Cinquième album (si l’on exclut le live) en 16 ans de carrière. Autant dire que MONSTROSITY ne nous noie pas sous un flot de productions plus ou moins inspirées, de singles et autres sorties à visée mercantile. Pourtant, malgré son patronyme, MONSTROSITY n’est pas un mastodonte, lent à se déplacer, évoluant dans un Death pachydermique, mais bien plutôt un monstre de talent. A l’écoute de ce Spiritual Apocalypse, je n’ai pu m’empêcher de penser – peut-être à tort, à vous de juger – que MONSTROSITY était sans doute la formation la plus suédoise de la Bay Area… Il règne en effet dans ce Spiritual Apocalypse un vrai feeling Thrash qui agite les eaux déjà tumultueuses d’un Brutal Death de haute volée. Ici un solo nous rappelle la dextérité d’un THEORY IN PRACTICE (« Spiritual Apocalypse »), là une intro nous met la tête à l’envers comme savait si bien le faire THE CROWN (« Firestorm »).
Les blast beats sont légions, furieux – on frôle parfois le Grind (« The Inhuman Race ») –, mais ce que l’on retiendra surtout de cet album, c’est la richesse de ses compos, avec des breaks et un groove particulièrement dévastateurs (« Within Divisions Of Darkness », « Apostles Of The Endless Night », « Remnants Of Divination »). Le nouveau chanteur, Mike Hrubovcak, que les amateurs de VILE et DIVINE RAPTURE connaissent déjà, contribue grandement à la diversité de l’ensemble, avec des vocaux essentiellement growliens mais sachant aussi se montrer plus éraillés (« Apostles Of The Endless Night », « Remnants Of Division », « Sacred Oblivion »). Que dire du batteur Lee Harrison si ce n’est qu’il est tout simplement impérial (« The Inhuman Race », « Triumph In Black ») ? ou encore de ces solos, nets et précis (« Spiritual Apocalypse », « The Inhuman Race ») ? Les Américains bénéficient en outre d’une production Morrisound Studio qui, en termes de Death, est loin d’être novice (faut-il d’ailleurs voir la patte Morrisound dans certaines tonalités de guitares qui ne sont pas sans rappeler MORBID ANGEL ?).
Après un court interlude instrumental assez inattendu, « Illumination », on perçoit un léger essoufflement mais c’est sans compter sur un final, « Triumph In Black », tout simplement magistral.
Tout aficionado de Brutal Death Technique se doit de posséder ce Spiritual Apocalypse, quitte à mettre un album de MORBID ANGEL au placard pour lui faire de la place…