MANIGANCE (FRA) - Didier Delsaux (Fév-2005)
Après 10 ans d’existence et 3 albums studio, dont le dernier, D’Un Autre Sang, a reçu un accueil plus que chaleureux, notre petit groupe français qui monte sort enfin un album live. Enregistré lors de leur concert à l’Elysée Montmartre du 17 février 2004, cet album offre un bel aperçu de la carrière de nos amis de Pau et ne manquera pas de ravir les fans. Petite conversation avec Didier Delsaux.
Discographie : Signe de Vie (1997 / remaster, 2003), Ange ou Démon (2002), D'un Autre Sang (2004), Mémoires... Live (2005), l'ombre et La Lumière (2006), Récidive (2011), Volte-Face (2014)
M-I Interviews du groupe : Didier Delsaux (Fév-2005), François Merle (Fév-2015)
Crédit Photo : Ludopix.com
Metal-Impact. Une question qu’on vous posera sûrement 100 fois, mais tant pis, j’y vais quand même : pourquoi un live ?
Didier Delsaux. Tout d’abord, merci à toi pour cette interview ! Bon, pour répondre à ta question, il faut savoir que Manigance s’est formé en 1995, et a donc déjà 10 ans d’existence. De plus, on a maintenant trois albums studio, sans compter la réédition de « Signe De Vie », donc de nombreux morceaux à jouer sur scène, et on commence à avoir pas mal de tournées, de concerts et de festivals à notre actif ! De plus, vue la réaction du public lors de nos prestations scéniques, on s’est dit que c’était le moment pour lui, comme pour nous, d’immortaliser cette soirée dans la prestigieuse salle de l’Elysée Montmartre. Et puis, c’est vrai que tous les groupes n’ont pas la chance ou l’opportunité de sortir un album live, c’est pourquoi on n’a pas hésité à saisir cette occasion !
MI. Tu penses que cela vous permet de faire un point, prendre un peu de recul par rapport à vos compositions, au chemin parcouru ?
Didier. Non, je ne pense pas que ce soit la raison. Certes, un album live est une étape importante dans la vie d’un groupe, mais dans Manigance, nous n’avons pas le temps de nous retourner et de prendre du recul par rapport à notre chemin parcouru, vu la cadence à laquelle s’enchaînent nos phases de composition et nos tournées . Depuis notre signature chez NTS, puis Replica, ainsi qu’Avalon au Japon, les choses vont très vite et nous nous concentrons actuellement sur l’écriture de notre prochain album…le live quant à lui fait déjà partie de notre discographie.
MI. Qu’attendez-vous de cet album ?
Didier. Ce live nous permet de proposer aux gens qui nous apprécient, une sorte de medley « best-off » de certains titres d’Ange Ou Démon et de D’Un Autre Sang réunis sur la même galette. C’est aussi un moyen de les faire patienter avant la sortie prochaine de notre nouvel album.
MI. Tous les titres sont tirés du concert du 17 février 2004 à Paris sauf un. Pourquoi cette exception et n’avez-vous pas hésité avant d’en quelque sorte « rompre » l’unité ?
Didier. On avait dès le départ prévu d’enregistrer les deux concerts de l’Elysée Montmartre et de la Laiterie, afin d’en faire un mixe des meilleurs titres. Mais après écoute, on s’est aperçu que le concert parisien sonnait mieux que celui de Strasbourg, d’une part par la qualité de son de la salle de l’Elysée, mais aussi la fraîcheur des musiciens qui avaient eu un day-off la veille…on a donc décidé de garder l’intégrale de l’Elysée Montmartre. « Dernier Hommage » ne faisait pas partie de la set-list parisienne, mais comme on avait vraiment envie de faire figurer ce morceau sur le live, on l’a intercalé au milieu du show parisien sans avoir la sensation de « rompre l’unité » du concert.
MI. Comment réussit-on à percer quand on est un groupe de Metal de Pau ?
Didier. Il faut d’abord galérer avec les moyens du bord provinciaux, à savoir profiter de jouer dans toutes sortes de festivals ou concerts, Metal ou autres, afin de faire parler du groupe. Il faut ensuite faire des concessions pour s’équiper de matériel studio capable de concurrencer les productions étrangères…puis il faut, comme tous les groupes, auto-produire ses maquettes avant d’avoir la chance de rencontrer des gens qui ont les moyens de porter le groupe de plus en plus haut…je te raconte là notre propre expérience avec Manigance, car c’est ainsi que les choses se sont déroulées pour nous.
MI. Après 3 albums, as-tu le sentiment que les choses sont plus faciles pour Manigance ?
Didier. Aujourd’hui, les choses sont plus faciles pour nous, car nous bénéficions d’une structure, d’un label et d’un tourneur qui nous facilitent les démarches concernant le business du groupe. De plus, après ces trois albums, notre notoriété n’a cessé de grandir, et aujourd’hui, on sait qu’on a un public qui apprécie notre style et nos compos.
MI. Musicalement, comment ont évolué vos compositions depuis la formation du groupe ? Et vos textes ?
Didier. Je pense qu’on joue beaucoup plus ensemble, et la scène n’est pas étrangère à tout ça…un groupe met du temps avant de se « connaître » et notre expérience studio et scénique nous permet de savoir comment faire sonner les arrangements au mieux sur nos compos. Au niveau des textes, mon inspiration reste toujours la même, je m’inspire en général de l’humanité telle qu’elle apparaît à mes yeux aujourd’hui, avec ses défauts, ses erreurs, mais aussi ses qualités…c’est un peu par rapport à tout ça que je base mon écriture.
MI. Quel effet ça fait d’avoir du succès à l’étranger pour un groupe français avec un chant en français ?
Didier. Le succès à l’étranger, à l’heure actuelle pour Manigance, correspond au Japon. Ecoutes, au début ça fait vraiment bizarre de savoir que tes albums se vendent bien dans des pays où le français n’est pas parlé…mais je ne te cacherais pas que cette sensation est très agréable, et quand D’Un Autre Sang s’est classé septième dans les charts de Burrn !, on a vraiment fêté ça comme il fallait. C’est aussi rassurant pour nous de vendre à l’étranger car ça nous prouve que d’autres pays sont intéressés par le chant en français, et que toutes les portes sont ouvertes !
MI. Vous revendiquez la nationalité française. Est-ce pour vous un avantage ou un inconvénient à l’étranger (ou peut-être un peu des deux) ? Que vous dit-on à l’étranger du fait que vous chantiez en français ?
Didier. Dans certains pays , c’est un avantage, dans d’autres plutôt un inconvénient…certains nous conseillent de privilégier l’anglais pour nous exporter plus facilement, d’autres pensent que l’on doit enfoncer le clou en continuant à chanter dans la langue de Molières. Nous avons nos convictions qui correspondent à la deuxième solution, et personnellement, je ferais tout pour continuer à m’exprimer dans ma langue maternelle !
MI. Vos textes résolument français sont maintenant une sorte de signature. Vous avez à une époque évoqué l’idée de textes en anglais. Y pensez-vous toujours et comment penses-tu que les fans réagiraient (en France comme à l’étranger) ?
Didier. Comme tu dis, notre style et la signature de Manigance, c’est du Metal moderne chanté en français, et c’est je pense ce qui fait notre originalité et notre force. Il n’est donc plus question de versions anglaises de nos titres, vue qu’en plus, les japonais sont friands de cette connotation exotique qu’a notre langage à leurs yeux, et qui a fait là-bas notre « succès ». L’anglais serait je pense mal perçu par nos fans et nous pénaliserait en nous noyant dans la masse des combos anglophones.
MI. Vous abordez dans vos textes des sujets qui vous touchent. Une petite exclu sur les thèmes de votre prochain album ?
Didier. Les textes du prochain album seront, comme à l’accoutumé, résolument humains et ils s’orienteront peut-être plus vers ce désir et cette quête d’immortalité que ressent consciemment où non l’être humain…ou encore sur l’idée que, malgré tous les drames et toutes les misères de l’homme au sein de la société, la vie et le fait d’être vivant restent un privilège…Ce seront en gros les thèmes de mon inspiration sur ce nouvel opus qui sonnera de toute façon « Manigance ».
MI. Selon toi, qu’est-ce qui fait l’originalité de Manigance (à part les textes français) ?
Didier. Peut-être les arrangements et la manière dont les vocaux en français sont placés par rapport à la musique…mais outre une certaine originalité technique, je crois que c’est le coté humain et la longévité du groupe qui font son originalité ! Tu sais, voilà presque dix ans, on était tous les six en train de monter des répertoires de reprises à jouer dans les bars, et à balancer nos premiers riffs sur Signe De Vie…on est resté une bande de potes soudés, ce qui nous donne une force supplémentaire et un coté original au sein d’un monde musical où les groupes se font et se défont si vite.
MI. Pourquoi rééditez-vous vos premiers albums ?
Didier. On les réédite simplement par ce qu’on a changé de label, puisqu’on est passé de NTS chez Replica, et commercialement, nous sommes dépendants du nouveau label.
MI. Qu’est-ce qui va changer par rapport à leur première sortie dans les bacs ?
Didier. C’est juste le prix qui va changer par rapport à leur première sortie, puisque celui-ci est revu à la baisse pour les trois albums !
MI. Qu’est-ce que tu préfères : composer, enregistrer en studio ou jouer sur scène ?
Didier. Personnellement, et je peux m’avancer pour tout le groupe, le plus excitant est bien évidemment la scène…c’est le moment où tu rencontre les gens qui t’écoutent et te soutiennent et la communion est fabuleuse…mais le travail de composition et d’enregistrement sont aussi deux choses passionnantes, mais beaucoup plus longues et moins intenses.
MI. Comment vous préparez-vous à une tournée / un concert ?
Didier. On monte un répertoire et on le répète pendant quelques semaines avant la tournée, et lorsqu’il est bien rodé, on est prêt à le jouer sur scène. Le plus dur est de trouver un terrain d’entente sur le choix des morceaux, car les préférences diffèrent parfois !
MI. Vous avez des petits rituels avant de monter sur scène ?
Didier. Pas de rituel particulier.. ah oui, François embrasse le crâne de Bruno, dans le style d’un Laurent Blanc / Barthez…mais c’est juste pour rigoler…quelques fois, on transpire un peu lorsque le concert et l’enjeu sont importants, comme par exemple sur une première de Stratovarius. Mais sinon, rien de particulier !
MI. Quel est ton meilleur souvenir de concert ? Et le pire ?
Didier. Le meilleur souvenir de concert du groupe reste la dernière date de la tournée avec Adagio et Malédiction…On a bien déliré sur scène ce jour-là avec les deux autres groupes, et ça concluait une tournée où l’ambiance était vraiment très bonne.. je n’ose même pas te parler du retour dans le tour-bus sur Paris, mais on est des gars du Sud et on aime bien faire la fête !
Le pire, une extinction de voix due à une grosse crève sur un concert strasbourgeois…mais je ne préfère pas m’en rappeler !
MI. Que penses-tu de la scène Metal française (en termes de groupes comme de public) ?
Didier. La scène Metal française va de mieux en mieux, on a pu s’en rendre compte sur notre dernière tournée qui fut un succès…Bien sûr, il faudrait qu’encore plus de groupes, sur la scène power Metal, arrivent à tirer leur épingle du jeu…mais je pense que le public est de plus en plus présent lors des concerts et festivals, et j’espère que de jeunes « loups » feront leur apparition très vite pour faire encore plus bouger tout ça !
MI. Pourquoi penses-tu que le Metal soit boudé par les grands médias nationaux, contrairement à nombre de nos voisins ?
Didier. Je ne sais pas, c’est une question d’éducation…les grands médias préfèrent miser sur la variété où les « nouvelles stars » qui ne durent pas mais rapportent de gros paquets ponctuellement…je crois qu’on a signé dans un pays où nous, les Metalleux, resterons d’éternels moutons noirs, mais ce n’est finalement pas plus mal, car on garde ainsi toute notre intégrité et le sentiment de faire quelque chose de vraiment concret !
MI. Quels sont vos projets pour 2005 ?
Didier. Le nouvel album à venir chez Replica en Octobre 2005, quelques concerts ou festivals durant l’été, et une véritable tournée à la fin de l’année.
MI. Je te laisse conclure en te remerciant pour cette interview…
Didier. Encore une fois, merci à toi pour cette interview ! Merci à tous ceux qui nous soutiennent depuis le début, ainsi qu’à ceux qui nous laissent des messages d’encouragement sur le site ! On se retrouve bientôt sur vos platines et sur la tournée qui suivra la sortie de notre prochain album…longue vie à Metal Impact !
Ajouté : Jeudi 17 Mars 2005 Intervieweur : Kandra Lien en relation: Manigance Website Hits: 25174
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