A la façon de la compile Française Nouvelle Vague reprenant des standards de la Pop et de la New Wave en version Bossa Nova/Jazz, TONY NAIMA & THE BITTERS s‘inscrit dans la même veine en sortant cet album de reprises de chansons du groupe Suédois de Death Metal, les écorchés vifs de DISMEMBER. Du reste, le titre de l’opus est Dismember. Il ne pouvait donc pas être plus clair sur leurs intentions. Le chanteur et parolier Folk Suédois Tony Naima et son groupe de Folk/Rock présentent leur propre interprétation de ces titres avec la participation et l’aval des démembrés. Cette idée originale et farfelue prit forme en février 2006 lorsque Tony Naima fut invité sur scène par le groupe à jouer deux de leurs morceaux "classiques". La réaction du public ne se fit pas attendre et fut si enthousiaste que cela les bouscula et les encouragea à enregistrer un album comprenant des titres de DISMEMBER, tous choisis par le groupe lui-même et le chanteur Folk.
De ce fait, Les titres couvrent assez bien la discographie des Suédois, de Massive Killing Capacity à Hate Campaign en passant par Death Metal, Indecent & Obscene et Where The Ironcrosses Grow. TONY NAIMA & THE BITTERS Friends suggère une interprétation personnelle de la disco de DISMEMBER si bien que les titres sont agréablement modifiés et plutôt méconnaissables. Le groupe ne s’est pas contenté de reproduire les morceaux, ils les ont déstructurés pour en donner leur version en y apportant leur propre vision.
L’album débute par un de leur titre emblématique : « I Saw Them Die ». La première mouture est un chant féminin en Suédois qui aurait très bien pu figurer sur un tribute pour BJORK. La seconde version du titre à la rythmique tirée d’une composition de Georges Michael s’écoute mais sans plus car la plus convaincante des versions est sans conteste la dernière. Une rythmique apocalyptique lente suivie en plus par une face cachée de « Where The Ironcrosses Grow » version New Wave au son années 80, jouissive et remarquablement interprétée. Ensuite, « Of Fire » se présente comme un Folk Rock diablement dansant et enjoué. « In Deaths Cold Embrace » se base quant à lui sur une rythmique sudiste de redneck à contre pied aux ajouts de cuivres du plus bel effet. Pas ridicule dans plusieurs registres musicaux, Tony Naima est également capable de fournir un instrumental entièrement interprété au violon avec « Let The Napalms Rain ».
Le morceau suivant, « Crime Divine », à l’ambiance plombée et noire, se révèle ensorcelant. En revanche, le titre Folk insipide « Dreaming In Red » n’aurait pas fait tache sur un album de James Blunt.
Nonobstant, on peut cependant s’interroger sur la valeur et la pertinence de mettre le même titre trois fois (« I Saw Them Die ») dans la rondelle sous des versions altérées, certes, mais sur neuf chansons, cela fait un peu léger et bâclé. La discographie de DISMEMBER comporte suffisamment de bons titres pour que l’on ait pu voir figurer d’autres morceaux, et ce surtout lorsque l’on a à l’esprit que les membres du groupe eux-mêmes ont expressément choisi les titres avec le barde Naima.
Un album de reprises réussi car le Tony Naima’s band n’est pas tombé dans la facilité de reproduire à l’identique ces standards de DISMEMBER mais à au contraire su apporter sa touche personnelle. Rien que pour cela, que l’on aime ou pas, cela force le respect.
Un exercice de style malaisé et pas toujours commode, mais auquel le combo nordique s’est employé à tenir la dragée haute.