ANTHRAX (usa) - Scott Ian (Nov-2004)
Pour fêter dignement leurs vingt ans de carrière, les Américains d’Anthrax ont décidé de sortir un album, « The Greater of Two Evils », reprenant certains de leurs anciens titres. Choisis par les fans eux-mêmes et avec John Bush au chant, ces morceaux ont été modernisés. Il ne s’agit donc pas d’un best of, attention, c’est Scott qui le dit !
Line-up : John Bush (chant), Scott Ian (guitare), Rob Caggiano (guitare), Frank Bello (basse), Charlie Benante (batterie)
Dicographie : Fistful of Metal (1984), Armed and Dangerous (EP - 1985), Spreading the Disease (1985), Among the Living (1987), State of Euphoria (1988), Persistence of Time (1990 ), Attack of the killer B’s (1991), Sounds of white Noise (1993), The Island Years (Live – 1994), Stomp 442 (1995), Moshers 1986 – 1991 (1998), Volume 8 - The threat is real (1998), We’ve Come For You All (2003), Stomp 442 (Re-Release - 2003), Sound Of White Noise (Re-Release - 2003), Music Of Mass Destruction (DVD & CD – 2004), The Greater Of Two Evils (2004)
Metal-Impact. Comment se fait-il que vous sortiez un best of juste après un album live ?
Scott Ian. Ce n’est pas à proprement parler un best of. Nous n’avons pas joué les morceaux strictement comme les originaux ; les titres ont été complètement retravaillés avec cette fois John Bush au chant. Et tous ces morceaux ont été choisis par les fans. C’est d’ailleurs grâce à eux que nous avons eu cette idée : ils nous demandaient sans cesse quand nous réenregistrerions telle ou telle chanson. Nous avons donc voulu le faire pour les fans. En fin d’année dernière, nous leur avons proposé de voter pour les titres qu’ils aimeraient voir figurer sur cet album et, en janvier, nous sommes entrés en studio.
MI. Vous avez donc choisi de revisiter les anciens morceaux ?
Scott. Tout à fait, nous avons joué différemment et la sensation qui s’en dégage est différente. Bien sûr, comme je le disais, c’est partiellement dû à John Bush. A ce propos, tu savais que le titre de l’album vient de là ? Anthrax a eu deux chanteurs ; c’est maintenant au public de décider lequel des deux est « The Greater of Two Evils » [NDLA : le plus grand des deux maux]. C’est une sorte de plaisanterie ; nous trouvions cela amusant.
MI. Comment John Bush adapte-t-il ces chansons qui n’ont pas été écrites pour lui ?
Scott. Et bien, il en connaissait déjà un bon nombre car il les chante sur scène. Pour d’autres, par contre, il ne s’y était même jamais essayé. Il les a adaptées du mieux possible. C’est vrai que certaines montaient vraiment très haut… John a voulu garder les morceaux aussi sauvages que possible. Dans l’ensemble, je ne pense pas que cela lui ait été très difficile.
MI. Comment définirais-tu le son de cet album ?
Scott. Sauvage et direct. Tu le prends en plein visage. Tous les titres sonnent modernes, nouveaux, vivants. Pourtant, certains ont vingt ans et les faire paraître nouveaux n’est pas chose facile. Je pense aussi que le son est différent parce que nous sommes nous-mêmes différents, peut-être de meilleurs musiciens qu’à l’époque.
MI. Quel est le titre le plus proche de l’original et celui qui a le plus changé ?
Scott. La plupart des morceaux sont assez proches de l’original. « Gung-Ho » est peut-être celui qu’on a le moins touché. Quant à dire qu’un titre a réellement changé… Si tu écoutes la version originale et celle que nous avons réenregistrée, tu reconnais bien le morceau ; ce n’est pas si différent, même si beaucoup nous disent que le son de batterie n’est plus le même. Disons que « Deathrider » est la chanson que nous avons le plus modernisée. Nous en avons changé le rythme. Elle est plus lente au début, avant de reprendre sa vitesse d’origine, et les lignes de chant ont été modifiées.
MI. Cet album étant une sorte de best of, avez-vous travaillé différemment, que ce soit pendant les répétitions ou en studio ?
Scott. Oui en effet, nous avons fait les choses un peu différemment, cette fois. Au lieu d’enregistrer les différents instruments séparément –comme nous le faisons d’habitude– nous avons tous joué ensemble. Bien sûr, tous les titres étaient écrits à l’avance et nous sommes juste entrés en studio pour jouer. On s’est simplement assis et on s’est mis à jouer. On ne peut pas dire que ce soit véritablement un album studio, d’autant que nous avions invité une centaine de fans à assister aux enregistrements. Nous en étions d’autant plus excités. C’était super !
MI. Vous avez partiellement recréé un environnement live ?
Scott. Exactement.
MI. Tu penses que cet album était une étape nécessaire ? Peut-être une manière de faire un bilan pour mieux repartir après ?
Scott. Non, ce n’est pas ça. Nous avons une longue carrière derrière nous et nous célébrons le 20ème anniversaire du groupe. Nous voulions donc fêter ça en faisant quelque chose d’un peu exceptionnel pour les fans. C’est aussi un bon moyen de se souvenir d’où nous venons. Mais nous ne souhaitons en aucune façon nous démarquer de notre passé. Notre but n’est certainement pas de faire table rase et d’effacer toutes ces années. Ces titres sont des classiques sans prix ; ils nous ont accompagné tout au long de notre carrière et nous voulions plutôt les améliorer. Et puis, nous souhaitions aussi faire redécouvrir à certains fans des morceaux qu’ils ne connaissaient peut-être pas encore.
MI. Le groupe a participé au film britannique « Calendar Girls ». Comment vous êtes-vous retrouvés dans ce projet ?
Scott. En fait, moi, je n’y ai pas participé mais je crois me souvenir que c’est venu par l’agent de Frankie.
MI. Comme tu le disais, vous fêtez vos 20 ans. Comment vois-tu toutes ces années ?
Scott. Je ne m’en souviens plus !
MI. Même pas un petit peu ? [rires]
Scott. Ça a été un tel flou ! Tout est arrivé si vite ; on a tout eu en même temps. Bien sûr, je me souviens de certains moments…
MI. Beaucoup de travail, des difficultés…
Scott. Oui, du travail, des difficultés et aussi une grande détermination.
MI. Qu’est-ce qui vous fait continuer ?
Scott. Je ne sais pas. Où allons-nous après 20 ans de carrière ? En fait, il y a deux façons de voir la question : je sais où je veux aller, je ne sais pas où nous irons. Personne ne peut dire l’avenir. Je veux faire de la vraiment bonne musique, gravir les échelons pour toujours améliorer notre Métal. Et puis nous sommes très attentifs à ce que disent les fans, à ce qu’ils veulent. J’espère devenir le meilleur possible pour leur donner tout ce que je peux. Donner, c’est très important mais on ne peut pas se contenter de ça. Il faut que tu ais un retour aussi ; il faut rester à l’écoute et avoir leur feedback. Mais ce n’est pas toujours facile.
MI. Tu penses que votre style a beaucoup changé depuis vos débuts ?
Scott. Oui, quand nous avons débuté dans le métier, nous étions juste un groupe de jeunes types qui jouaient la musique qui leur plaisait. Et puis, par la suite, les media s’en sont mêlés et ils ont mis une étiquette Thrash/Speed sur cette musique originale. Nous avons progressivement gagné en popularité. A un moment, je pense, j’ai senti que nous pouvions faire mieux, passer au niveau supérieur. J’avais des idées nouvelles, j’aspirais à un nouveau son. Mais notre chanteur de l’époque ne pouvait pas s’adapter alors nous avons dû nous en séparer. A partir de ce moment, j’ai pu écrire pour atteindre un nouvel échelon dans notre musique.
MI. Quels sont maintenant les projets d’Anthrax ?
Scott. Avec notre 20ème anniversaire, nous sortons d’une tournée assez fatigante et donc, ce dont nous avons le plus besoin pour l’instant, c’est d’une pause pour pouvoir nous reposer un peu. Nous avons encore quelques concerts prévus alors, quand nous aurons repris des forces, nous pourrons nous remettre à composer pour le prochain album. Nous avons plusieurs dates prévues en Amérique du Sud et je pense que nous participerons aussi à quelques festivals en Europe l’an prochain.
MI. J’ai entendu dire que tu aimais le bon vin et la gastronomie ; la France doit être un petit paradis pour toi ?
Scott. Bien sûr, ayant des origines italiennes, j’aime bien manger et bien boire. De façon générale, j’aime avoir toujours le meilleur de ce qui se fait. J’ai toujours beaucoup apprécié de jouer en France ; le public y est formidable. J’adore la France ; c’est un pays magnifique, avec une excellente cuisine et des gens formidables, vraiment un endroit génial.
MI. A quoi ressemble une de tes journées type ?
Scott. C’est une période un petit peu bizarre pour moi. Je viens juste de déménager de New York à Chicago et je me sens un peu perdu. Ces temps-ci, je marche beaucoup pour essayer de me repérer et de retrouver ma maison sans encombre [rires]. C’est assez déroutant. Et puis j’ai recommencé à jouer de la guitare et ça, c’est vraiment génial.
MI. Je te laisse le mot de la fin en te remerciant pour cette interview.
Scott [en français]. « Vive la France ! »
Ajouté : Vendredi 26 Novembre 2004 Intervieweur : Kandra Lien en relation: Anthrax Website Hits: 21460
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