MEKONG DELTA (de) - The Principle Of Doubt (1989)
Label : Aaarrg Records
Sortie du Scud : 1989
Pays : Allemagne
Genre : Thrash Classico-Progressif
Type : Album
Playtime : 10 Titres - 40 Mins
Pour un groupe, il y plusieurs manières de devenir culte. Vendre des millions d’albums et accéder à un statut de légende, ou crever de faim toute sa carrière en sortant des albums impeccables (hein, KING’S X !). La deuxième solution engendre un respect total, voire un fanatisme exacerbé, mais ne remplit pas le frigo. Alors MEKONG DELTA. Je suis pratiquement sur que tous les thrashers en ont déjà entendu parler, mais que peu d’entre eux se sont penchés sur leur musique. D’autant plus que celle-ci était relativement atypique en Allemagne. MEKONG DELTA, est à la musique, ce que le PRISONNIER est à la série télé. Un O.V.N.I. Un labyrinthe. Un maelström d’idées. Alors autant dire qu’il est beaucoup plus facile de répondre « Ah ouais, MEKONG DELTA, j’connais ! » que « Il est évident que MEKONG DELTA jetait les fondements de la fusion européenne entre un thrash abscons et le néo-classique Russe du 19ème siècle ». Ben pourtant c’était ça. Des MEKONG, on connaît surtout The Music Of Erich Zann, concept album basé sur la nouvelle de H.P LOVECRAFT. C’est l’album le plus souvent cité comme référence de leur discographie. A tort. Explication.
Je suis le premier à admettre que The Principle Of Doubt est très difficile d’approche, en témoigne le premier titre, « A Question Of Trust ». Le son est très épais, la voix sous mixée, les riffs difficilement analysables, et le rythme joue à cache-cache avec nos nerfs. C’est en quelque sorte l’index ou l’on peut retrouver tout ce qui va se passer après. « The Principle Of Doubt » parait plus simple d’écoute dans les premières secondes, mais c’est un leurre, car une fois le couplet passé, le panorama se brouille, on suit plusieurs pistes à la fois, et on fini par se perdre. Alors on change de chemin, mais on se retrouve toujours sur la route principale, de plus en plus sombre.
« Once I Believed », et la voix de DOUG LEE se fait plus douce, mais telle la voix des sirènes, c’est pour mieux provoquer le naufrage, et une fois la coque brisée sur les roches, il grince, soupire, mais il est trop tard. Ainsi le refrain, batterie/voix est caractéristique d’une catastrophe annoncée. Et puis tant qu’à faire, on a perdu la carte. Et ça n’est pas « Ever Since Time Began » qui va nous aider. La basse renvoie des échos qui rebondissent sur les arbres, comme si un million de notes se révélaient simultanément, chacune croyant indiquer la bonne direction. A force de tourner en rond, on finit par tomber sur une plaine immense, ou sont réunis tous les acteurs de cette aventure. Avec une énigme à résoudre, « Curse Of Reality ». Le ton est lourd, très lourd même. Les trompettes de Jéricho surgissent de l’horizon, et le vieux sage ermite attend la réponse en proférant d’antiques menaces. Et comme celle-ci ne vient pas, il nous condamne à errer dans la « Twilight Zone ». Nous y retrouvons tous les voyageurs égarés qui n’ont pas su trouver la bonne formule. Mais à nous tous, et en terrain connu, nous nous allions aux « Shades Of Doom », qui de leurs voix séculaires, rapides et nuancées, nous entraînent dans une farandole hystérique jusqu'à « The Jester », le Dieu des opprimés. Le géant s’approche, et fait trembler le sol de son pas lourd. Sa voix très douce se mêle à la clameur du peuple qui se soulève, et qui suit ce sauveur qui brisera l’oppression. Son précieux allié, « El Colibri », virevolte gaiement au dessus d’une bataille classique gagnée d’avance, parce que baroquement mûrie dans l’ombre. Le peuple laisse échapper sa joie, en emprisonnant l’ennemi, qui sont « No Friend Of Mine ». La fête de la délivrance commence alors, les danses se font tournoyantes et légères…
C’était ça MEKONG DELTA, un pays fantastique inconnu et vierge, ou les rares personnes qui y ont mis un pied n’en sont que rarement revenus. Un monde peuplé de mystérieuses créatures, d’elfes, de monstres, agité par une musique grondante et éthérée à la fois. Mais derrière le voile de beauté se cache souvent une motivation bien plus sombre, alors faites attention, car votre prochain pas pourrait vous entraîner dans l’abîme…
Ajouté : Dimanche 29 Octobre 2006 Chroniqueur : Mortne2001 Score : Lien en relation: Mekong Delta Website Hits: 14037
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