ETHROPIA (FRA) - La Charrue à Marmoutier (06/02/10)
Groupes Présents au concert : ELECTRIC FIRE (FRA), ECHEC & MALT (FRA), FIASKRO (FRA), KHAN (FRA), Ethropia (FRA)
Date du Concert : samedi 6 février 2010
Lieu du Concert : La Charrue (Marmoutier, France)
Organisé par : Propuls’Art
Il y’a des soirs comme ça, où l’on préfèrerait être chez soi, au chaud, vautré devant la télé avec une verveine-menthe. Ce fut le cas de ce week-end de février qui m’a contraint à faire le déplacement jusqu'à Marmoutier (Bas-Rhin) pour venir assister à ce concert dont je me serais volontiers passé. Pour une fois, ce genre de critique ne s’adresse pas aux groupes qui ont joué dans la salle de La Charrue. Les prestations n’étaient certes pas exceptionnelles mais ces quelques contre-performances artistiques n’avaient rien de comparable avec la dramatique cause qui nous réunissait tous ce soir-là. Pourtant, quelqu’un m’a dit que les métalleux avaient un cœur de pierre. Il faut alors croire que l’association Propuls’Art ne compte aucun vrai métalleux parmi ses rangs ou que mon interlocuteur était une personne mal renseignée. Car c’est bien la solidarité qui a réuni cheveux longs et moins longs le samedi 6 février 2010 autour d’une scène. Solidarité pour Haïti. En effet, très marqués par la tragédie qui frappa la partie ouest de l’île Hispaniola début janvier, les membres de l’association organisèrent à la hâte un concert de charité en soutien des victimes du tremblement de terre, les fonds récoltés étant intégralement reversés à la Croix-Rouge française. Cœur de pierre qu’il disait… Ceci étant, on aurait tous préféré ne jamais à avoir à organiser ce type d’évènement…
Le mal étant fait, plutôt que de maudire jusqu’à la fin des temps les plaques tectoniques qui tapissent les fonds du Pacifique, passons à l’action ! Trois coups de téléphone, quelques mails auront suffi pour composer une affiche tout à fait honorable qui aurait même du être idyllique si les grindeux allemands de CYNICAL BASTARD, invités de dernière minute n’avaient pas renoncé à leur présence pour « problème de voix » quelques heures avant le show. Pour la première fois, j’arrive seul au rendez-vous depuis que j’ai retrouvé le chemin menant aux portes d’accès des salles de concerts. Ce qui ne m’empêchera pas d’être un des premiers sur les lieux aux alentours de 17 heures afin d’accueillir les groupes, notamment ETHROPIA, la tête d’affiche que j’ai eu la glorieuse idée à faire venir de Mulhouse pour l’occasion. C’était mon idée, en quelque sorte ma tête. Motivés comme pas deux, surprise, les gars sont déjà en place, limite prêts à en découdre alors que leur passage sur scène n’est pas envisagé avant les 2 heures du matin. Un tel enthousiasme fait plaisir à voir et involontairement, les haut-rhinois s’attirent déjà toute ma sympathie. Les patrons de l’association sont présents, Bouly dans son costume de PDG (casquette Jägermeister, veste en cuir) suivi de près par Folo dont vous lirez prochainement les contes dans ces mêmes pages. Peu à peu, les formations arrivent. ELECTRIC FIRE, FIASKRO, ECHEC & MALT et KHAN, un peu tardivement il faut l’avouer. Le contact passe bien, tant avec les musiciens qu’avec le matériel électrique. Tout ce beau monde boit, mange, s’attire les foudres de l’ingé son lors des balances et se prépare pour le show.
Avec une heure de retard (quoi ? fallait pas le dire ?), ELECTRIC FIRE monte sur scène. Et le mauvais apriori général pour cause de « balance pas sérieuse » s’estompe plutôt vite. Ce quartet originaire de Wasselone envoie du bois ! Avec à sa tête un chanteur/guitariste beau gosse et à peine pas frimeur, le combo marche sur les traces de ses idoles ; METALLICA et ne s’en cache pas. Ce n’est pas pour rien qu’on a droit à un medley de la bande à Hetfield. Le public s’amasse devant la scène, peut-être par curiosité puisque ELECTRIC FIRE donnait ici sa première représentation « officielle ». Je serais tenté de dire que ça ne se voit pas, tant les zicos avaient l’air à l’aise. Le répertoire est efficace, on sent une pointe de GRANTIG dans le riff mais ce n’est pas un hasard : même génération, même flamme dans le cœur pour les américains. Pour autant, le chant braillard est un peu barbant. Peu importe, en tant que premier de cordée, on leur demandait juste de foutre un peu d’ambiance et sur ce point, même si ELECTRIC FIRE manquait de sobriété, la mission est réussie. 7/10.
Déboule ensuite les « très sérieux » ECHEC & MALT. J’en avais entendu des vertes et des pas mûres sur ces gars qui n’ont, semble t-il, aucun mal à combiner houblon et Punk. Arborant tous un t-shirt en hommage à leurs potes de SKA’S.O.S, nos amis entament leur set avec un Punk débridé qui bouge agréablement. Je m’en voudrais presque d’adhérer à leur musique, moi qui abhorre ce genre musical et qui peine terriblement avec les formations qui évoluent dans l’esprit de « La Danse Des Canards » version Metal. Ce n’est presque pas le cas d’ECHEC & MALT. Costumés, déglingués, avec des godes scotchés aux micros, une mascotte vêtue en chope de bière taille humaine et un jeu de scène bon enfant, le quatuor épingle les politiques et rend un hommage poignant à l’heure sacrée de l’apéro. Hélas, si au début on se marre bien, force est de constater que leur set devient interminable ! Les répétitions cycliques du style me poussent à maintes reprises à m’aérer plutôt qu’à taper du pied. Les quelques bâillements qui se font entendre confirment que sans avoir débordé dans le temps imparti, la note aurait été bien meilleure pour nos amis qui malgré tout, ont donné le sourire à pas mal de monde. 6/10.
C’est maintenant autour de FIASRKO d’investir l’estrade. Et même à froid, les mots me manquent pour exprimer l’ennui total dans lequel nous a plongé un groupe qui porte à merveille son nom. Les mecs sont montés sur scène complètement raides, barbouillés de rouge à lèvre et lestés de leur fan club officiel composé de trois curieux spécimens qui semblaient bien être les seuls à vouloir festoyer sur ce Punk de garage. Courageux. Courageux comme Arthur, bassiste de MACHIAVELIS, trésorier de l’association qui a daigné tamponner le gland d’un groupie ivre-mort du sceau Propuls’Art. Bref, FIASKRO était venu avec son petit fan-club pour délivrer son Punk soporifique qui entraina les 80% de la foule au bar du restaurant ou sur le parvis de l’établissement à papoter de la situation géopolitique mondiale par un froid polaire. Dire que personne n’a adhéré à leur prestation n’est pas exagéré. Et le fait de faire succéder deux groupes de « Punk à boire » pendant plus de deux heures relève d’un vrai problème stratégique. Un vrai FIASKRO, une erreur de casting. 3/10.
Il est déjà une heure du matin, le public se fait de plus en plus rare dans la salle et c’est au tour de ceux qui s’étaient fait les plus discrets tout au long de la soirée de prendre possession de la scène : KHAN. Je suis plutôt inquiet à leur sujet car encore deux minutes avant le début de leur set, voir l’un des guitaristes courir partout dans la salle avec sa gratte apparemment en panne n’est pas forcément bon signe. Mais son retour sur l’estrade dans un déluge de larsens que cet amour d’ingé son se précipite de corriger coïncide avec un renouveau pour le public encore présent. C’est avec une intro complètement hypnotique que les alsaciens de KHAN démarrent leur show. Et putain… que c’est bon ! Mon jugement est probablement altéré par la dose massive de musique festive que j’ai du subir, mais avoir à faire à du vrai Metal, ça fait du bien. Nos amis nous envoient une déferlante de Deathcore puissant emprunt de riffs aériens à la ISIS. Je ne suis donc pas surpris de fondre pour eux. Même s’il ne reste plus qu’une trentaine de pèlerins dans la salle, le groupe donne le meilleur de lui-même, notamment Foussi, le front-man, qui saute dans tous les sens, va faire face au public mais éclipse un peu le reste des musicos. Le set est bref, mais prenant. Malheureusement, toutes les bonnes choses ont une fin. Le groupe quitte la scène, tête haute. Ils peuvent être fiers d’eux, ils ont réussi à mettre le feu à cette charrue de bois et à réveiller un public, qui semblait bien parti pour s’endormir. 8/10.
Profitant du peuple ramené par KHAN, c’est maintenant à ETHROPIA de nous montrer de quoi ils sont capables. Je transpire à grosses gouttes, dans l’espoir que ma trouvaille ne nous offre pas un ratage total. Les mulhousiens montent sur scène, légèrement crispés, pendant que l’ingénieur du son peaufine les dernières imperfections et règle les balances. Alors que se lance l’intro, on a le droit à une entrée « triomphale » de Lycan, le leader et chanteur dans un costume très soigné presque caricatural. C’est parti ! Fidèle aux compositions de leur MySpace et aux références qui y sont mentionnées, le groupe envoi morceau sur morceau dans une veine très scandinave (CHILDREN OF BODOM, KALMAH, ETERNAL TEARS OF SORROW). Et malgré leur jeune âge, il y’a incontestablement une vraie maturité et beaucoup de professionnalisme. Notamment chez Ju (batterie) et Thorn (lead guitare) qui impressionnent par leur technique irréprochable et leur dextérité. Belle présence également de Gaëtan aux claviers, malgré une position un peu en retrait par rapport à ses collègues.
Les morceaux s’enchainent et la foule (n’exagérons rien, une quarantaines de personnes) s’amasse dans la salle pour assister à leur prestation, preuve qu’avec nos amis haut-rhinois, il fait mieux vivre dedans que dehors. Les titres sont diablement efficaces et le groupe bouge pas mal. On s’amuse un peu du jeu de scène de Lycan, un peu trop cliché et théâtral et de celui du soliste qui prend la pose comme les vrais. Mais là, c’est un détail. Comment leur en vouloir devant tant de bonne volonté ? ETHROPIA donne un dernier élan de vie au public que l’on voyait doucement s’éteindre. Même si ceux-ci semblaient trop fatigués pour pogoter et headbanger, on pouvait les voir absorbés par les compositions et la présence scénique des zicos, dégustant tous ces morceaux de pur Death mélodique avec délectation. Le son plutôt moyen ne semble même inquiéter personne. Au final, le groupe à assuré et les titres proposés étaient de bonne facture. On regrettera juste peut-être la voix de Lycan, qui manque de justesse et qui part un peu dans tous les sens, notamment dans une veine Black underground mal approprié. Mais avec l’expérience, je n’ai aucune crainte pour ce sympathique personnage. J’ai d’ailleurs pris rendez-vous le 13 mars 2010 avec le combo au Stunt-Area d’Illkirch-Graffenstaden (67) pour y valider mes impressions en compagnie d’APOCRYPHE et d’EDICIUS. 7/10.
Pour cette soirée, Propuls’Art aura tout de même réussi à faire venir près d’une centaine de personnes ! Mais hélas, les quelques problèmes de timing, le fait que CYNICAL BASTARD se soit désisté en dernière minute et un mélange de styles trop important aura eu le dessus sur le public. Cette soirée gardera donc un gout amer, puisque même si pas mal de monde à fait le déplacement, la plupart aura passé la majeure partie de son temps au bar, au baby-foot ou dehors, dans un épais nuage de goudron. Pour le moins, j’ai envie de dire que l’essentiel était ailleurs ce soir. Nos pensées sont allées au peuple haïtien et notre cher président, Bouly alias « micro-penis », pourra tout de même aller signer un gros chèque à la Croix-Rouge, ce qui demeurait tout de même le but de cette soirée, organisée à la va-vite. Reste à espérer que l’acte 2 de notre vague de concerts de charité pour Haïti qui aura lieu le 20 février 2010 dans ces mêmes locaux, avec cette fois des formations de Pop et de Rock, aura davantage de succès auprès d’un public toujours assez exigeant.
P.S : avant de boucler la boucle, je remercie au nom de Propuls’Art les groupes présents ce soir ainsi que le public qui a fait le déplacement. Merci à la direction de La Charrue (et particulièrement à Jacky pour son soutien et sa gentillesse). Merci à l’ingénieur du son qui a fait un boulot remarquable et qui n’a pas hésité à ramener du matériel. Pour finir et à titre personnel, un grand merci à Folo qui m’a considérablement aidé dans la rédaction de ce live-report en y apportant un regard juste et professionnel.
Ajouté : Jeudi 18 Février 2010 Live Reporteur : Stef. Score : Lien en relation: Ethropia website Hits: 29000
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