C’est durant l’été 2003 qu’IMMORTAL décida de mettre fin à une riche carrière couronnée d’albums mythiques pour les fans de Black Metal nordique. Cependant, deux ans plus tard, Abbath, Demonaz et le batteur originel du groupe Norvégien Armagedda (batteur sur l’album Fullmoon Diabolical Mysticism) se réunirent avec le bassiste King Ov Hell (ex-GORGOROTH) et le guitariste d’ENSLAVED Arve Isdal. Ainsi, ils commencèrent à mettre en place un nouveau projet intitulé I. En avril 2006 ce nouveau quatuor rentra en studio pour enregistrer ces huit titres qui constituent le premier opus de I, Between Two Worlds. C’est Demonaz qui comme au sein d’IMMORTAL s’est chargé de l’écriture des textes. Voilà pour le groupe, peu de battages médiatiques, tout est tourné autour de leurs nouvelles compositions avoisinant les quarante minutes. Toutefois, Abbath, désormais impliqué dans I et dans son groupe de reprises BOMBERS de MOTORHEAD n’exclut pas la possibilité de ramener à la vie IMMORTAL. Mais ceci est une autre histoire.
A la première écoute, on se rend compte que I n’est pas un sous projet d’IMMORTAL. La page est pour le moment tournée. La voix d’Abbath n’est pas si éraillée et criarde (cela reste tout de même une voix typée Black), mais l’intonation de ses parties vocales est facilement reconnaissable. Celle-ci est plus profonde et émotive, elle nous fait parfois penser à celle de feu Quorthon de BATHORY période Hammerheart avec cette relative tristesse dans le timbre.
Pour ce Between Two Worlds, la quincaillerie Black a été mise de côté, les Norvégiens proposent une sorte de Heavy Thrash teinté d’émanations Black relativement minimes, mais avec ce grain de guitares rêche et sec si propre au compositeur qu’est Abbath. Des réminiscences immortelles subsistent avec certains riffs comme sur le titre « Warriors » ou sur le titre éponyme « Between Two Worlds » qui nous rappellent le passé musical des musiciens. Un des autres points positifs est le soin accordé aux soli qui jalonne l’album, comme ceux figurant dans « Beetween Two Worlds » ou « Mountains ».
Justement, en abordant ce titre mélodique, on retrouve également ses intros venues du froid, I, de part la présence des têtes pensantes que sont Abbath et Demonaz, font et parlent de ce qu’ils connaissent le mieux : le Grand Nord et ses étendues glaciales désertiques, entre conifères, fjords et monts enneigés. Les morceaux en accéléré ne sont pas en reste comme l’atteste « Battalions » ou « Cursed We Are », deux pépites de Black Thrash aux rythmiques entêtantes. Les dimensions épiques et les parties d’arpèges chères à Abbath se retrouvent sur un morceau tel que « Far Beyond The Quiet » alors que « Days of North Winds » présente une facette plus martiale et guerrière de I. La production claire aux riffs limpides, à la basse et aux rythmiques au diapason fait que le son de l’opus se rapproche grandement de celui de Sons of Northern Darkness, le dernier opus des Norvégiens version immortelle.
Un album précis, où chaque titre est identifiable, les quarante minutes défilent à une vitesse hallucinante. Plusieurs écoutes sont nécessaires pour ainsi saisir l’essence même de l’album car sous l’avalanche de lignes simplistes et facilement mémorisables, les morceaux sont plus travaillés qu’il n’y parait. Très bon pour une première fournée, ce premier opus de I tant attendu est indéniablement une réussite. L’Entre Deux Mondes, disent-ils, comme pour mieux souligner le passage d’IMMORTAL à I. Même s’ils ne jouent plus sous la dénomination IMMORTAL, ils prouvent qu’ils ne sont pas morts ! Un premier album déjà incontournable.