SETH (FRA) - Alsvid et Heimoth (Nov-2004)
Seth reviens avec un album "Era Decay" qui marquera sans nuls doutes un tournant dans leur carrière. Les deux membres fondateurs nous en dévoile un peu plus sur l’incorporation de deux nouveaux membres ainsi que sur leur nouvel opus…
Line-up : Cyriex (guitare), Heimoth (guitare et atmosphères), Black Messiah (chant), Alsvid (batterie), Helldryk (basse)
Dicographie : Apocalyptic Desires (1996), By Fire Power Shall Be (1997), Les Blessures De l'Ame (1998), War (2000), L'Excellence (2000), Divine X (2002), Nastivity (2003), Era Decay (2004)
Metal-Impact. En deux ans d'absence, cela à bien bougé pour vous, un nouveau label et deux nouveaux membres, peux-tu nous détailler ces nouveautés en nous donnant le pourquoi du comment ?
Alsvid. S’agissant des changements de line up, il n’y a rien de plus à expliquer sinon que c’est un des aléas de la vie d’un groupe qui lui permet parfois, comme ce fut le cas pour seth, de l’enrichir.
Notre choix s’est portée sur Black Messiah que nous comptions parmi nos amis ce qui nous a d’autant plus incité à l’auditionner. S’agissant de Cyriex, nous avions eu le loisir de faire une date avec Varacious Gangrene, son groupe d’alors, et son niveau et son professionnalisme m’ont donné l’envie de monter un groupe avec lui. En définitive, c’est dans seth que nous nous somme retrouvés ensemble.
Quant à Avantgarde, une fois le contrat d’Osmose arrivé à terme, nous nous sommes tourné vers avant-garde avec qui nous étions en contact, ni plus ni moins. Ils étaient depuis quelques temps intéressés dans la mesure où nous jouissons d’un certain succès en Italie et leurs propositions étaient motivantes.
MI. Le changement d'un chanteur dans un groupe n'est jamais évident, comment avez-vous pris cette décision et étiez-vous conscient de ce risque ?
Alsvid. Cette décision s’est imposée d’elle-même puisque nos deux chanteurs successifs nous ont lâché, le premier ayant décidé de partir deux mois avant d’enregistrer « divine x ».
Cela a au moins eu le mérite de nous rendre beaucoup plus sélectif et de recruter un chanteur présentant certaines qualités, tant humaines qu’artistiques, qui pouvaient faire défaut à ses prédécesseurs. C’est en partie ce qui est à l’origine du temps écoulé entre « divine x » et « era decay ».
MI. Ces deux membres ont-ils participé à l'évolution de Seth et donc à l'écriture de ce nouvel opus ?
Alsvid. Je pense qu’ « era decay » parle de lui-même. En effet, la cohérence de l’album est à l’image de la cohésion actuelle du groupe. Black Messiah et Cyriex ont apporté un souffle nouveau au groupe sans dénaturer sa personnalité et c’est la raison pour laquelle leur participation ne pouvait qu’être active. Si « era decay » sonne comme cela c’est également grâce à leur contribution.
MI. "Divine X" et "Era Decay" sont-ils liés dans l'évolution de Seth ?
Alsvid. Nécessairement car « divine x » est la première étape d’une orientation axée vers une musique plus aboutie et la première manifestation d’une volonté d’exploiter des éléments teintés d’electro et de death metal. « Era decay » est selon moi le premier résultat probant de cette évolution car nous avons réussi à transcender les qualités de « divine x » tout en comblant ses lacunes.
MI. Comment définirais-tu votre évolution ?
Heimoth. Comme un plaisir.
MI. Quels sont les concepts et messages d'"Era Decay" ?
Heimoth. L’âme de cet album est reflétée par la cover qui est directement issue de l’ensemble des idées que peut soulever l’album en symbolisant l’emprisonnement de l’homme, ce dernier étant représenté sous forme d’esprit errant dans un monde clos, dans un univers rendu éphémère. La pochette fait de même assez subtilement éco aux photos et aux lyrics en mettant en valeur une touche liquide où le fluide, caractère essentiel de la vie, s’infiltre jusqu’à cette entité placée au centre. Cette image n’est qu’en fait que le milieu d’un poster dépliant qui dévoile tous les autres éléments essentiels. Nous voulions volontairement changer notre approche à travers ce lay-out à fin de contraster avec nos précédentes réalisations. Nous avons abordé des thèmes bien plus vastes que ce que nous avons pu faire jusqu’ici, comme l’action paradoxale du Temps sur le physique et l’esprit humain, la suprématie ou encore des antagonismes tels que union/trahison.
MI. Comment s'est passé la collaboration avec Hans Pieters ?
Alsvid. Particulièrement bien dans la mesure où sa propre expérience, pourtant riche et variée, ne l’a jamais conduit à imposer ses choix et goûts mais à s’imprégner de nos compositions pour en tirer ce qui s’avérait le plus approprié en matière de son. Le son de « divine x » est donc à l’image de ce que nous recherchions à tout prix après l’Excellence : le son le plus propre possible.
Cela nous a donc par la suite nécessairement amené à repenser nos exigences, qui, bien comprises par Hans, ont abouti à « era decay ».
MI. Comment vois-tu le milieu underground dont vous avez longtemps fait parti et dont tu te considères peut être encore comme un fervent adhérent ?
Alsvid. Je trouve, tout d’abord cette question assez singulière dans la mesure où , depuis les blessures de l’âme, le milieu underground ne se reconnaît pas vraiment en nous (même si ce milieu considère aujourd’hui que seth s’est arrêté aux blessure de l’âme). Tout dépend, bien entendu de ta conception de l’underground. Si par là tu entends le milieu du Metal extrême, je te répondrais que je suis et reste à jamais un « fervent adhérent ». Si tu entends par là, « musique d’amateur et mal produite », je ne suis pas mécontent de ne pas y être affilié.
MI. Que représente pour toi le Black Metal ? Que penses-tu de ceux qui se revendiquent être des "true" en faisant des CD's avec des pochettes et productions crades en 6, 66 ou 666 exemplaires ?
Alsvid. Le Black Metal est, selon moi depuis quelques années dénaturé par des groupe, récents de surcroît, qui masquent leur vide créatif à travers un concept dévoyé.
Il me paraissait difficile, il y a quelques années de cela de concevoir le Black Metal comme une mode, ce qui semble être actuellement le cas.
J’ai le plus grand respect pour les groupes qui se présentent comme « true black » ou leurs adeptes dès lors que leur démarche m’apparaît sincère.
Cela n’a, je pense, rien à voir avec la qualité de la production ou le lay out mais résulte plutôt d’une ambiance qui se dégage de la conjugaison des thèmes et de la musique.
En définitive, les groupes qui ont initié le style pourraient être exclus de ce courant si l’on érigeait en critère du « true black » la médiocrité du son et de la pochette, ce qui n’en est pas l’apanage. Dès lors, true black ou pas, j’apprécie la musique de certains groupes au détriment d’autres.
MI. Quelle est pour vous la meilleure chose, composer, enregistrer ou faire des concerts ?
Alsvid. Chacune de ses options est enthousiasmante bien que le plaisir qui y soit lié soit tout à fait différent. J’aime particulièrement le studio qui est l’occasion d’une ultime débauche d’énergie pour donner à des compositions leur aspect final et peaufiner des éléments qui auraient pu nous échapper. Les concerts sont tout à fait différents car, non seulement, il n’y a aucune place pour l’erreur mais surtout parce qu’au delà du plaisir que l’on peut soi même retirer, il faut toujours avoir à l’esprit celui des personnes qui nous regardent. L’idée d’échange est beaucoup plus présente et c’est la raison pour laquelle, afin de se consacrer pleinement au concert, les conditions doivent être optimales. C’est précisément la raison pour laquelle je n’était pas, jusque là, des plus favorables aux concerts dans la mesure où des considérations techniques avaient déjà occasionnellement contribué à réduire à néant mon plaisir de la scène. Bien qu’ayant un léger penchant pour le studio et la composition, je prends plaisir à la scène.
MI. Que penses-tu des clivages au sein de la scène Metal française ?
Alsvid. Je les trouve simplement ridicules et me dit que de telles querelles de chapelles nuisent à une scène qui n’est, en définitive, qu’un amas de petites sous scènes, qui gagneraient plus à se respecter les une et les autres plutôt qu’à se dénigrer. Heureusement, toute scène compte des membres qui font mentirent cette règle et me permettent de ne pas la tenir pour absolue.
MI. Quel est ton pire et meilleur souvenir au sein de Seth ?
Heimoth. Peut-être nos premières prestations scéniques. La scène est toujours une dure expérience au début, et même si il y avait souvent beaucoup du répondant je n’avais jamais la sensation d’effectuer quelque chose de bon en live. Il aura fallu attendre une petite dizaine de prestations pour réussir à passer le cap et arriver à refléter assez bien nos compositions sur scène. Assez bizarrement cela ne s’est pas opéré lentement : un déclique a surgi du jour au lendemain et ces concerts ayant marqués un tournant pour le groupe peuvent être perçus comme de bons souvenirs.
MI. Quelle est la question à laquelle tu en as marre de répondre et quelle est celle à laquelle tu aimerais répondre (avec les réponses s'il te plaît) ?
Alsvid. Pour ce qui est de la première, puisque j’en ai assez, ne compte pas sur moi pour y répondre ce d’autant (sauf ton respect) que tu l’as déjà posée plus haut (ndlr : mais la quelle est-ce donc… je vais peut être faire un sondage !).
S’agissant de la seconde, j’aimerais qu’on me pose des questions autour de mon instrument qui m’apporte plus de satisfaction que tous les pseudo courants de pensée et autres gimmicks. La question (que l’on n’a jamais jugé intéressant de me poser dans une interview) est : quels sont tes influences ou les batteurs que tu respectes ou admires ?
Je répondrai de manière, certes peu originale : Pete Sandoval pour la double , Dave Lombardo pour les roulements, Frost pour la vitesse et l’endurance et Sean Reinert (Cynic) qui reste l’un de mes batteurs favoris pour la beauté de son jeu (ndlr : au final, tu peux me remercier d’avoir posé la question indirectement !).
Heimoth. Pour ma part, je citerais pour les questions redondantes : « Quelles sont tes influences ? ». Malheureusement, à fin de palier à mon mépris, je ne pourrais y répondre que par ironie, ce qui ne me semble pas nécessaire. Quant à la question inverse, je crois que tout comme Alsvid, elle pourrait concerner la manière avec laquelle je peux me réaliser entant que musicien à travers la composition, ou encore poser des questions plus ouvertes et bien plus larges sur l’évolution du piratage musical, ou encore sur certaines autres passions, ou films et séries récemment appréciés. Par exemple, je reste un adepte incommensurable d’une récente série américaine appelée « Six Feet Under ».
MI. Si tu as un message à faire passer, je te laisse tribune libre...
Alsvid. Juste un petit message pour ceux qui font des chroniques d’album sans être suffisamment renseignés : Bien que ma collaboration au sein d’Enthroned se soit arrêtée il y a quelques mois, j’ai, au préalable, enregistré « Xes-haereticum » cet été. J’aimerais donc que l’on rende à César ce qui est à César et que l’on n’attribue pas à mon néanmoins talentueux successeur ma prestation sur cet album.
MI. Pensez-vous déjà à votre prochain album et si oui, peux tu nous fournir quelques détails ?
Heimoth. Je crois qu’il est encore bien tôt pour se prononcer. Chaque chose en son temps. Le fait de penser déjà à l’avenir sans avoir pu encore assumer le présent, ou d’envisager un futur album au moment de la sortie d’un actuel, me semble très risqué et précipité. Le recul restera toujours une arme essentielle en ce monde intransigeant.
MI. Je te laisse conclure en te remerciant vivement de m'avoir répondu...
Alsvid. Un grand merci à toi pour tes questions…Nous repartirons sur la route prochainement pour effectuer quelques concerts à droite et à gauche…Soyez présents...
Ajouté : Mercredi 03 Novembre 2004 Intervieweur : Blasphy De Blasphèmar Lien en relation: Seth Website Hits: 24095
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