous les trois avons le sentiment que ce sera un killer album.
MI. Les deux premiers n’étaient déjà pas mal !
Timo. Ce sera encore mieux car j’ai de bons compositeurs et de bons arrangeurs. Par le passé, je faisais tout tout seul. Je n’avais pas un vrai groupe même s’il y avait un groupe qui jouait sur l’album. Pour Coldness par exemple, nous n’avons répété qu’une nuit. Maintenant, on peut faire des arrangements, répéter ensemble.
MI. Tu as trouvé un vrai line-up cette fois ?
Timo. Et bien, le problème, comme toujours, c’est le clavier ! Janne a joué sur les deux premiers (Wirman, de Children of Bodom)
Jens. Tu devrais peut-être carrément t’en passer…
Timo. Oui, c’est une option ! Heureusement pour moi que Jens était disponible l’automne dernier en Amérique du Sud et à Londres. C’est claviers, ils ont énormément de talent mais ils ont aussi leurs propres groupes…
Jens. Ce qui est bien avec moi, c’est que nous sommes dans le même groupe. Si je suis occupé avec Stratovarius, nous le sommes tous les deux.
Timo. Et l’inverse est vrai aussi. Au moins, j’aimerais continuer à travailler avec Tuomas et Lauri. C’est si facile. Ces 8 derniers mois, je crois qu’on a fait plus de 30 shows, ce qui est beaucoup pour un projet. Nous avions finalement un groupe tous ensemble. Je dois dire que j’ai été très agréablement surpris par la réaction du public, ici à Paris, quand nous avons joué à l’Elysée Montmartre [cf. Live Report de Kamelot].
MI. C’était un très bon show, c’est normal !
Timo. Mais je ne savais pas que les gens connaissaient mes chansons !
MI. J’ai adoré quand tu as lâché le micro !
Timo. Il s’est cassé !
MI. Comme je le disais dans mon compte rendu, ta réaction montrait que tu ne te prends pas pour une star… cela plait toujours au public.
Timo. Oh, c’était marrant. J’ai perdu 1.000 euros mais bon… Car c’était mon micro. En tout cas, j’ai eu beaucoup de plaisir à jouer et c’est pourquoi j’attends avec impatience de revenir en France avec Stratovarius et Hammerfall. Ca va être génial !
MI. Vous avez une longue tournée mondiale qui se prépare, en effet. Pourquoi Paris a-t-elle 2 dates ? Nous sommes les seuls…
Timo. Ce n’est pas moi qui m’occupe des réservations donc je ne connais pas la raison exacte. Mais je suppose que le producteur local a d’abord réservé un show à l’Elysée Montmartre et qu’il a pensé ensuite qu’il serait peut-être complet ; donc ils ont réservé le lendemain aussi.
Jens. En fait, je pense que c’est pour que le public voit Stratovarius sous toutes ses facettes. Le premier soir ce sera avec le bon Tolkki et le deuxième, avec le mauvais.
MI. Comme le Janus bifrons de la mythologie romaine !
Jens. Exactement ! [voir le dessin de Jens ci-dessus]
MI. Bien, la boucle est bouclée comme on dit ! Merci beaucoup pour cette interview.
Jens. On va pouvoir se reposer maintenant !
Ajouté : Jeudi 23 Juin 2005 Intervieweur : Kandra Lien en relation: Stratovarius Website Hits: 45553
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