Les maîtres de la brutalité de l’autre côté de la frontière nordiste sont de retour en ce début d’année 2007 pour dévoiler à la face du monde leur cinquième quart de viande fraîche en provenance d’une boucherie belge: l’explicite Slaughter & Apparatus : A Methodical Overture. Formé en 1995 par le chanteur Sven de Caluwe, les Belges ont depuis largement fait leurs preuves tant sur album que sur scène tels les opus Goremaggedon ou The Archaic Abattoir qui ont remporté les suffrages de la critique et des fans. Leurs chansons ont pour principal sujet la mort et la violence, en utilisant un vocabulaire bien souvent médical, à l’image d’un CARCASS. Le groupe a toujours conservé ses racines Death mais dans le même temps, ABORTED n’a jamais eu peur d’expérimenter de nouvelles sonorités. Si comme d’habitude, les musiciens présentent à chaque fois leur dernier enregistrement comme le plus mature et le plus abouti, la technicité de haut vol distillée par le quintet procure des mélodies et des rythmiques sophistiquées.
Leur Death Brutal raffiné aux tempi souvent mid tempos fait de ce Slaughter & Apparatus un album plus condensé, avec des structures plus travaillées et lourdes au groove marquant et entraînant. Ces scientifiques du Brutal Death belge savent à même de concocter des riffs ciselés et tranchants pendant que les vocaux de Sven toujours plus caverneux contrastent avec ceux des guests stars conviés sur cet album, ni plus ni moins que Jeff Walker (ex CARCASS) qui fait une apparition sur les morceaux « A Methodical Overture » et « Odious Emanation » ou Jacob Bredahl de HATESPHERE apportant de la fraîcheur et une autre dimension vocale. Disque enregistré au Danemark à l’Antfarm Studio avec l’omnipotent Tue Madsen que l’on ne présente plus. Dès le titre d’ouverture « The Chondrin Enigma », on sait pertinemment que le massacre va être de rigueur. Rempart de guitares, plans de batterie frénétiques et nucléaires. ABORTED sert sa recette du Brutal Death conquérant et dévastateur. Les titres sont à la hauteur des expectatives, les rythmiques font mouches. Un déluge d’agressivité maîtrisée et contenue, tel que le démontre de superbes morceaux comme « Avenious » ou les massifs titres du milieu de l’album « And Carnage Basked In Its Ebullience » et l’explosif « The Foul Nucleus Of Resurrection ».
De plus, les soli y sont particulièrement soignés, l’ajout de synthés sur certains titres habille les morceaux d’une ambiance pesante. Comme à son habitude, Sven éructe magistralement derrière son micro et propose des grandes modulations vocales. En revanche, des titres plus quelconques et insipides comme « The Spaying Seance » ou « Ingenuity in Genocide » qui ne s’axe que sur une débauche de balstsbeats et riffs incisifs. Certainement les titres les plus faibles si on peut dire çà d’un tel album. Tout y est trop calculé, prévisible. On y décèle moins ce grain de folie que sur les précédentes éditions. C’est carré, le son est énorme, tout est remarquablement en place et soigné et pourtant on ne peut s’empêcher de se dire qu’il manque quelque chose à cet album. Trop calibré, il n’en demeure pas moins qu’il s’agit là d’un très bon album de Brutal Death. Le visuel se veut toujours des plus adéquats avec ce corps en décomposition que l’on imagine aisément bouffé par des éristales, repoussant et rentre dedans. ABORTED ne signe pas son meilleur opus mais continue sur sa lancée et semble avec cet opus plus abordable pour acquérir plus de fans et élargir son audimat.