Il faut remonter jusqu’à 1992 pour voir SKINLESS exploser sur la scène Metal. Malgré de nombreux changements de line-up, le noyau dur du combo américain originaire de New York est presque toujours resté le même, à savoir Noah Carpenter (guitares) et Sherwood Webber derrière le mick (parti en 2005) et ce depuis 1994. Les quatre dépecés avaient déjà conquis le milieu du Death Grind avec des albums savoureux comme Foreshadowing Our Demise en 2001 ou plus récemment From Sacrifice to Survival en 2003. Quatrième album (mais troisième au sein du label Relapse Records), SKINLESS nous ressert un plat que l’on connaît déjà par avance : Trample The Weak, Hurdle The Dead, que l’on pourrait traduire par quelque chose comme «Piétiner les faibles, sauter par-dessus les morts». Quelle bonne morale ! C’est Georges W Bush qui doit se frotter les mains avec ce genre de discours à prendre au dix-septième degré ! Et bien, comme à son habitude, Noah Carpenter et son équipe nous ont concocté de bons grooves colossaux, aux percussions chaotiques, aux riffs ravageurs et aux attaques vocales dantesques. En somme, tout est réuni pour vous tordre la nuque et vous déboîter le crâne. De quoi vous ramoner les conduits auditifs avec une instrumentation féroce et belliqueuse! Les rythmiques pilonnées au marteau piqueur ne sont pas faites pour laisser du répit à l’auditeur, bien au contraire. Peu de personnes resteront indemnes de ce Trample The Weak & Hurdle The Dead. Les plus faibles passeront à la casserole, les plus endurcis seront cuits à la cocotte minute plus tard. Le but affiché et avoué de SKINLESS est de contaminer la plus grande masse de son Brutal Death Grind.
Trop de parlotte là, plongez la tête dans l’acide citrique de riffs régis au plutonium du titre d’ouverture «Overload», très bon départ et signal de guerre totale. Visiblement, SKINLESS a envie d’en découdre. La guerre c’est super cool qu’ils disent.. «A Unilateral Disgust» ne ramènera pas SKINLESS sur le chemin de la compassion. La reddition ou la mort ? La mort, selon les règles bestiales de SKINLESS. La technicité des musiciens permet de varier la brutalité en de mutiples combinaisons de riffs, de rythmiques et de breaks. Un bon début écrasant. Comme le stipule les américains par la suite avec la piste n°3, aucune déviation ne sera tolérée. Vu ce qu’ils font de leurs instruments, on les écoute volontiers, la tête dans le lance-flammes, on file droit comme des i. SKINLESS c’est la «guerre totale». Arrive enfin le tant attendu «Trample The Weak Hurdle The Dead» et sa porcinet attitude. Pas le temps de s’acclimater à une atmosphère dépourvue d’oxygène, on tombe directement dans l’enfer du napalm. L’apocalypse faite matière musicale. Quelle plus belle démonstration que « Spoils of The Sycophant», du Brutal Death Grind schizophrène et martial. Ca blaste, ca cogne, ca crie, ca gémit… une douleur infernale dans la cité ravagée de SKINLESS. L’extermination bat son plein avec «Endvisioned» tandis que «Execution of Reason» viendra clore le débat une bonne fois pour toute. Les quatre zombies dépecés nous ont gazé, point final.
La production massive hyper dense, murs en bétons armés de guitares, coffrages de plans de batterie démolisseurs font en sorte de nous en mettre plein les mirettes et de nous ensabler les feuilles. Fugace hic, la reprise de BLACK SABBATH «Wicked World» qui n’est pas vraiment un des meilleurs titres du combo de Birmingham. Léger dommage collatéral. Une petite perte de rien du tout…
Les quatre exterminateurs d’outre Atlantique offre un véritable album de guerre. Une demi-heure de Total Brutal Metal. En outre, l’artwork et le propos font irrémédiablement penser à SODOM. La contamination a commencée. Bienvenue dans une nouvelle ère !