OVERKILL (USA) - Bobby "Blitz" Ellsworth (Mars-2005)
En préambule, je préfère prévenir les aimables lecteurs que, en raison de circonstances indépendantes de ma volonté (ma $# !* d’enregistreur m’ayant traîtreusement lâchée), cette interview ne sera pas retranscrite intégralement mais se présentera sous la forme d’un compte-rendu émaillé des citations de Bobby Ellsworth.
Line-up : Bobby Ellsworth (chant), Dave Linsk (guitare), Derek Tailer (guitare), D.D. Verni (basse), Tim Mallare (batterie)
Discographie : Feel the Fire (1985), Taking Over (1987), Under the Influence (1988), Years of Decay (1989), F**k You (1990), Horrorscope (1991), I Hear Black (1993), W.F.O (1994), Wrecking Your Neck: Live (1995), The Killing Kind (1996), From The Underground & Below (1997), Necroshine (1999), Coverkill (1999), Bloodletting (2000), Wrecking Everything...Live (2002), RELIXIV (2005)
C’est confortablement installé dans le bureau de sa maison du New Jersey, devant une tasse de café fumant et entouré de ses deux chiens que Bobby Ellsworth a eu la gentillesse de répondre à mes questions. Nos petits gars du New Jersey nous reviennent en effet cette année avec un 14ème album studio intitulé « RELIXIV » (prononcer RELIX et 14). Il s’agit en effet d’un petit jeu de mot, « relix » se prononçant en anglais comme « reliques » ; c’est-à-dire, ce qui reste du corps d’un saint conservé dans un but de vénération ou, au sens familier, un vieil objet sans valeur ; voilà pour la minute culturelle. « C’est quand même notre quatorzième album ! Mais il ne s’agit pas de reliques sans valeur, bien sûr ! Même si certains nous croient morts… Cela fait tellement longtemps maintenant que nous existons que nous faisons figure de reliques du Metal. Alors ce titre est un clin d’œil ; ça nous a fait rire ».
En effet, cela fait longtemps que le groupe de Thrash/Heavy Metal américain existe. Overkill fête cette année ses vingt ans de carrière, Feel the Fire étant sorti en 1985. Mais pas de projet particulier en vue de célébrer l’évènement, mis à part 2 concerts un peu spéciaux où ils interprèteront leur tout premier album. Ces évènements auront lieu, l’un en Europe, l’autre aux Etats-Unis, et seront filmés. Hormis cela, 2005 sera consacrée à la promotion de l’album et aux concerts, avec quelques plages de repos. « Je crois que pour notre 20ème anniversaire, je vais surtout tout faire pour arriver au 21ème. Cela a toujours été notre philosophie de « cueillir le jour », profiter au maximum. Pour qu’un groupe continue à vivre, il est nécessaire de ne pas changer de philosophie ».
Et ce mot, philosophie, revient régulièrement dans la bouche de Blitz. « C’est vrai qu’en vingt ans, nous nous sommes forgés une ligne de conduite, une sorte de philosophie à nous ». Pour lui, la progression du groupe au cours de sa carrière a été un « processus naturel ». Ils faisaient partie des tous premiers groupes de Thrash qui ont commencé au milieu des années 80 et ont rapidement connu le succès. « Mais nous sommes toujours restés fidèles à nous-mêmes et c’est comme ça que nous avons pu traverser ce grand désert des années 90 ». Bien sûr, Overkill a connu quelques changements de line-up mais pour Bobby, le changement est une chose nécessaire, « même si, de l’extérieur, nous pouvons sembler ne pas avoir changé ». Voilà la clé de leur stabilité. « Je pense qu’Overkill est un groupe unique de par ses principes, sa philosophie. C’est grâce à cela que nous existons depuis si longtemps et que nous n’avons pas besoin d’être impliqués dans une stupide reformation du groupe, quand le Thrash revient à la mode. » Et Bobby s’étend un peu sur ce sujet dont il entend apparemment trop parler pour son goût. « Sérieusement, ils étaient déjà mauvais dans les années 80, que veux-tu qui ait changé ? Honnêtement, si nous avions voulu gagner de l’argent, nous n’aurions pas mené notre carrière comme nous l’avons fait ».
Et une telle carrière représente aussi beaucoup de travail. « Nous ne pouvons pas nous contenter de partir sur une île déserte avec des top modèles et revenir avec un album, cela ne marche pas comme ça. Il faut toujours être en quête de nouvelles opportunités, d’idées nouvelles qu’il faut presser jusqu’à en obtenir le meilleur. C’est tout une procédure. Et il faut jouer dans des clubs et des festivals. » Aucune évolution forcée donc mais un long processus d’apprentissage et une philosophie qui les a menés là où ils en sont aujourd’hui. « Bien sûr, l’album que nous sortons est profondément ancré dans notre histoire mais il a, en parallèle, une valeur très contemporaine. » Et Blitz prend l’exemple de « Bats in the Belfry » et « A Pound of Flesh ». Comment deux titres si diamétralement opposés peuvent-ils coexister, non seulement sur un même album, mais côte à côte ? « Mettez ces titres en parallèle et vous comprendrez ce qu’est Overkill aujourd’hui ».
Pour ce qui est des textes, surtout inspirés de ses expériences des 16 derniers mois, l’album est essentiellement centré autour d’une idée : comment s’en sortir dans différentes situations, par exemple, dans le monde industrialisé. Mais ne cherchez pas de message derrière les paroles, ce n’est pas ce qui importe. « Je sais que c’est assez incroyable d’entendre un chanteur dire ça mais le principal, c’est le riff. Le riff de guitare est le cœur du morceau, avec la batterie qui donne le tempo pour squelette ».
La chanson qu’il a le plus hâte de jouer en live est très certainement Old School, qui renvoie à leurs racines Punk. Mais surtout ne lui demandez pas quel est son morceau préféré, ce serait comme demander à un père de choisir entre ses enfants. « Je pense que cela vient aussi du fait que j’ai mixé l’album ; je le considère d’autant plus comme un tout cohérent ». Car en effet, les membres d’Overkill ont presque tout fait sur cette album, jusqu’à la production. Et ce n’est pas uniquement pour avoir plus de liberté. « Produire, c’est un partenariat. Un producteur ne peut rien imposer. S’il me demande de chanter la chanson à l’envers, je lui dirai d’aller se faire voir ». S’ils renouvellent donc leur expérience de production d’il y a dix ans, c’est surtout pour le plaisir de tout faire, du début à la fin ; pour le fun et pour maintenir intact leur intérêt dans leur travail. Varier les plaisirs en somme.
La routine ? « J’imagine qu’une certaine routine s’est installée mais ce n’est pas une mauvaise routine ». Tout ce que fait Overkill sort de ce même bureau d’où il m’appelle ou de celui de DD Verni, avec qui il est ami depuis 25 ans. « Cette amitié à elle seule est déjà étonnante mais entretenir des relations professionnelles aussi longtemps est stupéfiant. Nous écrivons les morceaux, nous manageons le groupe… Se connaître depuis aussi longtemps nous permet d’interagir ».
La critique ? Bien sûr, c’est grâce à elle qu’un groupe peut survivre mais ils n’y prêtent pas attention au point d’en tenir compte. Libre à celui qui écoute leur musique de l’apprécier ou non. Ils font ce qu’ils aiment et ce qu’ils pensent être de la bonne musique, même si elle n’est pas révolutionnaire. « On ne peut pas prendre ça en compte, sinon on s’interroge sans cesse sur ce qu’il faut faire, tant à un niveau personnel que musical, et on n’avance pas ».
La musique ? « Quand on trouve quelque chose qu’on adore faire, on met tout en œuvre pour y arriver. Certaines personnes ont la chance de trouver ce qu’ils cherchent. Je fais partie des veinards ! »
Et où se voit-il dans vingt ans ? Et bien, en train de me parler de leur 28ème album ! Le rendez-vous est pris. See you in 2025, Bobby !
Ajouté : Vendredi 11 Mars 2005 Intervieweur : Kandra Lien en relation: Overkill Website Hits: 18770
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